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Ouyahia, Sellal et plusieurs autres ministres face au juge

Une folle journée au tribunal

Les Ouyahia, Sellal, Bedda et les autres, mines défaites et regards absents, étaient tous là hier, au banc des accusés. Ils ont assisté à la folle journée de l’ouverture de leur procès. Un procès public à portes …fermées !

Folle matinée, hier, au tribunal de Sidi M’hamed à Alger. Le grand show qui devait avoir lieu au premier jour du procès des hauts cadres de l’Etat n’a pas eu lieu. L’ouverture de la séance s’est certes faite, mais …à huis clos ! Ni les citoyens ni les journalistes ni même des avocats n’ont pu accéder à la salle d’audience. Pis encore, même une accusée, en liberté provisoire, n’a pas réussi à se frayer un chemin pour se présenter devant le juge. C’était la grande pagaille. Certes, il y avait foule et le hall du premier étage du tribunal ne pouvait contenir autant de monde, mais c’est plus la gestion des services de sécurité qui a créé l’agitation et la confusion. Ces derniers, entassés devant la porte de la salle d’audience, ont interdit l’accès à tout le monde. Mieux, ils ont constitué un cordon et ont usé des méthodes habituelles pour le dégagement des manifestations. Ils ont commencé à repousser l’assistance. Prises en étau, des vieilles personnes, des femmes, certaines enceintes, se sont retrouvées à terre, piétinées. Et dire que la veille, le ministre de la Justice a assuré que «toutes les mesures réglementaires et sécuritaires ont été prises pour assurer le bon déroulement des procès ». C’est ce qu’on appelle être prévoyant !

Assis au banc des accusés ils faisaient pâle figure
Belkacem Zeghmati a invité les citoyens à venir assister au procès public de ceux qui détenaient hier le pouvoir. Et il n’a pas cru si bien dire. Dès les premières heures de la matinée, les alentours de la rue Abane-Ramdane étaient noirs de monde, les trépieds des caméras étaient en place pour les photographes et les présentateurs parlaient en direct. Le grand défi consistait à tenter d’apercevoir les détenus, même à travers une vitre teintée, lors de leur arrivée au tribunal. La satisfaction ne sera pas totale, mais la foule de l’extérieur, aura, au moins, l’occasion de se défouler en scandant les slogans habituels au Hirak, dès que les paniers à salade qui ont acheminé les prévenus, ont commencé à pointer, un peu avant 10 heures. A l’intérieur, c’est plutôt la déception puisque l’écran de la grande télévision, placée dans le hall pour retransmettre le déroulé du procès, devient soudainement noir et ne se rallumera qu’une fois, détenus et avocats sont à l’intérieur de la salle d’audience. Impossible d’apercevoir le box des accusés, masqué par l’important nombre des robes noires. D’ailleurs, les avocats se sont retrouvés seuls, avec leurs mandants, face au juge. Dans quel état étaient ces derniers ? C’est, à ne pas se tromper, ce que cherche à savoir l’opinion publique. Cependant, il nous est impossible de les décrire, uniquement à travers ceux qui ont eu le sésame pour assister au procès. Pour Me Bourayou, la dizaine de détenus dont notamment les deux anciens Premiers ministres Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia ainsi que les ex-ministres de l’Industrie, à savoir Youcef Yousfi, Mehdjoub Bedda, Abdelghani Zalène, l’ex-ministre des Travaux publics et des Transports et les trois gros concessionnaires : Mohamed Baïri du groupe Ival, Ahmed Mazouz du groupe Mazouz et Hassan Larbaoui du groupe KIA Motors Algérie, sont «sereins». Mais cet avis est loin d’être partagé par les autres avocats qui, eux, ont vu un Ahmed Ouyahia abattu. Vêtu d’un blouson sombre, fatigué et amaigri après plus de deux mois de détention préventive, Ouyahia, l’homme au regard dédaigneux, «n’avait pas le moral. Il n’a pas dormi de la nuit en raison de l’ouverture du procès. Il paraissait assommé» a soutenu Me Bittam. Pour Me Chorfi, le box des accusés réfléchissait fidèlement à ce passage de la grandeur à la décadence. Sellal, dans un costume foncé sans cravate, semble, quant à lui, avoir tronqué sa bonne humeur pour un air plus grave. Tout autant que les autres détenus qui, dans l’ensemble, faisaient pâle figure. Ces ex-tout-puissants du régime ont comparu pour, entre autres, «octroi d’indus avantages dans l’intérêt d’autrui», «abus de fonction», «trafic d’influence» et «violation de la réglementation des marchés publics». Ils ne seront pas jugés de sitôt.

La défense dénonce et boycotte
C’est du moins ce qu’ont promis leurs avocats qui, décidés à faire valoir les droits de la défense et à mettre en avant les irrégularités dans les procédures, ont, dès l’entame du procès, invoqué l’incompétence du tribunal de Sidi M’hamed à juger cette affaire pour la simple raison que les mis en cause bénéficient du privilège de juridiction. Ils ont appuyé leur requête en se référant à l’article 177 de la Constitution qui stipule clairement qu’un Premier ministre ne peut être jugé que par une Haute cour de l’Etat, or, cette dernière n’a pas encore vu le jour. «Rejetée», a déclaré le juge qui va cependant consentir à la demande de report formulée juste après par la défense en raison de l’absence des conditions adéquates pour la tenue des audiences dans la sérénité. Mais le juge décide de reporter le procès de deux jours seulement, au grand étonnement des avocats. Programmé donc pour demain, le procès sera sûrement reporté à nouveau puisque la défense a annoncé, devant la presse à la suite d’une réunion improvisée à la fin de la séance, sa décision de boycotter la séance, affirmant que les accusés vont, tous, refuser la tenue du procès en l’absence de leurs avocats. En fait, les avocats estiment qu’un procès d’une telle importance ne peut être programmé avant la tenue de l’élection présidentielle car cela reviendrait à faire un procès politique aux accusés loin du droit et de la loi. Selon plusieurs d’entre eux, le report de 48 heures décidé par le juge confirme la volonté d’aller vers un procès expéditif qui s’apparenterait plus à un règlement de comptes qu’à un jugement équitable et transparent. Après plusieurs interventions, Me Sellini, le bâtonnier d’Alger, va clôturer le débat en annonçant le boycott, mais non sans charger violemment la justice. «Celui qui n’a pas respecté les procédures ne peut être juste dans son jugement.

Les potences d’exécution
La défense ne cautionne pas ces dépassements et a décidé de boycotter le procès », a affirmé l’avocat ajoutant que «le traitement des affaires a été fait dans une précipitation inhabituelle. Les arrêts de renvoi et les procédures d’enrôlement ont transgressé la loi». Il va ensuite rappeler que la décision du juge de jumeler toutes les affaires en une seule «constitue un jugement préalable» en plus du fait qu’«une telle décision ne peut être prise qu’après écoute des parties et délibération» et d’asséner «le jugement est donc pris en dehors de la justice». Me Sellini qui va jusqu’à comparer les bancs des accusés à «des potences d’exécution», ne manquera pas de conclure « lorsque la politique entre dans le prétoire, la justice en sort. Dans cette conjoncture de règlement de comptes et de vengeance, un procès équitable n’est pas possible. Tout coupable doit répondre de ses actes, mais seulement devant une justice sereine».

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