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Le bain de la présidente

Un magistrat est par essence, une victime des systèmes en place durant plus d'un demi-siècle. Mais février 2019, le 22 précisément, a changé la donne.

Or, il y en a parmi eux qui mériteraient une flagellation pour avoir obéi aux prédateurs et piétiné la loi! Pas souvent, et pas tous les magistrats, heureusement! Fatiha S. est une déjà ancienne greffière, secrétaire au bureau du tribunal présidé par une brune magistrate. Trapue, travailleuse consciencieuse, mais victime de coups fourrés parvenant de sa propre présidente du tribunal d'une cour chouchoutée par les responsables de l'époque, enhardis par l'impunité totale qui prévalait alors en ces temps d' «à-plat-ventrisme» tous azimuts! Il n'y avait pas grand monde dans l'exiguë salle d'audience du tribunal du coin, en ce jeudi de fin de printemps, du fait que l'affaire du jour avait trait à la «tentative de vol» par la greffière qui fait office, depuis plus d'une décennie, de secrétaire particulière au bureau de madame la présidente du tribunal. La tentative de vol, un fait prévu et puni par l'article 350 du Code pénal. Première entorse à la loi qui veut que le privilège de juridiction soit appliqué à l'inculpée de vol. Le mieux pour l'esprit de justice aurait été de l'envoyer dans un autre tribunal pour y être jugée. D'ailleurs, le bruit soulevé par tant d'interrogations, autour de ce procès, a fait que l'appel a eu lieu dans une cour voisine. «Un fils de famille comme il y en a dans la magistrature a dû faire en sorte à ce que la pauvre Fatiha soit rejugée loin de son tribunal où la puissante présidente du tribunal se comportait en véritable «Messaline», faisait et défaisait les lois et règlements intérieurs en démêlant les noeuds les plus difficiles!» Nous confia à cette époque un sous- - directeur du ministère de laJustice, aujourd'hui en retraite méritée. Tout changea pour la prévenue Fatiha G. qui fut écoutée longuement par le débonnaire président de la première chambre correctionnelle de la lointaine cour. Son avocate n'a pas manqué de saluer la composition pénale, au cours de sereins et justes débats qui permirent aux magistrats et à toute l'assistance essentiellement formée de greffières et greffiers de «mieux saisir le pourquoi» de toutes ces inutiles poursuites contre la meilleure des secrétaires du pays! Malheureusement, si la prévenue a vidé sa gibecière, le contenu ne peut être retenu par la chambre pénale, pour la stupide raison que ce qu'avait raconté l'inculpée ne figurait pas sur... l'arrêt de renvoi! Nous allons essayer de vous rapporter les propos tels que racontés par Fatiha G. émue au point de se voir offrir un mouchoir par le président probablement touché par le récit de la malheureuse prévenue, qu'il a bien voulu écouter et ne pas suivre pour la raison invoquée plus haut.
«À vrai dire, il n'y a jamais eu de tentative de vol ou un quelconque méfait de ma part! C'est complètement faux. La version de madame la présidente ne tient pas debout! Elle prétend que j'étais en train d'ouvrir le tiroir. L'ouvrir pour en prendre quoi? Ce qui m'est arrivé, c'est le résultat de mes fréquentes visites chez la présidente qui vivait alors, seule. À chaque fois que l'occasion se présentait, elle m'appelait pour l'aider dans le travail quotidien qu'elle ramenait at home. Il y a à peu près 20 jours, elle me téléphona vers les 11h30mn, pour me demander de venir à la maison, avec son chauffeur qui se trouvait sur la route pour le tribunal et donc, n'allait pas tarder. Nous arrivâmes à midi trente. Elle m'ouvrit la porte, en peignoir de bain, sa courte chevelure noire en bataille, et m'invita à attendre au salon, le temps qu'elle finisse son bain. J'attendis donc qu'elle sortit de la salle de bains, le corps mi-dénudé. Lorsqu'elle m'appela à deux reprises, je ne voulais pas répondre à cette bizarre invitation, jamais faite auparavant. Que me voulait - elle? Est - ce que mon éducation et la déontologie me permettaient d'entrer dans la salle de bains de la présidente, même avec sa permission? Non, je ne pouvais pas et ne voulais pas y aller! Un point, c'est tout! Les ragots à son sujet, ses fréquentes sorties avec les Nadia, Nadjia, Saloua, Mokhtaria, et autres Selma, soulevaient moult interrogations! Mais lorsqu'elle ressortit, sa face était blême comme au jour de ses funérailles. Elle me dévisagea un bon moment, avant d'éclater, méconnaissable, comme jamais elle n'aura été:
-- ««Je t'ai appelée, tu as joué à la sourde oreille; tu devais me répondre, un point, c'est tout! Je suis ta cheffe et tu devais m'obéir!»,éclata, rouge d'ire, la furieuse magistrate, qui voulait me sauter dessus, pour une mémorable correction.
-- Non, madame, je suis payée pour faire mon boulot au bureau, pas chez vous, avec tout le respect que je vous dois..»,lui répondis-je calmement.
-- Je t'ai appelée pour me frotter le dos, simplement»! hurla-t-elle. Le juge leva la main pour lui signifier la fin du récit à mettre sur le compte de la légende! Pourquoi donc cette «injustice»? Eh bien, non, ce n'est pas une injustice, mais c'est la loi qui le veut! Une composition correctionnelle ne peut débattre d'un sujet qui ne figure pas sur l'arrêt de renvoi. Voilà le mystère et la présidente - victime de tentative de vol pouvait dormir tranquille. Pour Fatiha, la greffière-secrétaire, certains de ses collègues, et les curieux, on pourrait même s'amuser en ajoutant un sec et assourdissant: «Circulez, y a rien à se mettre sous la dent!» Ainsi, nous venons de lire un rude passage de ce que fut notre justice!

De Quoi j'me Mêle

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