Évitons le scénario du pire
«Le Pacte pour l’avenir » des Nations unies alerte sur les conséquences des bouleversements géopolitiques actuels et leur impact sur la paix et la sécurité mondiales, et appelle les gouvernements à œuvrer, sur le plan politique, économique, social et environnemental, pour prévenir les conflits et favoriser le dialogue et la médiation pour résoudre les différends dans le strict respect de la Charte des Nations et du droit international.
Malgré tous les efforts consentis au niveau international, régional et national, les pays sont confrontés à un environnement, sur lequel ils n’ont aucune prise, générant des crises pouvant dégénérer en conflits ouverts, à tout moment et en tous lieux. Ce qui est plus alarmant encore est que le droit international ne permet plus de protéger les États contre les agressions extérieures. Face à la montée des périls, à l’incertitude et à l’imprévisibilité des évènements, chaque pays anticipant le pire, repense sa propre gouvernance pour faire face aux conflits, défendre sa souveraineté et protéger sa population.
L’on observe une tendance générale du fonctionnement des États, selon de nouveaux modes de gouvernance centrés sur la sécurité et les intérêts nationaux placés au-dessus de toute autre considération
La nouvelle gouvernance américaine qui annonce des changements majeurs dans ses priorités nationales et ses relations internationales, reflète cette tendance et agit comme un catalyseur qui entraîne une accélération de la transformation des systèmes nationaux de gestion à travers le monde. C’est ainsi que les pays de l’Union européenne se préparent au pire, en se surarmant pour assurer leur sécurité territoriale, et en entreprenant une nouvelle politique pour réduire leur dépendance dans le domaine économique, énergétique et alimentaire. De plus, les difficultés financières auxquelles sont confrontées ces pays et leurs conséquences sociales, ont favorisé la montée de l’extrême droite et fait de la lutte contre l’immigration une priorité nationale. Cette nouvelle gouvernance des pays glorifie le nationalisme et le patriotisme, donnant la priorité aux intérêts nationaux avant tout, à leur économie et à leur sécurité, n’hésitant pas à remettre en cause les accords, les traités et les alliances si considérés non bénéfiques pour eux. Sur le plan sécuritaire, la priorité est donnée à la défense nationale en développant l’industrie militaire, en augmentant le budget consacré à l’armement, et en opérant une réaffectation des troupes pour la défense prioritaire du territoire national.
Sur le plan économique, le protectionnisme est de mise avec l’adoption de barrières tarifaires pour les produis importés sans respect de la réglementation du commerce international prônant le libre-échange, l’objectif visé étant d’augmenter les recettes financières de l’État et de soutenir la production nationale. Sur le plan environnemental, on n’hésite pas à dénoncer les accords internationaux sur le climat, pour pouvoir développer les industries fossiles, entraînant une augmentation des émissions de gaz à effet de serre et du réchauffement climatique, l’objectif étant de disposer de ressources énergétiques abondantes, instrument de puissance et de domination. Sur le plan social, cette nouvelle gouvernance vise à élargir sa base électorale en mettant en œuvre une politique de création massive d’emplois- par la stimulation de l’investissement et des nouvelles technologies- et des programmes d’amélioration du pouvoir d’achat en abaissant l’inflation et en révisant la fiscalité sur les revenus. L’Algérie n’a pas observé en spectateur ces évolutions. Elle a anticipé ces changements de gouvernance à travers le monde, qui se sont accélérés après la pandémie de Covid-19 et les conflits en Europe et au Moyen-Orient, et a engagé une transformation de son système de gouvernance pour survivre dans ce nouveau monde de la loi du plus fort. C’est ainsi que l’Algérie s’est dotée d’une gouvernance résiliente pour résister à toutes les forces hostiles à son existence et à son développement et assurer la protection, le progrès et la prospérité à son peuple, basée sur une vision claire du présent et de l’avenir et l’union sacrée entre le peuple et son armée pour la défense intransigeante de la souveraineté nationale, de l’indépendance économique et de l’autonomie stratégique du pays.À cet effet, elle a donné la priorité aux forces de défense, de renseignement et de sécurité, en leur accordant tous les moyens financiers et matériels nécessaires pour renforcer leurs structures et leurs équipements. Comme dans toutes les économies de guerre, l’armée nationale se modernise, diversifie son armement et développe sa propre industrie militaire. Elle entreprend en même temps de réévaluer et d’améliorer ses partenariats, ses coopérations et ses alliances pour mieux défendre ses intérêts stratégiques. Elle rassemble les forces vives du pays pour la défense de la nation par des échanges constants sur les enjeux et défis auxquels est confronté le pays, dans le cadre d’un dialogue continu visant à consolider le front interne face à l’adversité. Elle veille à la cohésion sociale en œuvrant à assurer aux citoyens les meilleures conditions de vie et de travail, et à les associer à la gestion des communes et des wilayas grâce à la réforme de la gouvernance locale qui acte la décentralisation et la participation citoyenne Il s’agit là d’une véritable révolution de la gouvernance nationale, reposant sur notre peuple et notre armée, qui nécessite une coordination et un suivi permanent au plus haut niveau de l’État et son adaptation constante en fonction des évènements et des situations, afin de résister aux ondes de chocs sécuritaires, économiques et climatiques, qui menacent désormais l’existence des nations.
*Expert international