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Deux voies sures vers la «nouvelle Algérie»

En 2019, un changement insigne s'est produit dans notre pays avec la démission du dernier chef d'État issu de la génération de la décolonisation. Celle-ci a réalisé après 1962 nombre de bonnes expériences et d'autres moins bonnes. Elle a remporté des succès certains et commis des fautes et des erreurs avérées. Sur les écarts, les analystes et les historiens s'obligeront un jour à garder la tête froide, face à la rigueur envahissante des émotions et à ne pas trop flétrir les acteurs impliqués dont beaucoup ont agi de bonne foi. Dans la sérénité retrouvée, ils diront objectivement ce qu'il s'est vraiment passé tout en prévenant ceux d'après contre les manquements qu'ils pourraient eux-mêmes commettre. De toute façon une époque tire à sa fin. Un cycle de 60 ans se referme. L'Algérie est arrivée à une étape où, pour s'intégrer dans l'ère numérique, elle est obligée de remodeler en profondeur sa physionomie, d'utiliser ses potentialités et de renoncer aux pratiques périmées de gestion de ses affaires qui rendent impossible toute réforme sérieuse. Il dépend de ses élites que s'ouvre une nouvelle page de l'histoire et que s'édifient une société et une économie nouvelles. De ce point de vue, les sujets qui retiennent l'attention sont multiples. Ce sont tout à la fois, l'administration et l'économie, la conscience sociale et la mentalité administrative, les mécanismes de gestion et le rôle dévolu au facteur humain, la capacité des individus et leur motivation, la démographie et l'occupation de l'espace, l'éducation et la culture...Et aussi, en filigrane, le thème de l'indépendance que les citoyens ont trop tendance à considérer comme un but en soi plutôt que comme un prérequis pour transformer durablement le pays. De fait, la vraie indépendance ne s'acquiert pas sans prémices culturelles, psychologiques et autres. C'est si vrai que partout où il a été contraint de plier bagage, le colonialisme n'a pas dit son dernier mot. Car il est dans son essence de se métamorphoser en néo-colonialisme ou en hégémonisme auxquels les pays peu développés sont régulièrement exposés. C'est pourquoi les plus lucides parmi eux s'en préservent en élaborant une vision centrée sur les défis énormes qui se dressent sur leur route et en se fiant ouvertement à l'élément humain qualifié, interne et diasporique, sans autre considération que la loyauté, le savoir et le savoir-faire. Cette confiance vise à la confrontation des points de vue dans un esprit novateur, et donc au rejet des idées reçues, périmées, dogmatiques ou sectaires. Concernant l'Algérie, son Président a affiché en 2019 un but ambitieux de rénovation qu'il a réitéré comme candidat en 2024. L'un des volets clés de cette rénovation reste la refonte des modes opératoires qui ne répondent plus aux exigences des temps actuels. Trop archaïques, tatillons et souvent déréglés, ils se manifestent par des entraves qui tirent sans cesse la société vers le bas. Aussi, les modèles qu'ils représentent ne sont plus d'aucune utilité pour le pays et ne jouissent aucunement de la confiance de la société. L'autre volet clé de ladite rénovation est la force de frappe économique. Pour un pays mono exportateur à économie rentière comme le nôtre, son acquisition n'est pas impossible s'il se donne la peine de regarder autour de lui, vers ces nations sans ressources naturelles qui ont pourtant réussi à se réformer et à se classer parmi les plus développées de la planète. Les processus mis en oeuvre varient naturellement selon les circonstances historiques. Mais le dénominateur commun de leur vigueur est sans conteste la valorisation de la recherche, du savoir scientifique et du savoir-faire technologique, dont la mise en application a été confiée à des opérateurs qualifiés dûment motivés. C'est de cette façon qu'elles sont devenues exportatrices, non pas de matières premières qu'elles ne possèdent pas, mais tout bonnement du travail bien fait dans des secteurs vitaux comme celui des hautes technologies. Ces nations constituent, en tout cas, des exemples de réussite que l'Algérie qui s'est trop longtemps accommodée de la rente tirée de son sous-sol, a manifestement ignorés. Aujourd'hui, au milieu d'un monde où un changement en profondeur est en train de s'opérer, elle n'a pas d'autre choix que de s'en inspirer si elle ne veut pas prendre le risque d'être surpassée et reléguée loin derrière. Or, cette option salutaire survient dans un contexte de perplexité où la démarche suivie depuis fort longtemps, bien que bénéfique à bien des égards, n'est ni adaptée ni propre à rebâtir une confiance ébranlée par des crises successives. Pourquoi? Parce que, entre autres causes, la légitimité révolutionnaire des décisions qui lui a servi de socle, n'a plus cours auprès de la jeunesse sur qui la narration surpolitisée des épisodes de la colonisation et de la décolonisation, ressassée sans cesse, est quasiment sans effet. Dès lors, un autre argumentaire, moins lassant, nourri par les réalités actuelles et ancrant le choix d'une société nouvelle, s'avère inéluctable du fait qu'à l'instar d'autres pays, le nôtre a besoin d'un récit politico-économique ad hoc, pourvoyeur d'imaginaire, de repères et d'élan. Aussi, architecturer un tel récit, tout en valorisant la recherche et le savoir dès l'étape 2024-2029, correspondrait in fine à deux voies sûres, parmi bien d'autres, vers une «Nouvelle Algérie».

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