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Lutte contre la corruption et ses ramifications mafieuses

Le lourd fardeau des juges

Un simple mouvement des magistrats peut faire étouffer un scandale ou causer l’égarement d’un dossier de corruption. Certains juges instructeurs ont justement peur de se voir muter avant de clôturer leurs dossiers.

Une lourde responsabilité pèse sur les épaules de la justice. Soutenant le Mouvement populaire pacifique qui a éclaté le 22 février dernier, ses hommes se sont lancés dans une lutte sans merci contre les corrompus et les véreux. Et c’est du gros poisson qu’ils ont «pêché» ! Deux ex-Premiers ministres, une vingtaine d’ex-ministres, des dizaines de walis, sénateurs, députés, élus sans compter les hommes d’affaires et de hauts cadres de la fonction publique. Et ce n’est là que la partie apparente de l’iceberg. Au fur et à mesure que les juges instructeurs poussent leurs investigations, le «pus» de la corruption remonte à la surface. Mais ces derniers affichent leur détermination à mettre derrière les barreaux tous ceux qui ont dilapidé les biens du pays. Réussiront-ils à le faire ? Certes, l’appareil judiciaire a bénéficié, dès le début de la révolution pacifique, du soutien du chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah qui a appelé à l’ouverture des enquêtes sur toutes les affaires qui ont mené à la ruine du pays. Elle bénéficie également du soutien du peuple au nom duquel elle rend ses verdicts. Mais est-ce que ces deux garanties suffisent à redonner confiance aux juges et procureurs pour ne point reculer ?

Ces lobbies infiltrés…
L’autre question importante est celle de savoir s’il n’existe pas d’autres entraves qui empêcheraient les juges enquêteurs d’aller jusqu’au bout de leurs investigations ? Ces questions s’imposent car le mal en Algérie est profond et il a eu un temps plus que suffisant pour s’enraciner. C’est ce qu’a reconnu d’ailleurs Ahmed Gaïd Salah. Le vice-ministre de la Défense avait, dans un de ses discours, accusé des «lobbies» d’être «infiltrés dans les institutions de l’Etat. «Je tiens à évoquer le défi majeur que constitue la lutte contre la corruption, qui possède aujourd’hui des ramifications politiques, financières et médiatiques, ainsi que de nombreux lobbies infiltrés au sein des institutions du pays», avait souligné le chef d’état-major de l’ANP, en mai dernier ajoutant que «la voie adoptée dans la lutte contre la corruption, qui a nécessité la détection et le démantèlement de toutes les mines posées dans les différentes institutions de l’Etat et leurs secteurs, s’appuie sur une base forte et solide». Ce qui confirme donc que des embûches peuvent être dans tous les secteurs ! Un simple mouvement des magistrats peut faire étouffer un scandale ou causer l’égarement d’un dossier de corruption. Certains juges instructeurs ont justement peur de se voir muter avant de clôturer leurs dossiers. Car ces derniers, même s’ils ne l’avouent pas publiquement, continuent de subir des pressions, surtout lorsque le scandale n’est pas assez médiatisé. Et à ce propos, il faut dire que la décision du parquet auprès de la Cour suprême de rendre publics régulièrement des communiqués pour tenir informée l’opinion publique sur l’évolution des enquêtes, des arrestations opérées et des chefs d’accusation retenus contre les hauts cadres corrompus, est un très bon procédé. Cela permet certes, de garantir une transparence de la justice, mais offre aussi une protection à l’homme de loi contre les pressions qui peuvent être exercées sur sa personne ou sa famille. Cependant, cette nouvelle manière de communiquer se limite aux affaires traitées par la Cour suprême alors que les affaires de corruption et de dilapidation relèvent de l’ensemble du territoire national.

La médiatisation pour se prémunir
Et c’est plus dans les localités reculées que les juges et procureurs ont besoin du soutien du peuple et de son œil vigilant pour veiller à ce que la loi soit appliquée à tous. Un exemple récent peut être cité à ce propos : le scandale de dilapidation du foncier touristique de la commune de Sidi Lakhdar dans la wilaya de Mostaganem. Il y a une vingtaine de jours, un article de presse, publié sur un média électronique, a fait état de «tentatives d’entraver l’enquête (…). Une enquête menée dans les règles de l’art et sans ingérences pourrait révéler l’implication de personnes haut placées, ce qui expliquerait les pressions pour étouffer ou circonscrire l’affaire». Des sources affirment qu’un ex-ministre, un wali et des cadres de la wilaya ont été convoqués par le juge instructeur, mais que ce dernier attend toujours le déplacement de certains d’entre eux. Si des preuves accablantes et irréfutables pèsent sur ces hauts responsables qui ont eu à administrer la wilaya, qu’est-ce qui empêcherait le parquet de rendre public un tel scandale afin de dénoncer toute tentative d’entrave ? Surtout que les habitants de Sidi Lakhdar ont déjà exprimé, en mai dernier, leur colère vis-à-vis des élus en organisant un sit-in sur la place de leur municipalité et en bloquant l’accès principal de la mairie. Un deuxième exemple est à donner. Celui de la juriste de Sonatrach dont le calvaire a été rapporté sur les colonnes du quotidien Le Soir d’Algérie. Certes, cette dernière ne fait pas partie du corps des magistrats, mais elle connaît la loi. Aujourd’hui, elle «est sous le coup d’une décision de licenciement pour avoir dénoncé les malversations et la mauvaise gestion de certains cadres» a écrit l’auteur de l’article citant la juriste étonnée «la logique aurait voulu que la direction générale ouvre une enquête pour confirmer mes déclarations et saisisse la justice. Il n’en est rien (…)». Les Algériens qui sortent chaque vendredi manifester, rêvent d’un réel changement et il faut le concours de tous pour que ce rêve ne se brise pas.

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