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L’Algérie se distingue dans un monde en ébullition

Les secrets d’un pacifisme

« Il n’était pas question que le sang des Algériens coule. » C’était un engagement ferme pris par l’armée et il a été respecté.

Une flambée d’insurrections embrase la planète depuis plusieurs mois. Du sang et de la violence imprègnent les manifestations au Liban, en Iran, en Irak, en Catalogne, en Haïti, au Chili, en Équateur, à Hong Kong… Les morts se comptent par centaines et les blessés par milliers sans compter les pertes économiques induites par les saccages des émeutiers. Dans ce monde en pleine ébullition, un îlot de pacifisme se distingue : l’Algérie. Qu’est-ce qui distingue les manifestations algériennes des autres pays ? Carté, classé, qualifié et indexé comme étant un peuple de violents, voilà que les Algériens émerveillent le monde par leur pacifisme. Où réside le secret de ce comportement qui balaie tous les clichés jusque-là servis à satiété ?
Notons d’abord que le moteur commun de ces soulèvements à travers le monde est la dénonciation des inégalités économiques et sociales. Au Liban et en Irak, en Iran et dans d’autres pays, les mouvements de protestation en cours ont éclaté sur des revendications purement sociales.
La taxe sur WhatsApp au Liban jugée comme mesure de trop, a fait descendre les gens dans la rue. La hausse du prix des tickets de métro au Chili, les prix excessifs des carburants en Iran ont suffi à provoquer l’étincelle. C’est dire que la dimension socio-économique de ces mouvements a permis de mobiliser un vaste public issu de différentes classes sociales, et pas seulement les plus démunies. Chemin faisant, l’aspect politique s’est greffé à ces mouvements immédiatement après leur déclenchement, d’où cette exigence du départ des systèmes politiques dans ces pays en insurrection.
Or, en Algérie l’équation est totalement différente. De bout en bout, les causes du mouvement sont d’abord politiques. Les manifestants ne sont pas descendus dans la rue parce qu’ils n’en pouvaient plus de leurs conditions de vie, comme en Irak, en Iran, au Chili, au Liban…
Ce qui ne signifie nullement qu’ils se plaisent dans leur sort social et matériel. Ni qu’ils n’auraient aucune revendication à faire à cet égard. Bien au contraire, ils en souffrent.
Seulement, après neuf mois de manifestations, le mouvement ne véhicule aucune demande sociale, du moins dans les slogans brandis dans les rues. C’est l’une des particularités du cas algérien avancent certains observateurs. Elle en est une certes, mais elle n’est pas la plus importante. Ce qui distingue l’Algérie des autres pays est ce côté fondamentalement pacifique de son mouvement. Ce n’est pas un slogan creux, mais une réalité qui se vérifie sur le terrain et qui dure depuis 36 semaines. Voilà qui empêche toute identification avec ce qui se produit partout ailleurs dans le monde. Mais comment les Algériens ont-ils pu atteindre ce haut degré de pacifisme ? Tout comme l’ordre, le désordre est toujours construit à deux. Il y a une répression d’un côté, et en réponse, des actes émeutiers de l’autre. Or en Algérie, les lignes rouges ont été fixées dès le début des manifestations, le 22 février le slogan phare, en plus des revendications politiques a été «Djeich Chaâb Khawa Khawa» (Armée-peuple des Frères Ndlr).
Ayant parfaitement assimilé cette aspiration populaire, le commandement militaire a planté le décor dès les premières semaines qui ont suivi l’irruption du 22 février. L’armée a coupé l’herbe sous les pieds de ceux qui étaient tentés par le chaos. «Il n’était pas question que le sang des Algériens coule». C’était un engagement ferme pris par l’armée. N’est-ce pas que c’est un miracle que vient de réussir l’Algérie jusque-là en préservant le caractère pacifique des manifestations ? Depuis neuf mois chaque vendredi, les Algériens retiennent leur souffle, se tiennent le ventre et prient pour que les manifestations restent pacifiques. Pour le vice-ministre de la Défense, la décision de l’armée quant à la protection du peuple est irréversible quelles que soient les circonstances. «Une armée qui, soutient-il, ne prend aucune décision au désavantage du peuple et de la patrie et qui veille à ce qu’aucune goutte de sang algérien ne soit versée, n’en déplaise aux parties hostiles, qui sont dérangées par le caractère pacifique des marches.» Le serment a été respecté. C’est avec ce pacte que le peuple algérien et son armée ont eu le mérite d’inventer «le devoir du pacifisme».

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