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L’effet Alliot-Marie

L´absence du chef d´état-major de l´armée algérienne, le général major Mohamed Lamari, lors de la visite à Alger du ministre français de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a été très remarquée et suscité maints questionnements dans les salons feutrés des ambassades et singulièrement dans les salles de rédaction. Et pour cause! Quand partout ailleurs, une telle absence relève de la norme, -car le climat politique de la nation n´est pas estimé à l´aune des relations du pouvoir politique avec l´armée, les prérogatives de l´une et de l´autre étant bien définies et délimitées-, cela donne lieu en Algérie à des analyses et commentaires convenus. En effet, souvent, ce sont ces petits détails, insignifiants ailleurs, qui déterminent le rapport de force entre les deux pouvoirs, le politique et le militaire, et constituent dès lors, l´indice, voire la clé, de ces rapports généralement difficiles, comme ils l´ont été lors du premier mandat du président Bouteflika. Alors où est passé le général major Mohamed Lamari, militaire algérien le plus haut gradé? Limogé? En disgrâce? Malade? En vacances? Ou boude-t-il dans son coin comme le supposent d´aucuns? En fait, toutes les hypothèses sont plausibles dès lors que le déficit de communication, à ce niveau de pouvoir, rend problématique ce qui, en pratique, devait passer inaperçu car entrant dans la norme des fonctions des uns et des autres. Aussi, il n´est venu à l´idée de personne que le général major Lamari prenait, tout bonnement, quelques jours de repos, comme l´indiquait samedi le ministre d´Etat, ministre de l´Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni qui faisait office de cicérone au ministre français de la Défense, Mme Alliot-Marie. Mais le propos de M.Zerhouni venait un peu en contretemps, et loin de banaliser cette éclipse aura, a contrario, contribué à alimenter les spéculations, car cette précision venait tard et hors contexte. En réalité, dans un pays où les rôles des militaires et des politiques s´imbriquent intimement, il fallait s´attendre à de tels doutes. Aussi, il est hasardeux de dire si les annonces lâchées ici et là sont de l´information ou de l´intox tant il est aléatoire de faire la part des choses et de rendre à César ce qui lui appartient. En fait, le flou même entretenu autour des prérogatives de l´armée dans l´échiquier politique national ouvre la voie à toutes les supputations, tant il est vrai aussi, que le retrait de l´armée de la vie politique, maintes fois affirmé, ne convainc pas grand monde. Dans son discours du 5 juillet, le chef de l´Etat, M. Bouteflika, a (ré)affirmé, -en tant que chef suprême de l´armée nationale, et ministre de la Défense-, sa prépondérance sur l´armée, chose de fait conforme à ce que stipule la Constitution du pays. Aussi, cela a-t-il donné à certains d´affirmer, un peu hâtivement, que l´armée est rentrée dans ses casernes. De fait, cela n´est pas aussi évident qu´il peut paraître de prime abord. En fait, la gestion même avec laquelle est menée ce secteur stratégique de la République dément cette évaluation qui, en la circonstance, peut apparaître comme une vue de l´esprit. En réalité, l´un des invariants de la problématique algérienne, -induisant un certain dysfonctionnement des institutions-, reste l´absence d´une séparation claire des pouvoirs. Cela est encore plus vrai dès lors qu´il s´agit de l´armée et des militaires. En fait, le problème des relations qui régissent pouvoir politique-armée demeure entier, du fait même que personne ne veut prendre sur lui de couper le lien ombilical qui, sinon maintient le pouvoir politique sous la coupe des militaires, du moins entretient cette ambivalence héritée des premières années de l´indépendance et de la prépondérance prise par l´armée des frontières (ALN-EMG) sur le pouvoir politique. Aussi, il ne suffit pas de dire que l´armée est retournée dans ses casernements, -ce qui signifierait que cette ambivalence est dépassée et que des rapports universels armée-pouvoir conduisent désormais le fonctionnement de l´Etat-, ce qui reste à démontrer. Il faudrait en effet qu´une telle évolution soit perceptible et que l´obédience du pouvoir politique sur l´armée se voit. De fait, la seule manière de faire rentrer l´armée dans les rangs, de la réformer et d´en faire une armée moderne et professionnelle, -comme n´a cessé de le proclamer la hiérarchie militaire-, c´est encore sa prise en charge par un ministre civil, que celui-ci ne soit pas le chef de l´Etat, comme c´est le cas depuis l´indépendance, -à l´exception notable du bref passage à la Défense des généraux Zeroual et Nezzar au début des années 90-. En fait, tant que subsiste l´équivoque sur la place de l´armée dans le schéma des institutions républicaines, il ne fait pas de doute que son rapport au pouvoir continuera de subir une lecture «soviétique» (les communistes ayant hiérarchisé à l´extrême les rapports de pouvoir) des relations entre les différentes structures de l´Etat. C´est exactement ce qui s´est passé cette semaine lors de la visite du ministre français à Alger. Dans une situation normale, l´absence du général major Lamari, n´aurait nécessité aucune explication, et n´aurait pas focalisé l´attention s´il y avait eu à la tête de l´armée un responsable politique civil comme c´est le cas dans les démocraties. Aussi, outre un déficit de communication à bon escient, qui est certes à déplorer, c´est encore la réforme de la mentalité des gens de pouvoir qui reste à engager. En tout état de cause, il y a eu là indubitablement un effet Alliot-Marie qui avait mis en exergue l´absence du général major Lamari, occultant les enjeux que constituait la visite inédite en Algérie d´un ministre français de la Défense.

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