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Les balivernes de Khaled Nezzar

Taisez-vous, général !

«Les grandes vérités peuvent uniquement être oubliées, mais jamais déformées» a écrit Gilbert Keith Chesterton, l’un des plus grands écrivains anglais du début du XXème siècle. C’est le cas de le dire en relisant l’éditorial d’Ahmed Fattani, publié un certain 23 août 2001. Intemporel, l’écrit du directeur de L’Expression ne s’est point altéré. Le temps a fini par lui donner raison, même si, par le passé, cela lui a coûté un procès. Le jeu en valait la chandelle. Aujourd’hui et 18 ans après la parution de l’article, il semble bien que son auteur qui répliquait à une des incalculables balivernes de Khaled Nezzar, avait bien su «user» et «abuser» de sa plume pour jeter à la «figure» du général toutes les vérités. A commencer par «sa politique» qui «jusqu’à ce jour, il faut le reconnaître, 10 ans après le coup de force du général Nezzar (en 2001, une décennie après 1991)» l’Algérie continue d’en subir les effets. Il y a aussi cette autre vérité incontestable qui caractérise l’homme, «ses déclarations à l’emporte-pièces ainsi que ses réflexions bourrées d’anachronismes relèvent, en fait, de la pure gamberge». 18 ans après, le général poursuit ses «élucubrations» et cherche à provoquer la polémique. Dans sa dernière sortie médiatique, il semble bien que le général n’a rien appris de ses erreurs ni du conseil que lui a donné Ahmed Fattani :«Taisez-vous, général !».

Le général Nezzar a décidé de sortir de sa longue hibernation pour disserter sur l’avenir de l’Algérie. Oublie-t-il donc qu’il est à la politique, ce que la danse du ventre est au patinage artistique ?
Pour l’avoir écouté et pour l’avoir lu, j’avoue que je l’ai trouvé verbeux, phraséologue et insipide à merci.
Après son « Waterloo » parisien auquel il avait échappé de justesse à la justice française, le voilà aujourd’hui voguant en pleine offensive médiatique, sonnant la charge contre tous ceux qui ne s’apparenteraient pas à ses thèses politiques.
Mais n’est-il pas vrai que l’Algérie est frappée par la malédiction, celle d’avoir à la tête de ses institutions des hommes, à son image, qui se croient investis de la mission de Messie pour sauver tout un peuple en déperdition ? A l’instar du général Nezzar, il faut croire que le seul mérite de tous ces tyranneaux est d’avoir précipité 30 millions d’Algériens dans le gouffre de la guerre civile.
Le seul fait d’armes de Nezzar est, faut-il le rappeler, d’avoir plongé son pays dans un interminable déchaînement de violence en tuant dans l’œuf le processus démocratique avec, en prime, un incommensurable coût en vies humaines : 150.000 morts ! Le général Nezzar, avec ce macabre palmarès à faire rougir les généraux serbes jugés par le TPI, n’est ni George Washington ni encore moins un génie politique susceptible de ravir un jour le prix Nobel de la paix !
Il a fait violence au processus démocratique sans avoir, au préalable, prospecté, comme devrait le faire un dirigeant avisé d’autres voies politiques pacifiques avec des Algériens du FIS avant qu’ils n’entrent en rébellion. Le coup de force de Nezzar à la démocratie n’a pas sauvé l’Algérie. Il l’a tuée. Dix ans après, pour preuve, ne souffrons-nous pas toujours des conséquences funestes du coup de tête du général ? Le bilan est catastrophique. Et l’Algérie est devenue le plus grand mouroir du monde.
Je ne crois pas que ce général, qui a réussi à commettre la plus grande fitna dans notre pays et qui l’a alimentée durant dix ans, par une mauvaise gestion politique des événements, soutenue par une surprenante myopie politique, puisse encore prétendre aujourd’hui, paré d’une telle vertu, accéder avec une étonnante facilité au panthéon de l’Histoire.
Jusqu’à ce jour, il faut le reconnaître, dix ans après le coup de force du général Nezzar, l’Algérie reste l’otage des effets pervers de sa politique qu’il avait décrétée en sa qualité d’homme fort du régime. Et jusqu’à ce jour aussi, il y a deux Algérie qui continuent à se livrer un vrai combat de fauves pour faire triompher chacune ses thèses. La haine recuite du peuple, l’effusion de sang et les traumatismes d’une abominable guerre civile sont là pour attester que le général Nezzar s’était lourdement trompé dans son évaluation, dans ses analyses politiques, mais aussi dans ses prospectives. Son passage à la tête de l’institution militaire a été un véritable désastre pour la République. C’est ce qui explique pourquoi ses bévues politiques en ont fait le personnage le plus impopulaire d’Algérie. Quand bien même il s’évertue à épouser une nouvelle vocation, celle d’écrire des livres, pour tenter de « plébisciter » ses thèses éradicatrices, sa production littéraire, qu’il doit certainement à quelque nègre de service, n’a plus aucune emprise sur le cours actuel des événements.Ses déclarations à l’emporte-pièces ainsi que ses réflexions bourrées d’anachronismes relèvent, en fait, de la pure gamberge.Avec sa retraite confortable, ce vieux général vient de troquer son uniforme militaire pour savourer les délices de la littérature et du best-seller politique. Que bien lui en fasse à lui et à ses amis. Le meilleur service, je crois, que le général Nezzar puisse rendre encore à l’Algérie est celui de se taire. (article paru le 23 août 2001)

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