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La juge est têtue!

Voilà un procès original, qui a vu le jeune inculpé « jouer» avec de la came, essayer de tordre le coup à une juge qui en valait... quatre!

Lorsqu'elle entra dans la salle d'audience, ce matin-là, de la deuxième semaine du mois de décembre 2021, madame la présidente de la section correctionnelle du tribunal, était dans un état de lucidité incroyable. Aucun signe de fatigue, ni de nervosité apparente, comme il arrive souvent à des juges du siège, pris soudain d'une subite migraine, ou bien d'un terrible mal de tête, ou même, d'une rage de dent nocturne qui a dû empêcher la pauvre magistrate de dormir correctement la veille de son audience hebdomadaire, qui peuvent fausser la journée. Une journée qui verra quarante- huit inculpés dont vingt sept détenus pour divers délits, dont la consommation de came, attendant leur heure de rendre des comptes à la société. La juge arbore un beau sourire sincère, qui en dit long sur sa splendide forme. Elle ne perd donc pas de temps, avec, pour bien débuter comme il se doit son audience, par les non-détenus! Deux procès consécutifs sur les accidents de la circulation, sont renvoyés pour la semaine prochaine. Un, d'émission de chèques en bois, liquidé en moins d'un quart d'heure, les faits étant clairs. Puis, elle appelle le 1er détenu pour une sale histoire de détention, de consommation et, plus grave, de commercialisation de drogue, le gus, étant pris en flagrant délit, de revente du poison en face d'un CEM, qui se trouvait, lui, près d'un tribunal!!! Djemil. F. vingt-six ans, mais qui en paraissait le double, souriait alors que rien, absolument rien, ne le poussait à le faire. On n'a pas idée à avoir une tenue pareille lorsqu'on risque une grosse peine d'emprisonnement ferme! De taille moyenne, un front bombé au- dessus d' un visage pâle et émacié, des cheveux assez longs, bien peignés, l'inculpé porte un tricot à large col ouvert, à grosses rayures marron-noir-beige, un pantalon bleu-ciel et une paire de chaussures noires où manquent des lacets, laissés probablement en taule, pour des raisons de sécurité. Non assisté d'un conseil, l'inculpé-détenu est prié de narrer les faits reprochés. Paradoxalement, il commence par de la pure provocation gratuite: «Par quoi voulez-vous que je débute? Je peux commencer par la fin?» mâchonne le détenu, en prenant soin de bien fixer la juge qui a compris la provoc' et qui murmure presque, à l'intention du «Tarzan» du moment: «Comme vous l'entendez, à condition de ne raconter que la vérité, car, si vous l'ignorez, le PV de police est là, sous mes yeux et ceux de l'honorable représentant du ministère public. Et dans ce rapport, il n'y a que la seule vérité!»rétorque, encore plus calmement la présidente, puisque des énergumènes de cette trempe, elle en a vu défiler, et du lourd, depuis une quinzaine d'années judiciaires! Djemil. F. perd un instant, le sourire narquois, presque moqueur, avant qu'il ne se ressaisisse, craignant les foudres légitimes de la magistrate, qui venait de bomber le torse, comme pour montrer au détenu, et à tous les autres présents dans la vaste salle d'audience, qu'elle tenait là, son joyau de privilège, à savoir, la police de l'audience! Donc, l'inculpé doit l'avoir appris durant sa détention préventive, avant d'être là, debout à la barre, en train d'être sommé de rendre des comptes. La présidente savait certainement, où voulait en venir Djemil. F.le détenu, qui n'avait qu'à bien se tenir! «Alors, où étions-nous? Oh, oui! A la vérité, celle-là même qui peut vous aider en cas de remise au pas. De toute façon, vous n'avez pas le choix. Et puis, dois-je vous rappeler que vous êtes libre de répondre ou pas au tribunal et même au procureur qui n'a que la loi 04-18 du 25décembre 2004, relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants.» La commercialisation des stups est sévèrement punie par l'article 17, qui dispose qu': Est punie d'un emprisonnement de dix (10) ans à vingt (20) ans et d'une amende de 5000000 DA à 50OOOOOO DA, toute personne, qui, illicitement, produit, fabrique, détient, offre, met en vente, vend, acquiert, achète pour la vente, entrepose, extrait, prépare, distribue, livre à quelque titre que ce soit, fait le courtage, expédie, fait transiter ou transporte des stupéfiants ou substances psychotropes. La tentative de ces infractions est punie des mêmes peines que l'infraction consommée. Les actes prévus à l'alinéa 1er ci-dessus sont punis de la réclusion perpétuelle lorsqu'ils sont commis en bande organisée.». La juge lança au passage un clin d'oeil au procureur, qui s'exclama: « Alors, inculpé, savez-vous que vous risquez une peine qui peut aller très loin, jusqu'à 20 ans, avec la quantité trouvée dans votre domicile? 25 kg, c'est énorme. Et, le malheur, vous ne pouvez même pas obtenir la moindre circonstance atténuante! Je vous aurai prévenu! Je demande, au nom de la société, une peine d'emprisonnement ferme de 20 ans pour trafic de drogue ! » lance depuis son siège, le procureur, sans animosité aucune. Djemil sourit alors comme pour narguer tout ce beau monde, qui n'avait pas l'air soucieux sur l'avenir de ce dealer. Prié de prononcer le dernier mot, le détenu ne dira rien. Il baissera la tête, comme s'il ne s'attendait à rien d'autre que la lourde condamnation. La juge annoncera la mise en examen de l'affaire pour la semaine suivante au cours de laquelle elle condamnera Djemil.F. à une peine d'emprisonnement ferme de 18 ans. Là aussi, il ne dira mot! Il aurait dit quoi?

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