Les politiques migrent vers le virtuel

Où sont-ils passés nos députés? C'est la question que se posent les Algériens en ces moments de crise sanitaire qui plonge le pays dans un climat d'inquiétude et d'incertitude. Depuis la mise en application de la décision des autorités publiques portant sur la fermeture de l'hémicycle en raison de la propagation du Covid-19 en Algérie, les députés des différents partis ont disparu des radars. «Je peux vous assurer que la majorité a rejoint sa famille. Certes, il y a des députés qui sont actifs, mais uniquement au niveau des cellules de crise installées au niveau des wilayas, surtout touchées par le coronavirus, mais ils ne sont pas nombreux», affirme un député de la wilaya de Béjaïa.
Hormis cette minorité qui tente de jouer au minimum son rôle, la plupart des «élus» découvrent les vertus des réseaux sociaux et exploitent cette occasion que leur offre le monde virtuel pour s'exprimer sur la situation dans le pays. Ces derniers n'ont pas jugé utile d'entamer des actions sur le terrain pour voir de près de quoi souffrent les citoyens qu'ils représentaient au Palais Zighoud-Youcef. Une fois en dehors du palais, l'activité des «élus» est réduite au «confinement total» pour la majorité, durant cette période où le peuple a besoin de ses «représentants» à ses côtés. Pas de «campagne de sensibilisation», pas de «visite dans leurs localités» pour s'enquérir de la situation des citoyens qui livraient bataille pour un sac de semoule. Désormais, le rôle du député se résume, en ces moments difficiles, à la publication sur les réseaux sociaux. Enfin, «l'éclipse politique» dans le monde réel ne date pas d'aujourd'hui, c'est un phénomène naturel en Algérie qui revient au début de chaque crise qui secoue le pays.
Au niveau local, agissant en dehors de leurs formations politiques, les élus locaux dans les grandes villes surtout, activent dans la sensibilisation des citoyens sur les dangers du virus et intensifient les opérations de nettoyage et de désinfection dans les quartiers, mais ces grandes villes ne sont pas l'Algérie. Qu'en est-il alors des localités les plus reculées du pays et qui ne disposent pas de moyens pour se protéger contre ce danger imminent? C'est là que le rôle de député doit être accentué, pour aider le citoyen lambda à sortir de cette situation en portant sa voix dans les hautes sphères de l'Etat pour lui venir en aide, mais...!
En effet, dans certaines localités du pays, surtout les plus pauvres, des citoyens ont décidé de se prendre en charge, sans compter sur les politiques, ni les pouvoirs publics. Le recours au confinement, dans ces régions, a été appliqué par les citoyens bien avant même l'annonce des décisions du gouvernement. Des barrages filtrants à l'entrée des villages, des campagnes de nettoyage, de solidarité entre les habitants. Les citoyens de ces régions revisitent le terroir et s'inspirent des pratiques anciennes basées sur la solidarité, l'entraide et l'autodéfense pour faire face aux dangers. Des méthodes qui ont démontré leur efficacité jusqu'à présent, en attendant les jours meilleurs.