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Bande dessinée «Un long chemin jusqu'aux accords d'évian»

De l'apport historique de la Suisse

«J'insiste sur le fait que cela ne soit pas un ouvrage d'histoire officielle. Il s'agit d'un croisement de deux voix, deux regards et même s'il y a le regard de l'historien qui tend vers l'exhaustivité...»,dira l'éditrice de Barzakh, Selma Hellal.

Après la Bibliothèque nationale d'El Hamma en matinée, la librairie L'arbre à dire, sise, à Sidi Yahia, a abrité samedi après-midi une tres belle et importante rencontre autour de la présentation d'un ouvrage de bande dessinée, cosigné conjointement par la dessinatrice algérienne Bouchra Mokhtari et l'historien et universitaire suisse, Marc Perrenoud. À noter que ce travail qui a été conçu durant deux ans lors du confinement s'inscrit dans le cadre de la célébration des 60 ans des accords d'Évian et de l'indépendance de l'Algérie. Cette bande dessinée relate, en effet, de nombreux épisodes de l'histoire des négociations ayant mené aux accords d'Évian, signés le 18 mars. L'idée de cet ouvrage et de sa réalisation n'a pu se faire sans le soutien de l'ambassade suisse en Algérie en raison de l'intérêt pour cet épisode fondateur de relations bilatérales avec l'Algérie. «Il ne s'agit pas d'une vision officielle des événements par le gouvernement suisse. Le récit se base plutôt sur les Mémoires de plusieurs protagonistes ainsi qu'une sélection d'études et de documents historiques effectuée par l'historien Marc Perrnoud. Il est en outre accompagné d'une préface de Jean Mayerat, cinéaste et photographe suisse ayant épousé la cause algérienne pendant la guerre d'indépendance...», peut-on lire dans le quatrième de couverture de cet ouvrage, sorti aux Éditions Barzakh et disponible en librairie au prix de 450 da. À propos de cet ouvrage intitulé «Un long chemin jusqu'aux accords d'Evian - Souvenirs de Suisse (1960-1962)», l'ambassadeur de la Suisse en Algérie, Pierre-Yves Fux, a salué d'emblée le public indiquant que cette BD n'a pas un seul héros, mais au moins une douzaine dont les descendants sont présents parmi l'assistance.

Regards croisés entre une bédéiste et un historien
«C'était un devoir in extremis pour l'année du soixantième de l'ascension de l'Algérie à l'indépendance, mais aussi le soixantième de la déclaration officielle entre la Confédération suisse et la République d'Algérie de marquer le coup. C'est notre contribution historique. On ne le fait non pas pendant l'année du soixantième, mais pendant ses dernières minutes, en quelque sorte, avec cette bande dessinée. C'est un ouvrage historique. C'est une bande dessinée, mais ce n'est pas de l'histoire officielle, en aucune manière. C'est le regard croisé de deux personnes et qui se voient pour la première fois en vrai car tout cela a été préparé sous régime du Covid, à distance...» et d'informer qu'une deuxième rencontre autour de cet ouvrage se tiendra en début de la semaine prochaine à Oran. Monsieur. l'ambassadeur reprendra une phrase du préfacier, Jean Mayerat, en affirmant que l'ouvrage porte un «regard sur un parcours de négociations plein d'espoir et chargé par l'angoisse de la rupture, aux enjeux tragiques». Et de souligner:
«Vous verrez que chaque dessin, chaque mot a son poids. C'est une bande dessinée avec votre trait que l'on reconnaît avec sa finesse, sa sensibilité. De temps en temps on vous met des coupures de journaux, voire un rapport du Comité international de la Croix-Rouge...Il y a énormément d'informations que l'on apprend par ce livre...j'espère que vous y trouverez ou vous y retrouverez des éléments intéressants de l'histoire que nous célébrons aujourd'hui même...17h30 a eu lieu la signature et demain à midi a eu lieu la proclamation..;» À noter qu'une version arabe de cette BD sortira bientôt.

Mémoire et transmission
Et Bouchra Mokhtari de prendre la parole et de nous confier à nous aussi, en aparté: «Je suis autrice de bande dessinée plutôt comique. J'ai toujours voulu travailler sur un projet qui touche à mon pays et l'occasion s'est présentée à moi grâce à l'ambassade de Suisse qui m'a contactée. Au début, je ne savais pas si je pouvais assurer. J'ai tenté l'expérience et j'en suis fière. Je pense continuer prochainement dans ce sens. Il y a ma pate oui, mais je le fais inconsciemment, tout en gardant le côté réaliste. J'essayais de mixer entre les deux et ça a donné ce résultat. Le sujet est précis. Il s'agit de la contribution des Suisses dans les accords d'Evian. Ça raconte des faits. Il ya des dessins, mais il y a aussi des archives, des photos...Pour réaliser mes dessins, M. Marc m'a donné le scenario à lire et la documentation qu'il fallait illustrer. Il m'a expliqué ce qu'il voulait car c'est un peu compliqué. Je devais aussi bien dessiner les responsables historiques et être au plus prés de leurs visages que possible. Je citerai, notamment Ferhat Abbas, Krim Belkacem etc. On n'a pas beaucoup de photos d'eux, si ce n'est en noir et blanc. Il fallait que je reste fidèle dans la reconstitution de leurs portraits. Je voulais vraiment que cela soit ressemblant et qu'on arrive à les reconnaître.
La BD s'adresse à tout le monde. Ce n'est pas lourd en matière d'histoire, même s'il y a énormément d'informations. Il s'agit juste de mémoriser cette importante date du 18 mars.» Et Marc Perrenoud de souligner, tout de go son attachement à l'Algérie pour y avoir vécu et ce, à Oran de 1963 à 1968. Il indiquera que c'est la première fois pour lui qu'il s'attaque à une BD bien qu'il ait déjà écrit des livres historiques. «Je me suis laissé convaincre par l'ambassade car c'est une question qui concerne à la fois les Mémoires de l'Algérie en France et en Suisse. C'est une histoire complexe. Dans une BD, on ne peut pas tout restituer, mais on fait un certain nombre de choix. L'option générale de resituer le contexte dans lequel la Suisse et ses diplomates ont joué un rôle pour que l'Algérie accède à l'indépendance est un projet très stimulant.» et M. l'ambassadeur de renchérir en se référant aux dessins qui accompagnent les textes: «On a voulu exprimer la réalité historique y compris par la force de l'image...» Selma Hellal des Editions Barzakh dira, quant à elle, à propos de cet ouvrage «ce fut une aventure extrêmement stimulante». Elle avouera que ce livre fait éminemment sens pour elle. «Ce que nous défendons au sein de Barzakh, mon compagnon et moi et ce, depuis la création en 2000 c'est vraiment de donner la possibilité à des voix singulières de s'exprimer. J'insiste sur le fait que cela ne soit pas un ouvrage d'histoire officielle. Il s'agit d'un croisement de deux voix, deux regards et même s'il y a le regard de l'historien qui tend vers l'exhaustivité, c'est aussi malgré tout, un travail qui est le fruit d'une subjectivité, j'entends celle de Bouchra. Je suis émue qu'elle soit si jeune. Pour moi, il v a là, un enjeu de transmission.». Et de reprendre un passage de la préface de Jean Mayerat, qui «fait sens» en parlant de l'atmosphère presque de film noir qui règne dans cette BD, qualifiée «d' «une austérité inquiétante», traduisant le climat qui circule entre les personnages. Et de souligner ainsi ce parti pris du noir et blanc qui ajoute selon elle, de «la solennité à cette séquence historique que sont les accords d'Evian».

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