C'est plus qu'une cousine
L'histoire de coups et blessures ayant entrainé la délivrance par le médecin de service, d'un certificat médical, prescrivant un arrêt de travail de dix-neuf jours, était peu singulière...
L'oeil au beurre noir, Hakim. F. la trentaine, à peine entamée, est debout, au prétoire, à la droite de Fayçal. N. son mastodonte-voisin-agresseur, de vingt- huit ans qui risque gros, et même, très gros, pour avoir rossé le voisin, coupable, selon lui, de tentative de rapt, et de viol sur la personne de Selma. R. une voisine, présentée par l'agresseur, comme sa fiancée «officieuse», donc, inapprochable, intouchable et surtout «sacrée», de par la position du prétendant! C'est aussi, et c'est important de le souligner, une jeune et belle voisine de bâtiment des deux justiciables.
La juge parcourt une ultime fois le P-V de la police judiciaire de la sûreté du coin, dont les éléments, alertés par un passant, ont vite fait d'intervenir et cesser le massacre, auquel se livrait Fayçal, entré dans une ire sans limite, pour une triste histoire de «partage d'amour de Selma», qui a préféré, d'abord, s'abstenir de se présenter, à la barre, est venue finalement, aujourd'hui, apporter son unique, et précieux témoignage, qui pourrait à la limite, aider le tribunal, dans la compréhension des faits. S'il est utile de suivre les deux versions contradictoires des antagonistes, pour le tribunal, il est plus que nécessaire d'entendre le seul témoin des faits qui se sont déroulés, derrière la benne à ordures, loin des regards des curieux et éventuellement, de potentiels témoins, le jeudi trente juin 2022, le matin.
La juge décide alors de ramener le témoin pour un procès équitable. Comme le tribunal n'était pas loin du domicile de Selma, le brigadier de police, a été prié de convoquer et d'accompagner à la salle d'audiences, le témoin, le plus tôt possible.
Trente minutes plus tard, Selma... était entrée dans la salle à moitié vide, décliner son identité, puis priée d'attendre son tour, tout près, dans la salle d'attente des témoins.
lutôt rassurée, la présidente de la section correctionnelle du tribunal, avait eu cette remarque, en direction du témoin: «Le jour des faits, la police et le procureur vous ont entendue ur PV, et vous ont donné rendez-vous ici, le jour des débats. Pourquoi n'avoir pas répondu à la convocation de la justice? Ce n'est pas gentil d'ignorer la justice, qui je vous le rappelle ainsi, qu'aux présents, a le bras long, et une mémoire d'éléphant! J'espère m'être fait comprendre et bien!»
Entr-temps, les deux adversaires se regardaient en chiens e faïence, à telle enseigne, que le policier de service au prétoire, se tenait à équidistance, prêt à se mêler d'une quelconque tentative...
C'est en plein centre commercial, plein à craquer ce wee -nd, que la nouvelle d'une sale rixe, ayant fait «un mort par poignard», a surgi, et lancé un véritable pavé dans la mare, aux «on dit que... Il parait que...»
Fayçal entendit dire que Selma, avait rencontré dans le couloir du bâtiment le voisin Hakim, avec qui elle papota quelques petites minutes, avant de la quitter
J'ai appelé ma cousine, et fiancée, Selma, pour m'enquérir de l'état de sa maman, ma tante maternelle, qui venait de sortir d'une douloureuse épreuve due essentiellement au mal de reins. J'ai alors vu rouge et je ne savais plus ce que je faisais.» pleure, presque, le détenu qui donnait l'impression de connaitre les termes de l'article 264 du code pénal (loi n°06-23 du 20 décembre 2006) qui dispose: «Quiconque, volontairement, fait des blessures ou porte des coups à autrui ou commet toute autre violence ou voie de fait, et s'il résulte de ces sortes de violence une maladie ou une incapacité totale de travail pendant plus de quinze jours, est puni d'un emprisonnement d'un (1) an à cinq (5) ans et d'une amende de cent mille 100000) DA à cinq cent mille (500000) DA.
Le coupable peut, en outre, être privé des droits mentionnés à l'article 14 de la présente loi pendant un an au moins et cinq ans au plus.
Quand les violences ci-dessus exprimées ont été suivies de mutilation ou de privation de l'usage d'un membre, cécité, perte d'un oeil ou autres infirmités permanentes, le coupable est puni de la réclusion à temps, de cinq à dix ans...»
Le témoignage fut plus qu'utile aux magistrats. Il aura permis, au moins, au juge, d'être fixé sur les vraies raisons de la rixe! Et comme le témoignage le fut sous serment, il n'y avait aucune raison de ne pas le suivre.