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L'ivresse du Pouvoir

La fièvre monte avec la bataille des législatives. Le «cru 2017» regorge de senteurs et promet des députés qui ne sentiront point le vinaigre. Ne dit-on pas «autre époque, autres moeurs?». Et en politique, cela devient une règle immuable. De tout temps, on a appris que la démocratie se conjuguait à tous les modes, ceux du passé, du présent et du futur. La démocratie est aussi affaire de riches, de nantis. En France, ce pays que nous connaissons si bien, des familles entières se vouent depuis des décennies à cette vocation comme on viendrait à servir dans les corps d'armée ou à rallier les ordres de l'Eglise. Chacun entretient sa chapelle comme il le peut. «L'héritage politique» de nos jours est une réalité. Il est né des oligarchies qui sévissent dans les démocraties occidentales où l'argent qui coule à flots, fait et défait des chefs de clans et de tribus. La famille Dassault, symbole de l'aéronautique française, pour ne citer qu'elle, reste un modèle du genre dans la démocratie.
De tout temps, les puissances de l'argent ont eu le dernier mot pour faire choisir au peuple les représentants qu'elles veulent bien lui donner.

Une campagne électorale est une opération très lourde en termes de financement, de logistique humaine à mobiliser et surtout de communication que jadis les plus avertis appelaient à juste titre propagande.
Aller à des élections et se faire élire est une pièce qui se joue en plusieurs actes. Et il y a tous les genres de théâtre. De la comédie, du boulevard et de la tragédie.
Gagner une élection revient à séduire, à ravir le coeur de ceux et de celles qui vont vous faire confiance pour conduire une politique dont le principe est d'abord, disons-le tout net, de s'accorder avec leur propre intérêt.
En Algérie, cette nouvelle législature qui s'annonce, ne peut être que le reflet de notre système démocratique. Avec ses bons et ses mauvais côtés. Les riches ont appris, même chez nous, à faire un «casse». Avec leurs sachets noirs, ils soudoient aujourd'hui jusqu'aux leaders de grands partis politiques comme le FLN pour se tailler une place sur mesure de tête de liste d'abord, et plus tard, de chef de groupe parlementaire, de président de commission, voire même au-delà.
Cette fois-ci la bataille est rude. Au FLN, Ould Abbès a tenté sans résultat de nettoyer les écuries d'Augias. La Révolution qu'il s'est promis d'entreprendre pour redorer le blason terni du parti qui regorge de vieux schnocks recyclés et d'arrivistes en mal de notoriété a failli tourner en mutinerie dans les états-majors des mouhafadhas. Des «brigands» de députés n'ont pas été reconduits. On en compte beaucoup de «grands brûlés». «On a l'impression, a fini par avouer un collaborateur du SG, que tout le monde se promène dans les couloirs du parti avec un poignard dans la poche de sa veste.» Au point qu'aujourd'hui, on a du mal à trouver un gentil!
Etre député, c'est d'abord une culture, une morale et une propension à servir l'Autre. C'est une mission qui a fini par être dévoyée quand des députés ont déjà commencé à compter leurs sous et à réclamer des augmentations et des passe-droits à n'en plus finir.
Dans les autres partis, ça se passe de la même manière. Au RND, MSP, MPA, TAJ, la calculatrice chauffe à blanc. L'inflation a aussi gagné l'entourage des décideurs. Qui place son frère, qui négocie un mandat pour un futur gendre et qui s'arrange à baliser la voie à un avenir incertain.
Dans ce monde des «parlementaires», tout une faune évolue en totale sérénité.
On a affaire à des individus sortis tout droit d'un monde sans pareil, fait de phraseurs prétentieux, de bricoleurs de quartiers et même de pervers freudiens.
Et aussi d'ambitieux qui changent d'étiquette politique comme on change de crèmerie. En vérité, personne n'échappe à ce vertige du pouvoir. Du partisan d'un nationalisme pur et dur hérité de ses ancêtres, jusqu'à l'islamiste convaincu que cette fois-ci la Justice divine frappera sans pitié, au républicain démocrate féru de liberté, tous s'arrangent pour promettre des lendemains enchanteurs. Oubliées les petites trahisons, enterrées les désillusions et les lâchetés mesquines des batailles perdues des dernières élections, l'important maintenant est de se maintenir, d'effacer tous les mauvais souvenirs de ces années de magouille, avec tous les stigmates et les blessures jamais refermées. Voilà la politique, vous l'avez compris, c'est violent. Très violent.
Les compromissions ne sont plus un obstacle. Elles deviennent un pont entre tous ces hommes que l'ambition et la cupidité, pour certains, ont fini d'unir pour gravir les marches du pouvoir, même au prix du désaveu.
Et qu'importe s'il faudrait boire le calice jusqu'à la lie. L'ivresse du pouvoir n'a pas de prix.

De Quoi j'me Mêle

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