L’énergie pour tous les foyers
«Le Pacte pour l'avenir» des Nations unies engage l'ensemble des pays à «garantir l'accès de leur population à des services énergétiques fiables, durables, à un coût abordable» défini comme le 7e objectif de développement durable (ODD 7) à réaliser d'ici à 2030. Cet objectif vise essentiellement l'accès universel à l'électricité et l'augmentation de la part des énergies renouvelables dans le panier énergétique. La réalisation de cet objectif aurait un impact profond sur la santé et le bien-être des populations, en contribuant à les protéger contre les risques environnementaux et sociaux et en élargissant l'accès aux soins et aux services de santé primaires. Selon le rapport onusien de suivi de la mise en oeuvre de l'ODD7, 84% de la population mondiale avaient accès à l'électricité en 2010. Ce pourcentage est passé à 91% en 2021, ce qui signifie que plus d'un milliard de personnes ont obtenu un accès à l'électricité au cours de cette période. Toutefois, le rythme de croissance de cet accès a ralenti en 2019-2021 par rapport aux années précédentes. Les efforts d'électrification des zones rurales ont contribué à ces progrès, toutefois un écart important subsiste dans les zones urbaines. La part de la consommation d'électricité renouvelable dans la consommation mondiale est passée de 26,3% en 2019 à 28,2% en 2020, soit la plus forte augmentation annuelle depuis le début du suivi des progrès accomplis dans la réalisation des ODD. Cependant, les efforts visant à accroître la part des énergies renouvelables dans le chauffage et les transports, qui représentent plus des trois quarts de la consommation mondiale d'énergie, restent en deçà de la cible consistant à atteindre l'objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. L'Algérie a, dès son indépendance, engagé un vaste programme de développement des infrastructures électriques et gazières destinées à couvrir le territoire national, en vue d'assurer l'accès de la population à l'électricité et au gaz naturel considérés comme une priorité absolue pour l'amélioration de la qualité de vie du citoyen et le développement économique du pays.
Vecteurs de développement socio-économique, l'électricité et le gaz n'ont pas cessé de connaître une demande sans cesse croissante atteignant ces dernières années des taux d'évolution, parfois, à deux chiffres. Des programmes ambitieux ont été adoptés par le gouvernement et mis en oeuvre dès les années 70 permettant d'atteindre actuellement, un taux d'électrification de 99% en raccordant plus de 8 millions de foyers, et un taux de pénétration de gaz naturel de 66%, en raccordant plus de 4 millions de foyers. Ces résultats ont été atteints à la faveur des programmes publics d'électrification et de distribution du gaz (ER et DP Gaz) qui traduisent l'engagement de l'Algérie dans le développement durable. Programmes nationaux, régionaux ou spéciaux, ils sont soutenus financièrement par l'État, à hauteur de 75% du coût global des projets.
En s'appuyant sur son abondance et ses coûts relativement bas, la production d'électricité est faite à hauteur de 97% à partir du gaz naturel. Cette situation est appelée à changer dans les années à venir. L'Algérie vise à diversifier le mix énergétique, en intégrant progressivement les énergies renouvelables qui devront atteindre 27% dans le mix énergétique et 37% dans la génération d'électricité à l'horizon 2030. Face aux enjeux climatiques et à la nécessité de diversifier l'économie du pays, l'Algérie a décidé d'accélérer sa transition énergétique en exploitant son potentiel considérable d'énergie solaire et éolienne. À cet effet, l'Algérie a lancé plusieurs projets de centrales solaires voltaïques. La construction d'une centrale de 200 mégawatts dans la wilaya d'El Mghaier marque un tournant historique pour l'Algérie, traditionnellement liée à l'industrie pétrolière et gazière. Ce projet est le premier d'une série qui devait porter la capacité de production de l'électricité solaire du pays à 3 000 mégawatts d'ici à 2030 à travers la création de 20 nouvelles centrales, avec un taux d'intégration de 35%, soit sept fois plus qu'actuellement, et à 15 000 mégawatts de capacité globale d'ici 2035. Par ailleurs, les zones côtières présentent un fort potentiel éolien, estimé à 4 000 gigawatts, dont l'exploitation devrait démarrer aussitôt terminées les études des lieux d'installation. C'est ainsi que le lancement d'un projet de production de 1 000 mégawatts d'énergie éolienne à travers 10 sites prometteurs est programmé en collaboration avec la Banque mondiale.
L'exploitation d'une partie de ce potentiel théorique en énergie solaire et éolienne permettrait à l'Algérie de couvrir ses besoins énergiques locaux et de produire un surplus d'électricité à exporter.
Le développement de ces énergies renouvelables représente une opportunité unique pour le pays de diversifier son économie, de réduire sa dépendance aux hydrocarbures et contribuer à la lutte contre le changement climatique. Pour la réussite de cette transition énergétique, l'Algérie compte mobiliser les compétences nationales et promouvoir des partenariats internationaux spécialisés dans la réalisation des parcs solaires et éoliens.