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Corrompu juge!

On jugea le juge ripoux hors de sa juridiction judiciaire, pour montrer aux proches, et aux fans d’une justice propre, que la justice était la même pour tous.

Grâce au «privilège de juridiction», l'accusé de corruption active, l'ex-président du tribunal, allait être entendu, jugé et condamné pour rendre des comptes au... comptant, car en criminelle, le verdict est annoncé sitôt les délibérations achevées! Depuis le temps que les citoyens rêvent d'assister aux débats en audience criminelle, mettant en scène des magistrats ripoux, pris en flagrant délit d'actes répréhensibles, une occasion en «argent liquide» leur a été offerte. Des témoins présents au procès d'un juge du siège arrêté dans un restaurant de l'Algérois, en train de compter les liasses bleues, qui n'étaient que la somme convenue pour «vendre» une affaire en «foncier», en première instance! De plus, la machination a fait que l'opération de remise du fric, était complètement filmée à l'insu du jeune magistrat corrompu, et, comble d'ingratitude de sa part, il avait bénéficié du poste spécifique tant désiré, de président du tribunal!
Mais à la décharge de ces juges et procureurs d'une autre ère, rappelons que tous les commis de l'Etat, oui, tous étaient malmenés et gare à tous ceux qui osaient «l'ouvrir»! Ce serait alors un déluge d'ennuis à ne pas en finir pour les éternels mécontents, pas du régime, mais contre ses pratiques. Oui, les remontrances, les blâmes, les eng... les injustes mutations lointaines et autres décisions disciplinaires ne manquaient pas. Et comme chaque fonctionnaire, chaque commis de l'Etat ressent des «brûlures» au fond de l'estomac contenant du «foin», tout ce qui vient du système en place, ou de ses sbires marque les esprits, gèle l'initiative et immobilise toute entreprise à venir. Alors, comment faire pour mettre un terme aux agissements des juges ripoux? On le jugea hors de la compétence judiciaire pour montrer aux proches et aux fans d'une justice propre que la justice était la même pour tous. Pour ce faire, on appliqua la fameuse formule du «privilège de juridiction», qui veut qu'on ne peut entende un magistrat poursuivi, dans la juridiction où il exerçait avant qu'une lourde et acérée tuile ne lui tombât sur la tête! Au cours des débats qui se tinrent à plus de 300 km, du lieu d'exercice de l'accusé, et à
30 du lieu de la malhonnête transaction, le désormais ex- président du tribunal, questionné sur la destination de la somme mal acquise, avait répondu, avec un sang - froid jamais vécu dans une salle d'audience, qu' «il était tombé si bas, il y a trois mois, rien que pour acquérir un logement dans la capitale! Et que de toute façon, il regrettait amèrement son fâcheux geste, après que la présidente du tribunal criminel lui apprit que les cent millions acquis malhonnêtement au restaurant, ne pouvaient lui permettre de n'avoir qu'une seule et unique misérable pièce et encore, même pas dans l'avenue Didouche-Mourad, où dans la rue Larbi-Ben M'hidi, mais en banlieue-est d'Alger!» D'ailleurs, devant le lapsus-linguae de la juge qui, au lieu de dire, à l'accusé, «accusé», elle lui dit «collègue»! Ce qui déplut énormément au procureur général et le dérangea, qui demanda aussitôt à intervenir. Après que la magistrate lui eut accordé le droit de la nécessaire mise au point, le détenteur du droit de poursuite se leva et, regardant plutôt l'assistance, prise à témoin, il dit, haut et fort, avec une amertume jamais vécue auparavant:
«Madame la présidente, vous détenez la police de l'audience! Donc, vous êtes libre de dire et faire n'importe quoi. En ce qui me concerne, je ne peux pas l'appeler «collègue», car il l'a cessé de l'être, au moment même, où il a rencontré le corrupteur pour déshonorer la magistrature! Il a prémédité son coup. Il a quitté son bureau, parcouru 300 km, puis encore 30 autres km à l'ouest de la capitale, garé sa voiture, attendu le corrupteur, qui est arrivé avec la somme convenue, et rejoint le restaurant choisi par le corrupteur, qui s'était déplacé sur les lieux bien avant le corrompu, qui ignorait tout de l'opération dite «délit provoqué», en vogue à l'époque pour dénicher les ripoux!
Le comble, c'est que l'avocat de l'accusé était complètement désarmé, devant tant d'évidence. Outre l'arrêt de renvoi complet et détaillé, il y a lieu d'insister sur le fait que l'ex-président du tribunal avait craché le morceau en entier, et précisé que la somme exigée pour effectuer le faux qui devait faire gagner la partie au corrupteur, devait lui servir à acheter un pied à terre dans la «Blanche»! Punir un magistrat indélicat, n'est certainement pas et seulement l'affaire exclusive des magistrats, ou des chefs de cour en second lieu, de l'inspection générale, du conseil de discipline, et enfin, de la chancellerie. C'est l'affaire de toute la société! Le mal est dans la société, dans son ensemble! C'est pourquoi, beaucoup reste à faire dans ce domaine. Et comme dirait un juriste confirmé, trop de lois tuent la loi!

De Quoi j'me Mêle

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