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L'homme du refus

«Vivre une trajectoire politique exceptionnelle.» A eux seuls, ces cinq mots résument à merveille le livre de toute une vie. Celle de Hocine Ait Ahmed. Le dernier survivant des Historiques qui vient de nous quitter à l'âge de 89ans. Paix à son âme!
On le savait malade, très malade depuis au moins trois ans. Son infarctus de la campagne électorale pour la présidentielle de 1999 lui aura été fatal, l'âge aidant. Sans rémission aucune, il aura achevé une vie entière marquée par un intense combat voué à cette terre d'Algérie qu'il chérissait tant et à son peuple.
A la fois chef de guerre avec Messali à l'âge de 20 ans pour conduire l'OS, succédant à Belouizdad, puis membre de la délégation extérieure au Caire avec Ben Bella et Khider pour préparer le déclenchement de la Révolution armée, diplomate à Bandoeng puis à New York pour porter haut la voix de l'Algérie dans le monde, Hocine Ait Ahmed incarne, à lui seul le sentiment national.
A l'indépendance, il se démarque vite, et sans concession, des «leaders» qui voulaient confisquer le combat de tout un peuple. Son éducation, sa culture, ses valeurs léguées par ses aïeux s'opposaient à toute compromission. Sa République, celle pour laquelle il a tant vécu et combattu, il voulait la vivre en totale liberté et en pleine démocratie. Un an après l'indépendance, en septembre 1963, il crée les maquis du FFS en Kabylie et dans l'Algérois pour s'opposer aux choix désastreux d'un Ben Bella, un César sans royaume...
De bout en bout, la vie de Hocine Ait Ahmed n'a pas été celle d'un long fleuve tranquille. Feuilleter aujourd'hui l'album photos de l'Histoire contemporaine de l'Algérie, de sa Révolution, renseigne déjà éloquemment sur le parcours admirable et le génie politique de l'homme. Tous ceux qui l'ont approché reconnaissent en lui une intégrité morale sans faille. N'a-t-il pas refusé en bloc toutes les illusions alléchantes du pouvoir? Il a tourné le dos à toutes les tentations et les errements politiques pour ancrer le reste de sa vie dans la quête effrénée pour asseoir un Etat de droit et une véritable démocratie à laquelle il n'a jamais renoncé. Souvenons-nous de la marche historique du 2 janvier 1992 qui restera gravée dans la conscience nationale comme un éternel épisode de gloire. C'est dire combien son combat pour la démocratie a été immuable.
Face aux imposteurs de l'Histoire, il aura été et restera leur mauvaise conscience. Il demeurera à jamais le symbole de l'homme politique, du révolutionnaire, qui a toujours refusé d'être «souillé». Il sera l'homme du refus.
Demain, quand il rejoindra ses compagnons de lutte au Carré des Martyrs, quand son peuple l'accompagnera dans une communion totale, et insoumise, à sa dernière demeure, il entendra cette voix qui résonnera dans le ciel d'Alger:
«Entre ici Ait Ahmed, dans le Panthéon de l'Histoire et de la gloire éternelle...».

De Quoi j'me Mêle

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