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Vendetta à l'algérienne

Les Algériens se régalent des dernières facéties qui éclaboussent la classe politique française. Et sur le sort de quelques candidats déjà terrassés par les révélations en cascade.
En cinquante ans d'indépendance algérienne, nos marqueurs n'ont pas fini de noter que médias et hommes politiques français n'ont pas eu de cesse de nous cogner dessus, nous les «bicots» d'hier, les «faux du collier», amateurs de prébendes et corrompus impénitents. La France, cette grande pécheresse, donneuse de leçons, en a aujourd'hui pour son propre compte, à voir la noria de scandales qui défilent, maintenant, à longueur de journée et que relaie le «tam-tam» médiatique.
Des décennies durant, on n'a pas fini de nous seriner, à coups de documentaires, de reportages et d'enquêtes d'investigations que nos gouvernements successifs qui ont dirigé l'Algérie comptaient parmi les «plus pourris» de la terre. Dans ce lexique savamment entretenu et remis au goût du jour, ces prétendus gardiens de la morale, par haine et par rancune, charriant les dernières scories de l'Algérie française, continuent à taper dur encore sur l'Arabe pour lui faire suer le burnous de...l'indépendance.
Comme c'est drôle! Ne nous disait-on pas, par expérience ou par atavisme, que le temps pouvait nous guérir de tous les maux? Pour les Algériens, que nenni.

La presse écrite, les magazines, les télés et les radios s'étaient spécialisés sur ces «faits divers» qui pouvaient rapporter gros quand on avait l'imagination fertile pour assaillir des ministres et des généraux algériens en les affublant de tous les noms d'oiseaux, de «tueurs» et de brigands de grands chemins.
La morale, c'était eux. Et les détenteurs de la vérité aussi. Les enfants de la patrie de la Révolution française et des droits de l'homme.
Nous, nous restions toujours les déclassés. Les laissés-pour-compte. Enfin, du menu fretin, par notre statut d'anciens colonisés, par nos gènes à être refoulés dans cette caste de la pire engeance qui soit. Voilà encore comment des Français, parfois même aux commandes de l'Etat, s'emploient à réduire avec plaisir les Algériens tout en éclaboussant la réputation de leur Etat.
L'Histoire reste un grand metteur en scène. Il aura suffi d'une saison, une petite saison, pour démasquer cette «France arrogante et rancunière» et battre en brèche le «culte de la duplicité» qui l'a tant caractérisée à travers les discours du Front national et d'une droite encore grande héritière des traditions vichystes. Cette vieille France aux racines judéo-chrétiennes qui renaît de ses cendres, percluse de préjugés, refusant de se «compromettre» à cohabiter avec un Islam devenu aujourd'hui une réalité incontournable de la vie quotidienne. Il y a environ deux mois, deux sénateurs français avaient entrepris de venir visiter l'Algérie pour procéder à une «évaluation» comme ils avaient pris l'habitude de le faire en pays conquis. L'un de ces deux parlementaires, le socialiste Jean Glavany, dès son retour à Paris, cosignait avec son collègue son rapport en soulignant que l'âge avancé et la maladie du président Bouteflika constituaient un handicap pour l'avenir de notre pays. En visite à Tunis et à Rabat, ce «médecin de campagne» en vadrouille notera la même observation pour Beji Caid Es Sebssi, âgé de 90 ans, et pour Mohammed VI traînant une affection de longue durée.
Quelle malhonnêteté morale! M.Glavany ne s'est pas souvenu un instant qu'il avait occupé sous la présidence de Mitterrand la fonction de directeur de cabinet à l'Elysée. Et que durant une longue période, une de ses fonctions principales était de veiller à ce que le pilulier du Président soit toujours conforme aux prescriptions de son médecin traitant. Il contrôlait l'état de santé de Mitterrand, comme on surveillait le lait sur le feu. Glavany était le garde-malade d'un président de la République septuagénaire, souffrant d'un cancer de la prostate que ses médecins avaient décelé trois mois après son installation à l'Elysée. Ce qui ne l'empêchera pas de gouverner la France deux longs et interminables septennats durant lesquels il ne quittait pas ses appartements privés. Ce président qui a affronté avec courage la maladie lui a néanmoins sacrifié une bonne partie du temps de sa gouvernance au détriment parfois des intérêts du pays pour lesquels il avait été élu. Durant son règne de 14 ans, le Président Mitterrand fut un grand malade. Glavany avait fini par se mettre au service d'un grabataire, incapable d'avoir des activités normales, régulières et officielles. Comme nombre de ministres et hauts dignitaires français ayant fini par percer ce secret si jalousement gardé de la maladie présidentielle, Glavany était convaincu qu'il serait fatalement dans l'incapacité de se présenter pour un second septennat d'autant plus qu'en 1988 Mitterrand frôlait les 78 ans. Pourquoi donc, ce qui était valable pour Mitterrand ne le serait-il pas pour les Présidents Bouteflika, Caid Es Sebssi ou le roi Mohammed VI?
Combien n'a-t-on pas lu dans les essais de quelques écrivaillons en mal de notoriété, de quotidiens et de magazines, de pseudo- révélations sur quelques secrets mal enfouillis accusant nos dirigeants de dilapidations et de détournements de biens publics, le tout servi avec un brin d'ironisme suggérant que nos ministres commettaient, en toute impunité, des «casses» dans nos banques? Pendant ce temps-là, les Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande étaient presque qualifiés de parangons de vertu.
Dans le marigot politique français, l'année 2017 restera une référence inédite pour l'Histoire de la Vème République. Nos Premiers ministres respectifs de ces dernières années, pour ne citer que Ahmed Ouyahia ou Abdelmalek Sellal, ne friment pas avec des costumes à 15.000 euros payés chez le plus cher tailleur de Paris avec l'argent du contribuable ou de quelque ombrageux personnage exhalant de forts relents de soufre.
Fillon hier et aujourd'hui, le ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux, viennent d'arracher le sacre de la «morale politique» en rétribuant à merveille, avec l'argent des citoyens, leurs progénitures encore mineures à l'époque des faits. Comment pourrait-on faire confiance à la parole donnée d'un président français comme François Fillon, si demain il venait à conquérir l'Elysée, lorsque l'on sait qu'en matière d'emplois fictifs avec le «Penelopegate», il pourrait même prétendre enseigner cette chaire, si fructueuse, dans la plus célèbre université du monde?
Faut-il déduire qu'en France, le pouvoir se délite et que la morale plonge dans les abîmes?
Un homme politique français avait déjà mis en garde contre la tentation de l'argent. C'était le président François Mitterrand. Sa tirade sur ce sujet est restée un morceau d'anthologie: «L'argent qui corrompt, l'argent qui achète, l'argent qui écrase, l'argent qui tue, l'argent qui ruine, l'argent qui pourrit jusqu'à la conscience des hommes.»
Que cessent donc les «compliments» et les «éloges flatteurs» de la classe politique française à l'égard de nos ministres et des hommes qui dirigent l'Algérie! Dans ce «marigot politique», les nouveaux squales que nous découvrons à la faveur de la campagne de la présidentielle, malgré toutes leurs promesses de repentance, ne valent pas triplette.
Faut-il pour autant conclure qu'il faille jeter la République française aux orties? Et que nous tenons-là, notre vendetta?
Ce qu'il nous restera de mieux à faire maintenant, ne serait-il pas d'offrir un balai à M.Fillon et à ses comparses et de leur apprendre à balayer d'abord devant leur porte?

De Quoi j'me Mêle

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