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Méfiez-vous des gens discrets

Emmanuel Macron est sans complexe. Il porte en lui le nouveau souffle d'une France épuisée. Et il incarne à merveille cette figure qui manquait tant à une vieille nation qui avait, un temps, marqué l'Histoire de l'humanité. Il a osé dire avec toute la puissance de sa franchise ce que tous les présidents français, en visite chez nous, ont à ce jour esquivé: «Oui! Si j'étais élu président de la République française, je présenterais des excuses à l'Algérie.» Il signe et persiste, en guise de transgression qui brise un tabou: «La colonisation est un crime.»
A peine la quarantaine, l'intrusion de cet homme dans la bataille de la présidentielle française, est en train de bouleverser les rapports de force dans un pays qui a toujours affectionné les vieilles recettes éculées de la politique. Ne pourrait-il pas redonner une nouvelle jeunesse à une nation menacée comme jamais par l'effondrement? La France n'a plus ce panache. Ni encore moins cette générosité. Elle a fini, comme par malédiction, par dégringoler à la sixième place comme puissance économique dans le monde avec une influence politique de plus en plus amoindrie. Entre cet homme nouveau, peut-être providentiel, et un ancien Premier ministre, François Fillon, pris la main dans le sac, le destin pourrait réserver à la France,un sort inédit à ce jour.
A voir toutes ces affaires qui sont dévoilées dans les médias, on est poussé à croire, qu'ici en Algérie ou sous d'autres cieux, que le monde politique s'assimile bien à celui de la truanderie en col blanc. Les gens ont fini par ne plus croire aux promesses des candidats de changer le monde dans lequel ils vivent. Les démocraties ne sont-elles pas devenues le moyen le plus fiable pour tricher, s'enrichir jusqu'à s'encanailler quitte à rompre avec ce contrat de confiance, celui du suffrage universel? Les peuples décernent ainsi des chèques en blanc à des hommes dont la seule vertu est de les dépouiller de leurs richesses.
La France, ce pays arrogant, dominateur et donneur de leçons vient à son tour d'être éclaboussé par un scandale qui promet de figurer dans les annales de l'Histoire. Ce scandale porte un nom et un visage, celui de François Fillon, candidat favori à l'élection présidentielle de 2017. A lui seul, il traîne comme un fardeau l'héritage de cette vieille France qu'il tient tant à incarner.
Son programme prône le retour aux sources du libéralisme économique, de la morale en politique, de la transparence dans la vie publique des élus de la République. Pour lui, rien ne pourrait sauver cette France malade que cette potion magique qui est la substance même de son programme. Cette vieille France, si prompte à sermonner les pays africains sur la conduite à tenir en matière d'éthique, se dévoile sous son vrai visage avec la cascade de scandales qui ont marqué sa vie politique autant pour ses tentations vénales que pour ses moeurs libertaires.
L'orchestration du phénomène médiatique aidant, les «affaires» se démultiplient au point que le public, devenu très friand, en redemande et s'arrache chaque mercredi matin à sa sortie, la dernière édition du Canard Enchaîné, cet hebdo satirique en voie de ravir la vedette à la tour Eiffel. Les hommes politiques sont devenus aux yeux des opinions de tous les pays du monde, des tricheurs, des menteurs invétérés et des pervers lubriques.
Rien que pour ces 10 dernières années, les exemples abondent dans tous les sens dans cette France qui a perdu la boussole. Sous Sarkozy, le slogan de la République a fini même par en offusquer le peuple tant il s'assimilait si bien avec les habitudes des banquiers selon lesquels «l'argent n'a pas d'odeur, tous les filons sont bons».
Avec le «scandale Fillon», la France est à un pas de basculer dans une crise politique majeure. C'est bien ce Français de souche dont l'ADN atteste que sa descendance n'est pas de sang mêlé, mais purement française, fier de ses racines catholiques, qui finit aujourd'hui par poser une question centrale, celle de la confiance en politique.
Fillon a menti. Il s'est mis plein les poches comme on dit en langage populaire. Il a raclé les fonds des tiroirs pour alimenter ses comptes en banque et celui de ses enfants. Il a même «pigé» comme on dit en jargon journalistique pour une grande compagnie d'assurances en empochant de grosses sommes d'argent à l'insu du fisc. Pour tout dire, les Français ont failli succomber au charme discret de cet homme qui osait comparer son honnêteté politique à celle du général de Gaulle.
On peut ergoter à l'infini sur la transparence en politique, la rectitude morale et tutti quanti, mais on ne changera rien à la réalité des choses. Tous les systèmes politiques sont infects quand ils se découvrent. Cette grande démocratie dont se targue être la France n'est en rien différente des autres quand on se met à regarder de plus près par le trou de la serrure. Point n'est besoin de charger la mule et de revenir sur les chapitres qui ont fait les gorges chaudes sous les gouvernements français des 10 dernières années pour rappeler à ces donneurs de leçons qu'il va falloir bien apprendre un jour à balayer devant leur porte.
Les «observateurs» qui vivent dans ce qu'on appelle les «grandes démocraties occidentales» ont cette fâcheuse manie de prétendre vouloir encore tout régenter dans la marche des Etats africains. Ne culpabilisent-ils pas leurs dirigeants de détourner les richesses du peuple et de gouverner en autocrates patentés en ayant droit de vie ou de mort sur leurs propres citoyens? Tant que ça!
La politique spectacle a fait son entrée dans notre vie que l'on soit à Paris, Londres, Alger ou à Dakar. Il faut être une bête de scène médiatique pour fasciner les foules, faire de l'enfumage et pouvoir espérer un jour gravir les marches de l'Olympe.
Les Algériens ne veulent plus recevoir de leçons de ces Occidentaux attardés, toujours prompts à proférer les menaces et les insultes habituelles de «républiques bananières» pour régler leurs comptes à des dirigeants africains qui refusent désormais de céder à leurs caprices. Comme disent les communicants, cette époque est révolue parce que désormais, il y a une «rupture d'image» entre eux et nous. C'est fini, classé! Leur légende a terni avec les années et leur fin ressemble si bien à l'histoire de l'arroseur arrosé. Pourquoi dès lors s'attendre à un quelconque ressaisissement de leur part? Pour nous «anciens colonisés», nous avons maintenant la conviction que leurs turpitudes ont enseveli à jamais les restes d'un vieux monde qui s'écroule chaque jour un peu plus. Méfions-nous des hommes qui se veulent discrets comme Fillon qui ont abusé de la bonne foi des gens et pourquoi pas, plus tard, des peuples étrangers? Pour nous Algériens, il semble que le choix est déjà fait. Avouons que notre coeur balance déjà un peu pour Macron, un homme politique neuf. C'est ce qui fait la différence avec le passé que veut incarner le candidat aujourd'hui décrié François Fillon.
Maintenant, nous sommes bien conscients, comme le dit un proverbe maghrébin, qu' «il ne sert à rien de donner une lampe à un aveugle».

De Quoi j'me Mêle

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