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Six mois ont passé depuis le début du mouvement populaire du 22 février

Le jour où tout a basculé

Le hirak a aujourd’hui, exactement six mois, une période suffisante pour marquer une halte et faire un bilan d’étape de ce miracle algérien recommencé chaque vendredi.

Soudain, le dégel. La vitrification de la société par un système qui a érigé la rapine, le clientélisme et la peur comme mode de gestion accuse ses premières fissures, le 16 février, à Kherrata avant de voler en éclats à Alger. Le peuple réduit en spectateur «défonce» la camisole et saisit les rênes de l’Histoire. C’était le 22 février dernier, le jour où tout a basculé. Aucun analyste, aucun intellectuel, encore moins les partis politiques, n’ont vu venir un pareil phénomène qui impressionne la planète entière par son ampleur, le pacifisme de l’action et la maturité de sa gestion. Jour pour jour, le Mouvement populaire a aujourd’hui, exactement six mois, une période suffisante pour marquer une halte et faire un bilan d’étape de ce miracle algérien recommencé chaque vendredi. Le premier constat est que les chancelleries étrangères observent une neutralité par rapport au déroulement des événements. Les Américains, les Français, les Russes ainsi que les autres partenaires habituels de l’Algérie s’interdisent toute ingérence. C’est entendu, il s’agit d’une affaire de famille.
Spectaculaire répétition de l’Histoire. Il y a de cela 63 ans le congrès de la Soummam de 1956 affirmait par la voix de son architecte Abane Ramdane que «la révolution algérienne n’est inféodée ni au Caire ni à Londres ni à Moscou ni à Washington». C’est le même esprit d’indépendance qui se répète aujourd’hui. Les Algériens disent unanimement non à l’ingérence étrangère. Par ailleurs, c’est le seul point que partagent les manifestants dans la rue et le pouvoir en place. A l’évidence, ce souverainisme farouche, solidement appuyé par l’armée doit remettre en cause bien des intérêts de certaines chancelleries. Mais cela ne signifie pas que le Hirak évolue en vase clos, déconnecté du monde. Sans être réfractaire aux autres expériences «étrangères», le Mouvement populaire algérien, par sa démarche, par ses particularités et ses singularités apporte une critique envers les modèles préconçus, quant à leurs bénéfices et à leurs limites. Les schémas classiques et les idées préconçues ne sont plus opérationnels. Le peuple algérien a démenti tous les scénarii pessimistes qui tablaient sur le chaos et démontré qu’il n’était pas constitué de brutes, violent et politiquement immature. Mieux, le Hirak algérien a tordu le cou aux fatalités historiques dans lesquelles l’Occident a toujours enfermé les pays du Sud. N’a-t-on pas voulu à tout prix arrimer ce mouvement phénoménal aux printemps arabes ? Pourtant, il le démontre même à travers ses slogans. Le fameux slogan «Asha’b yourid»… (Le Peuple veut…), scandé en Tunisie, Egypte, Libye, Yémen, Syrie et au Soudan n’est pas repris en Algérie. C’est plutôt «Lebled bledna w’endirou rayna» ( Ce pays est le nôtre, et c’est à nous de décider) a été plus spécifique aux Algériens. Dans cette même démarche d’aliénation on a tenté de nous expliquer que le Mouvement populaire vise à instaurer une deuxième République et nous voilà encore une fois ligotés dans un cadre de référence propre à la France. Encore que pour parler de deuxième République, «il faut d’abord que la première ait existé» s’est interrogé à ce propos l’homme politique Saïd Sadi.
Cependant, il subsiste une faiblesse, un tendon d’Achille à ce Hirak qu’il faut avoir le courage de souligner. Sa structuration. Les spécialistes en la matière sont unanimes à dire que les mouvements populaires aussi puissants soient-ils, ont besoin d’une structure pour formuler les luttes, leur donner du sens et fixer des objectifs. Qui interprète aujourd’hui les revendications et les objectifs du Hirak? Personne et tout le monde à la fois.
L’autre faiblesse et pas des moindres consiste à réduire ce miracle algérien à une lutte contre la corruption. Certes, elle doit exister, mais elle comporte en elle le piège de transformer un problème fondamentalement politique en une question légale et juridique. Le risque pour ainsi dire, est d’éluder les questions structurelles, le projet de société et la remise en cause des modèles de développement qui ont ruiné le pays.

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