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2020, année du pain

Le pain a sa propre histoire dans notre pays. De précieux, il est devenu un «déchet». Il faut remonter le temps…

Relance. Il aura fallu que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’élève contre le gaspillage du pain pour que le problème reprenne sa place parmi les priorités. Que de fois, par le passé, ce gaspillage reconnu et dénoncé n’avait pas réussi à être pris en charge sérieusement. Mais laissons de côté le passé puisqu’il y a tout lieu de penser que cette fois sera la bonne. Selon les estimations du ministère du Commerce, sur cinq baguettes achetées une est jetée. Ce qui donne un total de, tenez-vous bien, 10 millions de baguettes qui vont chaque jour à la poubelle. Ce qui représente, toujours selon la même source, une valeur de 340 millions de dollars annuellement. 340 millions de dollars qui passent du Trésor public à la décharge publique. Cela dépasse tout entendement. Alors, quelles sont les causes de ce gaspillage inadmissible ? Pourquoi n’a-t-il pas pu être enrayé jusque-là ? Il faut remonter un peu loin dans notre histoire pour tenter une explication à la première question. Les Algériens ne consomment le pain sous sa forme de baguette que depuis l’indépendance. Comme une sorte de revanche sur un passé de misère et de privation où la baguette n’était destinée qu’aux colons. Pour la simple raison qu’elle ne suffisait pas pour remplir le ventre de ceux qui n’avaient pas les moyens de se payer une large gamme d’aliments. Surtout pour les Algériens qui vivaient à la périphérie des villes et qui privilégiaient le pain au kilo, plein de mie pour calmer la faim. Quand la bourse ne suffisait pas, on achetait un demi-pain. A l’intérieur du pays on fabriquait le pain à la maison. Pas chez le boulanger. Dans tous les cas, le «régime» céréalier était le même partout où l’on remplaçait les jours sans pain par du couscous. Pour faire simple et court, la baguette de pain était, à cette époque-là, un luxe que seuls les colons pouvaient se permettre. Au point où l’Algérien qui passait devant un morceau de pain jeté, le ramassait avec beaucoup de respect, l’embrassait et le plaçait en hauteur pour ne pas être piétiné. Un geste qui est plutôt rare de nos jours. Quand on a connu une telle frustration durant plus d’un siècle, il était normal qu’une fois l’indépendance reconquise l’on se jeta sur «l’objet du désir» de manière inconsidérée. Car, faut-il le préciser, avant le gaspillage il y a une surconsommation de pain dans notre pays. Il suffit d’observer nos concitoyens à table pour s’en convaincre. On n’accompagne pas les mets avec du pain. C’est le contraire qui se passe. On accompagne le pain avec le plat. L’image du client qui tient une demi-baguette dans une main et de l’autre la cuillère de «chorba loubia» est courante. La soupe fait gonfler le pain dans le ventre et ainsi la faim est calmée. D’ailleurs et toujours avant l’indépendance, il y avait un plat dont la recette était constituée de pain rassis imbibé de soupe que les Algérois appelaient «tchekhtchoukha». Depuis, ce plat a disparu avec la «douara» et la «chtitha bouzelouf». Mais direz-vous, jusque-là il n’est question que de consommation excessive de pain. Et le gaspillage, comment l’expliquer ? Par la peur d’en manquer une fois à la maison. Surtout le soir après la fermeture des commerces. Alors on en prend plus. Beaucoup plus puisque le pain n’est pas cher. Il y a dans le gaspillage la combinaison d’une vieille frustration avec le prix subventionné. Et comme tout problème a sa solution, il suffit de trouver et d’appliquer la bonne solution. La volonté politique, comme c’est le cas aujourd’hui, permet de stimuler les neurones et l’envie de bien faire. C’est tellement vrai que le pain est au centre d’une opération pilote de lutte contre les sachets en plastique. Ces sachets, dont le monde entier souffre et qui polluent l’environnement. Utilisé comme emballage pour le pain, c’est encore plus grave car c’est la santé des personnes qui est directement menacée. Actuellement, les boulangers se servent de sachets très fins pour emballer le pain quelquefois brûlant, tout droit sorti du four. Il y a de fortes chances qu’ils fondent et collent à la croûte du pain une fois refroidi. Avaler du pain « verni » au plastique ne peut que donner des maladies graves. Les mêmes que celles causées par les perturbateurs endocriniens. Il faut savoir que le plastique résiste des siècles avant de se dégrader. Là aussi, grâce à l’intervention du président de la République, l’opération de remplacement des sachets en plastique par des sachets en papier est lancée. Dans une première phase, elle concerne l’emballage du pain avant d’être généralisée. Une opération pilote est en cours dans la wilaya d’Alger. Bien menée, il n’y a aucune raison qu’elle ne réussisse pas. Qui veut, peut ! 

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