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L’infanticide du désespoir…

Z. N. est une vieille fille de 34 ans. Elle est accusée d’infanticide, opéré dans la nuit noire d’octobre 2021, chez sa copine Manel G., une infirmière divorcée, complice et donc, poursuivie, elle aussi .

La femme à la face émaciée, brune et décomposée était assise, un fichu blanc autour du front, dans le box des accusés, aux côtés de sa complice, recroquevillée et tentant de se cacher des regards prononcés des curieux. Les deux accusées étaient honteuses, dans une salle d'audience pleine comme un oeuf, attendant les lourdes questions de la juge et des membres du tribunal criminel, qui cherchent à savoir les motifs de l'infanticide! La présidente du tribunal criminel était prête à entendre Z.N., 22 ans, pourtant une innocente femme, jusque- là, accusée d'un infanticide volontaire, juste pour elle, de cacher la honte d'un crime, qu'elle savait pourtant sévèrement réprimé par la loi! Elle a voulu taire un abominable crime. D.W., un homme de 37 ans, est là, à titre de témoin. Un témoignage qui peut soulager un tant soit peu, l'accusée, qui sait au moins que le père de l'enfant perdu, existe bel et bien! C'est osé de sa part de se présenter à la barre témoigner, qu'il est le père biologique de l 'embryon conçu dans le péché, et jeté dans la nature par une maman qui a paniqué, avant de commettre l'irréparable! Ce qu'il faut tout de suite souligner, c'est la composition du tribunal criminel qui est à mettre en exergue! En effet, la coïncidence a voulu que le tribunal fût présidé par une magistrate chevronnée, assistée de deux conseillères et cerise sur le gâteau, deux femmes jurées. Il n'y avait que le parquetier et le vieux greffier de l'audience qui se faisaient une place au «soleil», car le service d'ordre était lui aussi formée de femmes. Me Akila Teldja-Drif, l'unique avocate qui aura l'occasion de saluer cette composition en majorité féminine, montre sa dentition blanche et souhaitera une fin de procès délivrante pour Z.N. qui n'avait cessé de pleurer pendant tout le déroulement du procès qui ne tarda guère, les faits étant clairs et nets. On se demandait si c'était là, alors des larmes causées par la douleur ou par les regrets ou peut- être les deux à la fois, d'une femme qui avait tout pour être tranquille. La présidente posait ses questions sachant que l'accusée a dû souffrir.
Elle arrive à la question-clé dont la réponse allait édifier les membres du tribunal criminel: «Quand, où et comment aviez-vous procédé à la pénible opération qui vous a plongée dans un coma de 12 jours?», articule doucement la juge qui allait être satisfaite par la réponse claire de l'accusée: «Vers minuit moins dix, ayant attendu que tout le monde s'endorme, j'ai pris le cachet qu'on m'a remis un jour plus tôt et tout de suite avalé, attendant que le fruit de la honte tombe. J'étais encore plus effarouchée, surtout que je n'avais absolument rien fait pour tomber enceinte, mais le destin en a voulu autrement, car le flirt avec E.L. ici présent est allé jusqu'au bout. J'étais désemparée, affolée, lorsque j'ai su que j'attendais un enfant. J'ai couru à gauche, à droite à la recherche d'un moyen pour m'en débarrasser au plus vite.»
Le procureur général avait jugé, avant de dénoncer ce genre de crime, qu'il fallait impérativement le punir, afin qu'il ne se répète plus. Debout comme tout représentant du ministère public qui se respecte, il a fait appel à la loi pour se préparer à des demandes fracassantes, oubliant qu'il avait affaire à une jeune fille.
L'infanticide, fait prévu et puni par l'article 304 du Code pénal, un article qui prévoit une peine d'emprisonnement ferme d'un à 5 ans, et d'une amende de 500 à 10 000 DA. Et cette peine a été puisée dans le chapitre II: crimes et délits contre la famille et les bonnes moeurs section I: l'avortement. Il va rappeler les termes de l'article 204 punissant l'infanticide: «Je suis entièrement d'accord avec le texte qui souligne fort bien que quiconque, par aliments, breuvages, médicaments, manoeuvres, violences ou par tout autre moyen, a procuré ou tenter de procurer l'avortement d'une femme enceinte ou supposée enceinte, qu'elle y ait consenti ou non, est puni d'un emprisonnement d'un à 5 ans... Et j'arrête là, estimant que l'amende ici n'a pas sa raison d'être, vu l'état de grande pauvreté dans lequel se débat l'accusée.»
Me Drif a beaucoup joué sur les sentiments, sachant pertinemment que la «crim'», n'est pas une juridiction à preuves seulement, mais va jusqu'à l'intime conviction des membres du tribunal criminel, surtout les quatre jurés qui peuvent changer le cours des délibérations, plus tard.
Ensuite, elle avait salué la composition du tribunal criminel en ces termes, avant de bien marteler, juste de quoi retenir l'attention de tous les présents: «Cette femme n'a rien vu venir, car il n'y a jamais eu pénétration! Ils s'étaient amusés à un simple flirt et les voilà coincés, poursuivie pour la première et anxieux pour le
second! «Il est vrai que Z.N. est toujours vierge, elle tend à la présidente une copie du certificat médical! Elle est tout de même traumatisée, a besoin de réconfort, et pas de harcèlement judiciaire, même si ce qu'elle a fait, n'est pas souhaitable pour une autre fille. Même si cela déplaisait au procureur général, Z.N. mériterait largement les circonstances atténuantes, car avec la perte du foetus, elle risque de perdre, ainsi, et à vie l'enfantement. Messieurs-dames, les jurés, je m'adresse à vous, pour être indulgents, car Allah, Lui, a déjà dû pardonner cette faute.»

De Quoi j'me Mêle

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