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Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, à L’Expression

«Les libertés sont bien étoffées dans ce texte»

Réagissant à la publication de la première mouture de la révision de la Constitution, le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, qui a accepté de se prêter au jeu des questions-réponses, revient, dans cet entretien, sur les différentes propositions contenues dans ce document, notamment la garantie des libertés, la séparation des pouvoirs, l'officialisation de tamazight, mais surtout l'aboutissement d'une mouture finale, où les textes seront applicables.

Quelles sont pour vous, les axes nouveaux qu'introduit cette mouture de révision de la Constitution et leurs éventuels impacts sur la scène politique et la sociétSoufiane Djilali: Les amendements proposés par le Comité des experts touchent à tous les aspects que doit traiter une Constitution. La partie réservée aux libertés a été étoffée significativement. Cela va de la vie associative, aux manifestations et à l'action politique. De toutes les Constitutions, c'est celle qui garantit le mieux les libertés individuelles et collectives. Bien entendu, il faut ensuite codifier tout cela dans des lois qui détermineront avec précision la pratique au quotidien. C'est là, au final, qu'on jugera des véritables intentions du pouvoir.
Concernant la gestion du pouvoir, là aussi il y a des changements. Le régime redevient semi-présidentiel après avoir été hyperprésidentialiste. Le gouvernement sera désormais responsable devant le Parlement. Enfin, ce dernier reprend la plénitude de ses pouvoirs, puisque le président de la République n'interviendra plus par des décrets législatifs. En outre, ce sera une Cour constitutionnelle qui contrôlera la conformité des lois par rapport aux normes de la Constitution.

Quelles sont les propositions qui risquent, à vos yeux, de soulever de fortes divergences d'opinion?
En effet, il y a des propositions pas très heureuses. C'est le cas pour la possibilité du vice-président de remplacer le président de la République en cas de vacance et ce, jusqu'à la fin du mandat. De notre point de vue, un homme désigné à un poste ne peut prétendre assumer la présidence de la République. Il n'a pas la légitimité pour cela et il y aurait transgression du principe électif à ce poste.
Par ailleurs, il y a des possibilités d'aller un peu plus loin dans la composition de la Cour constitutionnelle qui reste largement dépendante des nominations directes. Jil Jadid souhaiterait une parité entre les membres élus et les membres désignés.
Concernant la justice, il est vrai qu'il y a une bonne option avec une plus grande autonomie de la gestion de carrière des magistrats qui se fera au sein du CSM et en l'absence du ministre de la Justice. Les magistrats sont de ce fait soustraits à l'influence directe de l'Exécutif. Cependant, il y a quelques efforts à faire dans le sens d'une meilleure garantie pour les justiciables. Nous ferons à ce sujet des propositions plus précises dans notre réponse officielle qui interviendra dans quelques jours.
Par ailleurs, l'officialisation de tamazight qui devient insusceptible d'amendement est une bonne chose. Vous aurez remarqué comment les réseaux se sont emparés de cette question qui, pourtant, n'est pas en débat. Imaginez si les amendements devaient toucher les questions de l'identité, de la langue et de la religion?

Comment voyez-vous l'édification du débat autour de cet avant-projet et sur quelle finalité est-il susceptible d'aboutir sur le terrain?
Il est très important que le maximum d'Algériens participe librement à ce débat. D'ailleurs, je m'attendais à ce que les journaux ouvrent des espaces pour les lecteurs; à côté des partis politiques et de la société civile, il serait bon que des citoyens sans attaches partisanes donnent leur point de vue. Nous sommes en réalité dans un processus constituant, tel que Jil Jadid en avait parlé dès 2017. C'est-à-dire que le processus d'amendement se fait dans le débat ouvert puis, au final, le peuple tranche lors d'un référendum national. Cela permet d'avoir les avantages d'une constituante mais sans ses inconvénients.
De toutes les manières, un Etat de droit s'appuie sur des textes de loi dont la qualité première est leur applicabilité. S'il s'agit juste de bons mots sans lien avec la pratique au quotidien, cela ne servira à rien. Un bon texte nous donnera une base pour ensuite gagner de bonnes lois et pour finir, une pratique politique morale et efficace. En tout cas, cela restera l'objectif essentiel de Jil Jadid.

Comment qualifierez-vous le timing choisi pour l'ouverture de ce chantier de la révision de la Constitution?
Sincèrement, le pays n'a pas beaucoup de choix. Il ne sert à rien de tergiverser. Il est vrai que le confinement n'aide pas, mais au final, nous subissons tous cette situation. Par contre, la situation socio-économique ne peut attendre. Or, les réformes économiques structurelles que doit assumer le gouvernement doivent avoir l'assentiment de la majorité. Sans réformes politiques et sans renouvellement des institutions, il ne peut y avoir un soutien populaire à une démarche économique. Donc plus vite l'Algérie règle les questions politiques, plus vite elle affrontera les problèmes du développement.

Pensez-vous qu'il y a des chances pour que le débat autour de la révision de la Constitution, aboutisse à une mouture consensuelle?
Nous sommes aujourd'hui dans un pays en pleine évolution. Cela signifie qu'il y a des tensions internes. Les Algériens ne répondent pas aux injonctions de la pensée unique et vont, de ce fait, diverger sur leur appréciation politique de cette Constitution.
Si par consensus on entend unanimité, cela n'est pas possible. Franchement, les 95% de «oui» n'ont plus aucun sens.
Un référendum libre et transparent, qui donnerait une majorité confortable entre 60 et 70% asseoirait une légitimité incontestable et permettrait ainsi un fonctionnement sans heurts notables des institutions de la République. Les élections législatives qui feraient suite au référendum verront la participation de tous, même de ceux qui aujourd'hui refusent le débat sur la Constitution.

Quel est votre commentaire sur les décisions prises par le Conseil des ministres tenu dimanche dernier? Notamment l'annulation du droit de préemption, les mesures économiques, et l'agenda de l'Education nationale?
L'Algérie a besoin d'une ouverture économique qui travaille ses intérêts. Il est intéressant pour nous de voir des investisseurs arriver dans le pays. L'essentiel est qu'ils produisent localement, fassent travailler la main-d'oeuvre locale, créent de la richesse. Pour cela, les détenteurs de capitaux ont besoin de sécurité. Par contre, pour le droit de préemption, il faut que l'Algérie le maintienne pour les secteurs stratégiques. Il doit y avoir un lien entre le 49/51 et le droit de préemption. Nous venons juste de sortir de l'épisode Anadarko. Il faut donc rester prudent sur des secteurs sensibles. Pour le reste, l'Etat algérien n'a pas à s'occuper de tout. L'initiative privée, bien encadrée juridiquement, doit pouvoir se déployer, y compris en association avec des capitaux étrangers. La Bourse devrait être réactivée et les privatisations se faire sur le marché. Concernant le calendrier de l'éducation, l'essentiel est de protéger la santé des citoyens tout en préservant une bonne formation. La perte d'un trimestre peut être récupérée au moins en partie par une meilleure gestion du temps sur la prochaine année scolaire.

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