Algérophobie !
La trahison nationale n’est pas une liberté d’expression, c’est un crime. La trahison nationale n’est pas une opinion, c’est un délit !
L’algérophobie est une pandémie politique contemporaine, un virus qui touche certaines élites politiques, culturelles et médiatiques, qu’elles soient algériennes ou étrangères. Ce virus se propage particulièrement sur la rive nord de la Méditerranée, avec quelques foyers à l’intérieur du pays et dans les régions géographiquement proches de l’Algérie.
Étrangement, ce virus de l’algérophobie affecte principalement des intellectuels appartenant à ce que l’on appelle la «race» de «l’Arabe de service». Ces intellectuels aliénés sont au service d’un “maître” jusqu’à nouvel ordre, ou du moins jusqu’à la fin de la mission qui leur est confiée et qui prendra fin très prochainement. Cette pandémie, ancrée dans des cercles een proie à une forte nostalgie coloniale, s’illustre par une haine virulente envers tout ce qui est algérien et envers tout Algérien exprimant un attachement sincère à son pays ou défendant son droit à exister dignement. Pour ces «nostalgistes» coloniaux et leurs sbires, défendre son pays signifie nécessairement défendre un régime politique donné.
Les algérophobes nostagistes coloniaux et leurs sbires classent automatiquement toute personne qui défend son pays comme un partisan complice d’un régime politique.
Tout aspect positif lié à l’image de l’Algérie provoque chez les porteurs du virus de l’algérophobie une haine exacerbée. Ils s’efforcent, par tous les moyens, de dénigrer et déformer cette image aux yeux de l’opinion publique, tant en Algérie qu’en Europe ou ailleurs.
Certes, comme tout pays du Sud et de la Méditerranée, l’Algérie a ses déficiences et ses défis, ses défauts et ses qualités. Cependant, l’image sombre et hystérique que l’idéologie de l’algérophobie véhicule est loin de refléter la réalité complexe de notre pays. L’Algérie n’est ni un paradis ni un enfer, mais un pays semblable à beaucoup d’autres, avec ses forces et ses faiblesses, ses rêves et ses cauchemars.
Les enfants de la Numidie ancestrale, ont fait une révolution moderne et modèle du vingtième siècle, où musulmans, chrétiens, juifs, communistes et laïcs ont combattu le colonialisme côte à côte. Cela n’est pas de la rhétorique démagogique, mais un fait historique incontestable. L’Algérie a engendré une riche littérature de résistance, portée par des générations successives d’écrivains, hommes et femmes, qui ont contribué à l’écriture de la mémoire historique locale et universelle.
Écrire en langue française, dans un contexte colonial raciste des années cinquante, n’était pas chose facile ou accessible à qui que ce soit. Ces écrivains ont arraché cette langue difficilement pour faire d’elle un fusil pour la résistance et pour la liberté de l’esprit et la libération de la terre. Leurs œuvres ont été lues à Alger comme à Paris ou ailleurs, comme voix symbole de liberté, de courage et de justice.
Leurs écrits libres ont déclenché une avalanche de haine de la part des voix colonialistes racistes et pourtant, ces écrivains n’ont pas reculé ni concédé, dans des moments durs, ils n’ont pas vendu leur dignité au diable ou à l’argent.
De l’autre part, par leur résistance douce, ils sont arrivés à créer, autour d’eux, beaucoup d’amis français démocrates qui ont contribué à la défense de la justice et de l’indépendance des peuples colonisés. Entre une voix ennemie et une autre amicale et complice, aucun écrivain de cette génération n’a marchandé l’idée de l’indépendance ou celle de l’unité territoriale nationale. Aujourd’hui, soixante ans après, ces infectés par le virus de l’algérophobie, ces intellectuels de service, devraient méditer, pour quelques instants, sur le parcours historique de leurs doyens. Devraient-ils lire ou relire cette belle littérature, combattante et immortelle ; celle de Kateb Yacine, de Mohammed Dib, de Moufdi Zakariya, d’Assia Djebar, de Réda Houhou, de Mouloud Mammeri, de Noureddine Aba, d’Abdelkarim El Aggoune, de Mouloud Feraoun, de Malek Haddad, de Taos Amrouche, de Malek Ouary, de Bachir Hadj-Ali, de Jean Amrouche, de Jean Sénac, de Nabile Farès, de Djamel Amrani, de Kaddour M’Hamsadji…
L’Algérie, qui a donné naissance à des géants de l’Histoire comme Apulée de Madaure, saint Augustin, l’Émir Abdelkader, El Mokrani, Cheikh Haddad, Lalla Fathma N’soumer, M’hamed Issiakhem, Mohammed Khadda, Baya… reste un pays riche de par sa diversité culturelle et de par ses résistances historiques.
Après l’indépendance, certains écrivains, les combattants de la guerre de Libération nationale, ont été déçus par la gestion du pays et par la vision politique de l’État- nation ; ainsi, Kateb Yacine et Jean Sénac ont été marginalisés, Moufdi Zakariya et Mourad Bourboune exilés, Bachir Hadj-Ali emprisonné puis mis en résidence surveillée, Mohammed Dib en exil volontaire, Mouloud Mammeri encerclé et interdit dans son combat culturel et identitaire. Mais, malgré leurs situations brutalisées, ils ont toujours distingué, dans leurs critiques, entre l’Algérie en tant qu’institutions d’Éat et les régimes politiques saisonniers. Ils n’ont jamais confondu la critique du régime avec la haine du pays. Aujourd’hui, les élites touchées par l’algérophobie devraient méditer sur cette distinction politique sage, philosophique et capitale. L’Algérie a survécu à une décennie sanglante dans les années 1990-2000, où de nombreux brillants intellectuels ont été assassinés par des groupes terroristes islamistes. Ils sont morts non pas parce qu’ils défendaient un régime politique, mais pour la préservation de l’Algérie l’État-nation, afin qu’elle ne sombre pas dans le chaos. Des noms comme Tahar Djaout, Youcef Sebti, Hadi Flici, Mahfoud Boucebci, Djilali Liabès, M’hamed Boukhobza, Bekhti Benaouda, Saïd Mekbel ou encore Abdelkader Alloula résonnent en martyrs de la liberté. Aujourd’hui tout écrivain de service, l’Arabe de service, devrait réfléchir sur l’héroïsme de ces plumes et le sens philosophique de leur sacrifice.
Mais, face à l’algérophobie semeuse de la discorde et de la haine entre les peuples, il est essentiel, urgent, que les institutions de l’État moderne fassent une introspection nationale courageuse pour renforcer ses fondements et appellent au rassemblement de toutes les voix démocratiques, dans un esprit d’unité et de respect de la différence, de la diversité et de la pluralité, pour répondre de manière collective et constructive à ces attaques venimeuses.