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LA PETITE BIBLIOTHÈQUE DE L'ÉTÉ 2016 (I)

Pour cultiver son esprit, on consulte la Bibliothèque

la bibliothÈque véritable - la nationale, la régionale, la municipale, l'universitaire, la scolaire - ne vaut surtout que par la qualité de ses livres et ses nouveautés et, particulièrement, par le nombre des lecteurs, le nombre des jeunes qui la fréquentent régulièrement.

La bibliothèque est, à l'évidence et simplement, liée aux livres et, bien sûr, à la lecture. J'aimerais, en passant, rappeler qu'un ouvrage intitulé À quoi sert le livre? a été édité, en 2013, par l'Enag (Algérie) et préfacé par Ahmed Fattani, directeur de L'Expression, le quotidien national de langue française. Y ont contribué 34 éminents auteurs: des écrivains, des poètes, des essayistes, des enseignants, des inspecteurs de l'Éducation, des éditeurs, des libraires, des lecteurs citoyens, des bibliothécaires, des critiques littéraires, des journalistes, des producteurs d'émissions culturelles radiophoniques et télévisuelles. Et l'on a pu, de toutes ces lectures, retenir de Stephen King, écrivain américain contemporain, entre autres citations, la suivante: «Si vous jugez le livre, le livre vous juge aussi.» (Titre original: Night Shift, © Stephen King, 1976, 1977, 1978, © 1980, Éditions Williams-Alta pour la version française Danse Macabre, recueil de nouvelles, page 217)

De ceux qui ont écrit pour revivre
En cette première partie de La Petite Bibliothèque de l'été 2016, je me dois fortement d'évoquer avec tristesse, hélas, la disparition subite, le mercredi 6 juillet 2016 (1er Chawwâl 1437, 1er jour de l'Aïd El Fitr, la fête de la Rupture du Jeûne) de Abderrahmane Zakad. Comment évoquer l'ami (?) d'une première et très lointaine rencontre au cours d'une belle et très animée soirée de «café-littéraire» à Bab-El-Oued, chez Chihab éditions? Comment parler, au passé, de ce frère (?) qui m'abordait sans faute avec cette insistante expression «Salut l'Aîné!» qui élevait en moi quelque fierté? Comment oublier ce compatriote discret, mais intransigeant aussi (?) qui aimait notre Algérie tout en râlant contre les insuffisances choquantes dans bien des domaines de l'art et de la culture... Abderrahmane Zakad, ancien moudjahid (Il a, jeune conscrit, déserté l'armée coloniale française pour rejoindre l'Armée de Libération Nationale), à l'indépendance, «ingénieur-urbaniste, écrivain», ainsi qu'il aimait à se présenter, toujours avec humour et parfois le sourcil levé de déception, était, ces tout derniers temps, souffrant terriblement des nombreuses déconvenues avec certains de ses éditeurs, se plaignant du retard à paraître de ses livres ou du refus plus ou moins masqué de leur édition. C'est la «hogra» confiait-il souvent à son entourage; c'est «bishil = hogra, en chinois», m'écrivait-il, le mercredi 2 décembre 2015. Il a, par dérision et bravoure, décidé de narguer «la gendelettrerie» et subtilement de la faire enrager en éditant à compte d'auteur quelques-unes de ses oeuvres qu'il vendait lui-même, par exemple, sur la place de la Grande Poste à Alger et en faisant suivre dans son courrier ses noms et prénoms de cette énigmatique et cinglante indication que je cite mot pour mot: «Abderrahmane Zakad, le plus beau bébé d'Algérie, en 1938. (Quelques fois, catalogué comme fou, d'autres fois comme agent de la SM, souvent comme emmerdeur, ce qui m'enchante.).»
Abderrahmane Zakad, né en 1938, fut très souvent incompris et toujours un grand coeur tendu vers l'humain jusqu'à l'exacerbation. Et il était un auteur prolifique. J'ai présenté, ici-même, je pense, avec conscience et sympathie, la plupart de ses ouvrages: romans, poésies, nouvelles, récits, dont: «Trabendo», 2001; «Un chat est un chat», 2003; «Les Jeux de l'Amour et de l'Honneur», 2004; «Le Vent dans le musée», 2006; «Une enfance dans le M'Zab», 2008; «Le Terroriste», 2009; «Une Femme dans les affaires», 2009; «Patrimoine», 2012; «Les Amours d'un journaliste», 2013. J'attendais de recevoir de lui ces récents ouvrages: «L'Orphelin», «L'Innocent»; «Constantine, Bejaïa, Bou-Saâda et autres poèmes» et ce conte auquel il tenait beaucoup: «L'Enfant et la Mer.»
Je dois également saluer dans ce Temps de lire la mémoire de Boualem Bessaih né en 1930 à El Bayadh, (il était le Commandant Sî Moussa Ben Ahmed dans les rangs de l'ALN) et décédé à Alger, le 28 juillet 2016 à l'âge de 86 ans. Homme politique, diplomate et homme de lettres, il est auteur de plusieurs ouvrages littéraires dont «Mohammed Belkheir, Étendard interdit», «De l'Émir Abdelkader à l'Imam Chamyl», «Le héros des Tchétchènes et du Caucase», «Abdallah Ben Kerriou, poète de Laghouat et du Sahara»,... et la publication récente de poèmes «L'Algérie belle et rebelle de Jugurtha à Novembre». Il est aussi l'auteur du scénario du film historique: «Epopée du Cheikh Bouamama». Il nous reste de lui le souvenir d'un poète trempé dans ses origines, d'un ancien professeur de lettres et docteur ès lettres et sciences humaines, de formation bilingue (arabe, français). Ses ouvrages méritent une relecture et parmi eux «Au bout de l'authenticité, la résistance par l'épée ou la plume», ENAG, Alger, 2002...
Voici donc la première proposition des ouvrages présentés au cours de la saison 2015-2016 dans Le Temps de lire et qui inciteront, je l'espère, mes lecteurs à les lire ou à les relire. Toutefois, auparavant, il convient de rappeler, en guise d'hommage ému à nos deux auteurs disparus récemment, Abderrahmane Zakad et Boualem Bessaih, une de leurs oeuvres, simplement:
LES AMOURS D'UN JOURNALISTE de Abderrahmane Zakad, édition ACA (À Compte d'Auteur°, Alger, 2012, 342 pages: «Le roman d'une Algérie... sans gaz ni pétrole! [...] Quand l'imagination littéraire s'autorise l'audace de décrire les réalités humaines, elle révèle une esthétique militante de vérité. [...] «Et si le pétrole disparaissait?... La catastrophe arrive en 2022: la chute d'un énorme astéroïde embrase tout le Sahara. L'Algérie perd son pétrole, son gaz et le moral. Complètement démantelée, bégayant entre des traditions ébranlées et un modernisme de surface, l'économie se dégrade, les gens fuient alors que des pieds-noirs octogénaires envisagent le retour. Les Algériens ne se reconnaissent plus et, à force de s'être regardés avec une lentille culturelle occidentale, le pays s'effondre faute d'un projet de société viable.» Ainsi, nous prévient Abderrahmane Zakad dans sa fiction, autant brillante qu'hallucinante, intitulée Les Amours d'un journaliste (*). [...] Nous sommes alors en l'an de grâce 2022, exactement le samedi 5 juillet 2022, fête de l'indépendance, à la station de Bâb El Oued... Une météorite de 800 m de diamètre tombe sur le Sahara et le désintègre. Tout le pétrole et le gaz brûlent. Pendant un mois, il a fait nuit noire dans tout le pays couvert par les fumées, les poussières et les scories.
Peu à peu, l'Algérie perd ses richesses, la rente et le moral. La population des villes a fui vers la campagne. On ne sait plus cultiver la terre, et les pratiques ancestrales ont été oubliées. La faim sévit, la pauvreté s'affiche et s'enfle, et devant la misère les spéculateurs pullulent et s'ingénient. Certains s'enrichissent dans l'agriculture après avoir fait revenir les colons. Le caïdat se réinstalle et les marabouts réapparaissent, les élites sont ignorées, la jeunesse est livrée à elle-même. Sans pétrole et sans gaz, l'Algérie se retrouve dans une situation catastrophique qui surprend et désarme les responsables. [...] L'auteur fait vivre aux populations algériennes impuissantes une surprenante aventure de conscience face à la colère des torchères dressées devenues enfer sur tout le territoire. «Où sont passés les pays amis, les pays frères? Tous ceux à qui le peuple a offert notamment sa générosité et son énergie afin de les servir et de les imiter, espérant être «comme eux». [...] L'auteur met l'espoir algérien dans la jeunesse, dans la splendeur multiple de l'amour de ce couple exemplaire qui aime aussi son travail de journaliste et sa seule Patrie l'Algérie... L'Algérie se relèvera-t-elle? La réponse est dans la hardiesse de ce livre Les Amours d'un Journaliste de Abderrahmane Zakad. Voire donc.»
«De l'Émir Abdelkader à l'Imam Chamyl» par Boualem Bessaih, ENAG/Éditions, Alger, 2001, 391 pages: «Deux hommes, deux grandes destinées. Abdelkader, en Algérie, en 1832, Chamyl, dans le Caucase, en 1834, luttent contre l'envahisseur étranger. [...] Boualem Bessaih nous raconte une histoire étrange mais fort intéressante et fort belle, car elle nous instruit et nous fait réfléchir sur l'oeuvre du hasard. Ah! comme le hasard construit bien, en effet, le destin des hommes, et particulièrement celui de ces deux génies patriotes: Abdelkader, l'Algérien et Chamyl, le Caucasien! Pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette «structure» stochastique, il faut lire l'ouvrage De l'Émir Abdelkader à l'Imam Chamyl que nous propose Boualem Bessaih. On note que Abdelkader «venu des plaines de Mascara, est désigné malgré lui à 22 ans Émir»; Chamyl venu «de sa montagne du Daghestan islamisée depuis le 7e siècle (bien que son islamisation complète dura dix siècles) se vit proclamé à 38 ans 3e Imam de son pays. A ce titre, il détenait le pouvoir temporel et spirituel.» A lire la biographie de l'un et de l'autre, plusieurs comparaisons ne laissent pas indifférent l'esprit critique ou tout simplement curieux. Le fataliste y trouvera de quoi exercer sa philosophie métaphysique ou religieuse. Pourtant les faits sont là, éprouvés; l'histoire debout, rectiligne comme une verticale: en Algérie existe telle vérité, une autre semblable aussi dans le Caucase. Abdelkader et Chamyl sont contemporains: l'un est né en 1808 dans la plaine de Ghriss, près de Mascara, et a été désigné Émir en 1832; l'autre est né vers 1796 en Circassie dans le Caucase et a été proclamé Imam en 1834. Tous les deux sont issus de familles célèbres et respectables et ont étudié l'arabe, le Coran, la théologie, la littérature arabe, l'histoire, la philosophie et le soufisme. Et ils étaient tous les deux de grands cavaliers et maîtres dans le maniement des armes de chasse et de combat... [...] L'histoire, la vraie, n'a pas manqué d'être juste, ni plus ni moins. Car, et c'est la conclusion de Boualem Bessaih, «Abdelkader et Chamyl ont porté leurs peuples sur le piédestal de l'histoire, où leurs noms continuent de retentir comme ceux de personnages de légende, fabuleux et immortels.»

P.-S.: Je salue la belle initiative de ressusciter «la lecture à la plage» et je félicite vivement ses promoteurs de Tigzirt.

(À suivre au prochain Temps de lire, mercredi 17 août 2016)

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