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Bachir Kiouas, responsable de la Coordination nationale des enseignants du primaire, à L’Expression

«Notre colère est justifiée»

Alors que les enseignants du primaire entament leur deuxième semaine de protestations pour le deuxième trimestre, ils décident de passer à trois jours de débrayage par semaine. Nous revenons dans cet entretien sur les quatre mois de mobilisation, qu’a connus ce mouvement.

L’Expression : Pouvez-vous nous parler des raisons de votre colère ?
Bachir Kiouas : Les enseignants sont en colère parce que les conditions de travail sont déplorables. Nous avons le problème de surcharge du programme, que ce soit sur le plan du contenu ou du volume horaire. Il faut savoir que l’enseignant du primaire est le seul parmi les trois paliers à qui incombe une telle charge de travail.
Nous avons non seulement des tâches pédagogiques, administratives, mais aussi sociales, c’est-à-dire que nous devons accompagner les élèves à la cantine, les surveiller dans la cour de récréation… notre volume horaire de travail est de 30 h par semaine, et dans le classement de la Fonction publique, nous sommes classés à l’échelle 11.
Au quotidien, nous devons travailler avec des programmes faits pour des classes de 25 élèves, alors que nous avons des classes de plus de 40 élèves. Sans oublier les abus de pouvoir des directeurs d’écoles et des inspecteurs.
Pour résumer, je dirais que les raisons de notre colère résident dans les conditions générales dans lesquelles on travaille et ce sont elles qui nous ont poussés à être en grève.

Quel bilan faites-vous de vos quatre mois de mobilisation ?
Notre mouvement a commencé le 6 octobre dernier, par une journée de débrayage par semaine, puis nous sommes passés à deux, et enfin à trois jours avec la reprise des cours au 2e trimestre. Pour le moment, je pense que nous avons un bilan positif, surtout que nous avons déjà arraché quelques victoires, en ce qui concerne nos revendications. Et nous avons aussi d’autres promesses. A mon sens, il y a déjà la victoire morale du mouvement, puisque le corps des instituteurs du primaire est aujourd’hui sorti de l’ombre. Il fait partie intégrante du corps des enseignants de l’Education nationale. C’est notre mouvement qui est à l’origine de cette conscientisation. Cela dit, la coordination a été reçue par la tutelle et nous avons eu quatre entretiens. Sur le volet pédagogique, l’enseignant n’est plus conditionné à tenir une « fiche de cours ». Elles sont désormais faites par l’inspection centrale qui les envoie vers la plate-forme numérique de l’Education nationale, l’enseignant doit juste l’imprimer, alors qu’il y a quelques mois, non seulement nous devions la faire, mais en plus, elle devait être manuscrite. Sur le volet administratif aussi, il y a une amélioration. Puisque avant le 31 mars, le protocole d’application du décret présidentiel de 2014 sera mis en place et à partir de février, la surveillance des élèves en dehors des salles de classes ne sera plus du ressort des enseignants. Cela dit, je tiens à préciser que sur ces deux derniers points, il s’agit de promesses verbales. Bien que nous ayons réalisé un grand pas en avant, il reste encore beaucoup à faire. Certaines pratiques sont encore là, surtout le dédain des inspecteurs d’école et des directeurs qui continuent à ignorer les lois, en plus des pressions qu’ils font subir aux enseignants grévistes.

Lors du sit-in de mardi, vous avez dit vouloir monter d’un cran dans vos luttes, pouvez-vous nous en dire plus.
Je viens de dire plus haut que nous avons déjà arraché quelques acquis, mais cela est loin d’être suffisant. Ce ne sont là que des petites réformettes. Nous avons une plate-forme de revendications claire. Et nous arrêterons quand elle sera satisfaite. La tutelle a, de son côté, renoué avec la «politique du silence». Cette posture pousse au pourrissement de la situation. La grève illimitée est une des options, mais comme vous le savez, sans doute, au sein de notre mouvement, seuls les AG sont souveraines. Et pour le moment, nous n’avons pas voté cette décision.

Les syndicats des enseignants renouent avec le dialogue après l’avoir gelé durant plus de 10 mois, à votre avis pourquoi ?
Pour l’instant, je pense que tout commentaire sur cette initiative serait de la pure spéculation, puisque ces derniers n’ont donné aucune explication. Pis encore, la base partisane de ces appareils syndicaux n’a pas été concertée. Ce fut le cas d’ailleurs, même quand ils ont décidé de geler le dialogue avec la tutelle. Cela dit, moi je pense que c’est le climat de renouveau politique qui les a convaincus du bien-fondé de la reprise du dialogue. Cela dit, les syndicats affirment qu’ils prendront en charge les grands dossiers en ce qui concerne l’école, à savoir la réforme des programmes et les retraites. Mais seront-ils capables de se mobiliser ? Je ne saurais vous le dire. Par ailleurs, je tiens à signaler que si les syndicats arrivent à mobiliser et à arracher des acquis, nous serons contents. Il est clair que nous refusons les comparaisons et la concurrence imposée, par certains observateurs. Nous sommes tous deux des mouvements de lutte avec des méthodes différentes.

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