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65 Anniversaire du déclenchement de la guerre de libération

Le jour du grand serment

Confisquée, manipulée, pervertie puis trahie, la Révolution a été sciemment soustraite de la connaissance des citoyens depuis le premier jour de l’indépendance.

Soixante-cinq ans après le premier coup de feu qui a fait écho aux cris de révolte d’un peuple opprimé, de lancinantes questions se posent toujours : qu’avons-nous fait de notre révolution ? Les Algériens ont signé l’une des plus glorieuses révolutions du dernier siècle. Mais qu’en ont-ils fait après ?
La guerre de libération a sonné le glas du colonialisme, de tous les colonialismes, libérant des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine où les peuples opprimés durent prendre exemple sur les Algériens. Rappelons-nous de l’Angola, du Mozambique, de la Guinée-Bissau, de la Rhodésie , l’actuel Zimbabwe, l’Afrique du Sud, du Vietnam, du Cambodge et de tant d’autres peuples pour lesquels l’Algérie n’a pas ménagé son soutien matériel et surtout politique afin de hâter leur libération. Que savons-nous fait cependant de cet acte qui a bouleversé la donne coloniale dans le monde ? Une Révolution devenue sujet d’études politique et militaire expliquant le miracle d’un peuple - soumis au Code de l’indigénat- armé de ses seules certitudes, qui pouvait déplacer les montagnes de l’empire colonial.
Face à l’ampleur de la tâche accomplie par ces héros qui ont rêvé juste, durant la nuit de la Toussaint, la patrie peut-elle se suffire aujourd’hui d’un simple hommage qui a fini par tomber dans la banalité ?
On pouvait s’attendre à ce que soient produits pour cet événement des milliers d’œuvres cinématographiques, artistiques, théâtre et livresques pour dire la Révolution, parler des hommes qui l’ont initiée, s’attarder sur les parcours contrastés des uns et des autres. Qui sont ces hommes? Quel a été leur destin avant la Révolution, après l’Indépendance ? Quels films, quels livres les ont immortalisés ? Combien de conférences et débats pour dire la symbolique du 1er novembre, ses faits d’armes ? Quel mémorial a-t-on édifié en souvenir de la Révolution et des hommes qui l’ont conduite? Beaucoup de questions en vérité, peu de réponses, hélas… Depuis l’indépendance, une chape de plomb s’est abattue sur cette séquence noble de notre histoire. Confisquée, manipulée, pervertie puis trahie, la Révolution a été sciemment soustraite de la connaissance des citoyens depuis le premier jour de l’indépendance. Voulait-on peut-être bâtir une Nation sans mémoire…
Les jeunes Algériens qui avaient entre 20 et 30 ans en 1953 baignaient dans une grande incertitude doublée d’une profonde déception. Leurs aînés qui incarnaient leurs espoirs de liberté se déchiraient dans le cadre d’un PPA écartelé entre les centralistes affiliés à Mustapha Lahouel et les messalistes restés fidèles à Messali Hadj. L’OS (Organisation secrète ) avait été démantelée par la police coloniale et la plupart de ses membres jetés en prison. En plus de cette dépression sociale s’ajoutaient un état de délabrement du pays et une effroyable misère à laquelle avait été réduit le peuple algérien. La quasi-majorité de la population était au chômage. Ceux qui travaillaient étaient exploités, soumis à un régime d’esclavage, contraints à une double journée de travail de 10 à 12 heures par jour pour un salaire humiliant. Enfin, le tableau était complété pour la misère et l’avilissement social d’un côté, les sensibilités identitaires et religieuses de l’autre.
Ce sont autant de conditions qui ont rendu possible l’option de la résistance armée devenue presque inévitable en 1954. Quelques mois avant la déflagration du 1er Novembre 1954, le prestigieux quotidien français Le Monde pontifiait sous un gros titre en affirmant que l’Algérie restait une oasis de paix dans un Maghreb en flammes. Il faisait allusion au Maroc et surtout à la Tunisie avec les actions croissantes des «fellagas».
Le Monde ignorait que l’apparente passivité des «indigènes» n’était qu’une posture les aidant à survivre. Il ignorait surtout que n’importe quel Algérien pouvait attester du rêve de la délivrance massive par les armes, pour peu que l’occasion se présente, était une obsession. Cette jeunesse des années 1950 a pourtant rêvé de conquérir l’impossible. Il y a de cela 65 années. Que nous inspirent encore les Ben Boulaïd, Krim Belkacem, Ben M’hidi, Boudiaf, Didouche, Bitat ? Ils avaient entre 20 et 30 ans en 1954.

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