«Un village au coeur d'une tragédie», roman de Yellis N Tarihant
A la lisière du réel et de la fiction
A la lecture du roman, on se retrouve au village Tarihant où l’on a bien l’impression que les personnages ont la capacité de voyager non pas seulement dans le temps, mais surtout, de bannir la frontière entre la fiction et la réalité.
Tarihant, un village au coeur d'une tragédie est un roman où se mêle la réalité à la fiction grâce au talent narratif de son auteur qui se donne le nom de Yellis N Tarihant. Elle-même qui donne procuration à un personnage de son roman, Ali Derdar, pour laisser couler l'encre des jours aux relents d'une fiction qui a tout l'air d'une chronique. À la lecture du roman, on se retrouve au village Tarihant où l'on a bien l'impression que les personnages ont la capacité de voyager non pas seulement dans le temps, mais surtout de bannir la frontière entre la fiction et la réalité. Au début de la narration, Yellis N Tarihant nous avertit déjà qu'elle délègue la fonction de raconter les évènements à Ali Derdar.
Des personnages particuliers et une beauté du style
Ali Derdar, de son côté, ne se fait justement pas prier pour égrener, au fil des lignes et des phrases, des flashs furtifs mais pleins de sensibilité, sur le quotidien de ses personnages. Ali Derdar accepte même la mission d'aller chercher la panacée pour la guérison de l'un de personnages clé du roman de Yellis N Tarihant. Au gré de ses rencontres et avec dévouement, il va à la recherche de personnages ayant l'art de guérir en mêlant empirisme et incantations.
Un roman qui attire le lecteur
C'est là qu'il découvre ou plus précisément c'est là qu'il subtilise la mort des personnages qui ont peuplé le village. Lacloche, Ali Kaci et Fadhma Namar Kaci retrouvent la vie grâce à la magie de l'encrier. Ils reviennent pour guider Ali Derdar dans son périple à la recherche de l'huile d'oléastre et de la gelée royale. Dans ces dédalles où se laissent apercevoir des noms et des visages ressuscités, le narrateur qui s'affranchit des exigences même de son nom, Ali Derdar et de Yellis N Tarihant use d'un style ruisselant. Par la magie des mots, le chemin s'éclaire à des endroits et s'obscurcit dans nombre de coins et recoins. Une beauté du style qui nous permet, nous les lecteurs, de distinguer dans la profusion des personnages et des lieux, le fil conducteur de la narration. Justement, entre les déda les du temps qui semble inculquer des chemins sinueux à la recherche d'Ali Derdar, le narrateur nous fait découvrir des personnages qu'il a subtilisés à la mort et à l'oubli. Amirouche, le forgeron qui vénère le travail, Mani, Amar Hand Ouali ou Hadj Mouh Ourezki.Mais Thaoualits et Thahamdant détiennent un trésor de connaissances et de secrets non divulgués. Ali Derdar qui tend l'oreille attentivement décèle aussi les souffrances des gens de Tarihant meurtris par les affres de la guerre. Mais, il ne se détournera pour autant pas de sa mission d'aller à la recherche des ingrédients nécessaires à la guérrison de Yellis NTarihant, La cloche et Akli Kaci. Pas même Tassadit Derdar qui décoche un sourire complice au détour d'une furtive rencontre. Boutouj, Arezki Mohand, Thass Namar Mand Nhand, Amar Moh Bakli, Ouardia Namar Bwakli, Moh Bwakli, Fatma Ourezki, Lhadj Moh Arezki Oultache et Thamayoufth rouvrent les portes du temps pour se laisser entrevoir entre les interstices de son écoulement. Puis Fatima Namar Kaci et Ouardia Bwakli Hemou qui se dressent devant Anzar. Un dieu qui donne vie à la terre d'où coule désormais le puits des Tarihantois. Le roman, «Un village au coeur d'une tragédie» de Yellis N Tarihant, paru aux éditions Tafat, attire le lecteur dans ses profondeurs grâce à une écriture ruisselante. Le verbe croise le fer à la rigueur des mots dans une narration qui coule jusqu'aux recoins les plus reculés de l'âme humaine. Sa lecture est un plaisir intarissable tant que les mots coulent encore de la source du puits de Tarihant malgré la couleuvre qui l'habite.