Un documentaire sur la colonisation sioniste en compétition aux Oscars 2025
C’est connu, les Oscars sont une grande tribune pour les films à thèmes, notamment les films de guerre. C’est dans ce contexte que le documentaire, No Other Land, s’inscrit. Le film qui a été projeté pour la première fois à la Berlinale en février 2024, donne le ton d’emblée. Le documentaire a comme mission de montrer la réalité brutale de la vie quotidienne des Palestiniens en Cisjordanie occupée, à travers une histoire humaine. Un film exposant la brutalité de l’occupation israélienne de la Cisjordanie est nommé pour l’Oscar du meilleur documentaire. No Other Land, qui se déroule dans la ville de Masafar Yatta, est réalisé par deux journalistes engagés l’Israélien Yuval Abraham et le Palestinien Basel Adra. Sa sélection pour les Oscars a été annoncée bien que le film n’ait pas été distribué aux États-Unis. Une grande partie de No Other Land est constituée d’images remontant à l’enfance d’Adra et montrant son père militant affrontant des soldats et des colons israéliens pour mettre fin à l’appropriation de terres palestiniennes. Le film a remporté le Prix du film documentaire au Festival international du film de Berlin en février dernier.
En acceptant ce prix, Abraham et Adra ont suscité l’indignation pour avoir utilisé leur discours de lauréat pour condamner l’occupation de la Palestine. « Je suis libre de me déplacer où je veux dans ce pays, mais Basel, comme des millions de Palestiniens, est enfermé dans la Cisjordanie occupée. Cette situation d’apartheid entre nous, cette inégalité, doit cesser», a déclaré Abraham. À l’époque, le discours a provoqué une onde de choc dans l’establishment culturel allemand, les politiciens condamnant les deux réalisateurs. Le portail en ligne officiel de Berlin a dû faire face à des réactions négatives pour avoir déclaré que le film sur la prise de contrôle par Israël de la Cisjordanie occupée contenait des «tendances antisémites». En novembre, Abraham a déclaré que la répression obsessionnelle de l’Allemagne contre les comportements pro-Palestiniens rendait la vie de plus en plus difficile aux juifs et aux Israéliens qui, comme lui, voulaient voir la fin de la guerre à Ghaza. Malgré l’accueil positif de la critique, le film a rencontré des difficultés pour trouver des sociétés de distribution prêtes à l’accueillir aux États-Unis. Cette difficulté est imputée à l’atmosphère de censure qui règne dans l’industrie du divertissement et qui vise à limiter les critiques sur le traitement des Palestiniens par Israël. Au début du mois, alors qu’il recevait un prix décerné par le New York Film Critics Circle, Brady Corbet, réalisateur du film The Brutalist, également nommé, a profité de son discours de remerciements pour appeler l’industrie cinématographique à faire marche arrière.