Divorce à l’«amiante»?
Dans la vie quotidienne des familles du monde entier, il y a des couples qui se déchirent tout le temps, mais qui, pourtant, assez souvent, ne se séparent jamais.
Ce qui n'est pas le cas des couples qui se séparent après s'être longtemps déchirés...
Tous les mardis qu'Allah crée, Mansour, le jovial président de la section «des affaires familiales»du tribunal de Sidi - M'hamed- Alger, n'est pas éreinté que le rôle le laisse deviner. Loin de là! Les audiences de ce jeune magistrat sont vraiment à mettre sous les feux de la rampe, car sa manière de bosser, soulève l'admiration. Lorsque le greffier appela un couple qui fonçait vers la cinquantaine, le juge Mansour feuilleta le dossier avant de se tenir le menton, histoire de se poser, probablement, des questions, intérieurement. Il dit, dans un langage à portée de Monsieur Tout-le- monde, tout en regardant le fond de la salle d'audience, comme s'il était à la recherche d'une quelconque connaissance:
-«Dites - nous un peu comment vous en êtes arrivés à ce stade de rupture, même si cela ne regardait pas le tribunal.»
Ce sera Mouloud. H.L'époux, qui prendra le 1er la parole. Il le fera gauchement, puisqu'au lieu de répondre uniquement à la question du président, le demandeur du divorce allait entrer dans un piteux monologue, sans tête ni queue. Heureusement pour l'équité judiciaire, Mansour, le juge, coupa net aux élucubrations de l'homme, qui avait visiblement une gibecière pleine à ras- le- bord, de «blanches» plaintes, qui n'avaient aucun, mais alors, aucun lien avec le sujet, à savoir: le divorce entre Mouloud et Amira. D. Mansour. C'est presque devenu une sale habitude de voir des couples en voie de désagrégation, éviter de se voir en face. Pire!Il y avait même des gens qui répondaient aux questions du tribunal, en regardant «derrière» eux! Comme quoi, tout était de bonne guerre pour démontrer au monde entier leur désaccord du moment. Il est cependant vrai qu'il y a lieu de relever, qu'être présent à la barre d'une salle d'audience bondée de gens connus et inconnus, relève de l'exploit, certaines personnes ne pouvant pas souffrir d'être ainsi montrées du doigt. Mansour, toujours en forme à onze heures précises, n'était pas du tout gêné de revoir les mêmes têtes d'il y a un quart d'heure. Il lança à l'intention de l'assistance: «J'espère que le calme est revenu après l'excès de bruit provenant du fond de la salle. Que cela ne se reproduise plus.» Regardant dans la direction du couple en voie de disparition, il articula à voix haute: «M. et Mme sont invités à vider leur rancoeur sans précipitation, ni débordement.» Ce fut à Mme de raconter d'abord, ses déboires en ménage: «M. le président, pour des raisons morales je passerai sous silence les bêtises de M. Je ne m'attarderai que sur le plan relations-quotidiennes personnelles de notre liaison. Il n'est jamais allé au bout de notre pacte moral, à savoir son devoir de mari. Il se contentait de commencer et de terminer ses missions par les commissions journalières. Se lever vers onze heures, prendre le petit- déjeuner, lire son journal, jouer avec son Dvd, déjeuner, faire ne sieste de deux heures, sortir dans la cour du quartier, se taper une partie de cartes avec les voisins, rentrer, diner, voir le JT, et dormir jusqu' à une heure avancée de la journée.» dit, presque d'un trait, la brave dame - victime de son, irascible mari, qui a plutôt l'air d'un tyran momentanément amadoué, que d'un bel époux, nous écrirons, presque normal! Puis, après avoir profondément soupiré, la femme poursuit son calvaire, par dire son repoussant dégoût, en s'exclament: «Que dire de plus? Il faudrait plusieurs heures à vous narrer le malheur dans lequel je baigne, depuis plus de dix ans. C'est franchement insupportable et insurmontable. J'ai pesé le pour et le contre, j'ai longuement réfléchi sur le sort de mes trois enfants, rien n'y fit. Chaque soir, je subis le même sort. Des tannées, des coups et blessures, une humiliation, sans fin, et donc tout cela pourquoi? Pour quelle vie? Je vais bientôt avoir cinquante ans. Ma fille est en train de devenir une vraie femme. Elle me pose des questions, dont les réponses me dérangent vraiment! Je ne peux plus me mentir. Il ne changera jamais! Je préfère être seule en train d'élever mon enfant loin du bruit quotidien. Il pourra la voir, et la faire sortr, quand il voudra, au moment où il voudra. Mais rester avec nous, est impossible. M. le juge soyez juste.
La rupture est inéluctable. C'est tout ce que je voulais dire.» Sur ce, Mansour, ce brave juge, crache son plus beau sourire avant de fixer le verdict pour la semaine prochaine, et se retirer pour un petit repos, après ce qu'il venait de dire, et se retirer pour un petit repos, après ce qu'il venait d'entendre.