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Les marchés à bestiaux à trois jours de l’Aïd

Le Covid-19 plombe les prix

Il n’est que 6 heures du matin et le soleil brille de ses rayons brûlants du mois de juillet. Les chalands commencent à arriver et les regroupements se forment déjà autour des troupeaux serrés de moutons.

Des éventuels acheteurs qui ne se pressent pas du tout, vu l'offre qui dépasse de loin la demande. Dans ce point de vente qui est le seul à encore commercer dans cet ancien marché, le respect des mesures barrières contre le Covid-19 se fait selon les moyens. Notre présence sur place nous a fait constater qu'il est vraiment difficile de respecter les consignes sanitaires dans cette ambiance. Les regroupements qui se forment autour des bêtes rendent presque impossible d'observer la distance de sécurité d'un mètre.
Dans un point de vente situé dans la ville de Draâ Ben Khedda, fortement sollicité par les chalands, la présence des regroupements est quasi permanente au point où la distance d'un mètre nécessaire ne peut être respectée. «Je ne pense pas qu'on puisse respecter la distance de un mètre ici. Se regrouper à 10 ou à 15 autour d'un troupeau de moutons et négocier les prix est une opération qui rend impossible le respect de cette mesure. Alors comme vous le voyez, moi je me suffis de mettre la bavette et tout le monde heureusement est visiblement en train d'en porter une» nnous répond un homme à la cinquantaine venu s'enquérir des prix.
D'autres personnes affirment qu'elles avaient essayé de faire respecter cette mesure, mais en vain. Au début, je demandais aux gens d'observer la distance vis-à-vis de moi. Certains s'excusaient et acceptaient ma recommandation, alors que d'autres ne semblaient guère entendre. Puis le temps passe et je me surprends à coller aux personnes à côté de moi pour entendre le vendeur. Et enfin, j'ai constaté qu'il m'est impossible de respecter la distance et encore moins de la faire respecter», avoue un autre acheteur qui s'est rendu à l'évidence de se suffire de la bavette.
Des prix prohibitifs
Nous avons toutefois constaté que beaucoup de personnes portaient les bavettes. «Même si je respecte la distance d'un mètre, je ne peux pas obliger les autres à le faire. Mais le port de la bavette est possible et facile pour tout le monde. C'est d'ailleurs ce que je constate depuis que je suis dans ce marché», affirme notre interlocuteur.
Après des mois de confinement, les bourses ont été lézardées. Dans les marchés, il n'y a pas un grand engouement pour l'achat du mouton de l'Aïd cette année. «Oui, comme vous le voyez, il y a plus de curieux que d'acheteurs. Les gens ne font que demander les prix et s'en retournent. Pourtant, le mouton n'est pas cher cette année», reconnaît un vendeur. «Moi personnellement, je ne peux pas m'offrir un mouton cette année. Je n'ai pas de quoi le payer. Ça fait des mois que je n'ai pas travaillé. Alors acheter un mouton relève de l'impossible», reconnaît un citoyen venu juste par curiosité.
La baisse de la demande a eu raison des prix. Beaucoup de vendeurs le reconnaissent d'ailleurs. Ils ont dû baisser les prix presque de moitié pour pouvoir vendre quelques moutons. «Beaucoup de pères de familles ont décidé de ne pas acheter cette année, parce qu'ils n'ont pas les moyens. Le confinement de plusieurs mois a laminé les bourses. «C'est justement le budget réservé au mouton que j'ai dépensé pendant le confinement. Alors cette année je fais une croix sur le mouton» Affirme un autre citoyen venu demander le prix.
En effet, à bien observer, les prix sont en baisse cette année. Les moutons qui coûtaient l'an dernier 60 000 ou 70 000DA ne sont vendus cette année qu'à 45 ou 50 000 DA. «Vous voyez bien que je baisse les prix au maximum pour vendre. Cette année, nous ne vendons pas bien et c'est tout à fait normal avec cette conjoncture difficile financièrement pour les familles», affirme un vendeur dans un point de vente à Oued Aïssi.
Pauvres bêtes!
Par ces journées caniculaires, nous avons observé beaucoup de points de vente informels sous le soleil torride. Les pauvres bêtes suffoquent dans la chaleur et sous le soleil, sans aucun couvert pour faire de l'ombre. «Mettre des moutons dans cet endroit sous les rayons brûlants du soleil toute la journée est un crime. Les services de sécurité doivent intervenir pour éviter à ces pau-
vres bêtes cette souffrance. Où sont passés les services vétérinaires?», se demande un citoyen qui a demandé au vendeur de trouver un moyen afin de faire de l'ombre. «Les bêtes souffrent sous ce soleil mon ami. Pourquoi tu les laisses ainsi» l'interpelle-t-il. En effet, beaucoup de citoyens s'élèvent contre cette pratique. Pour nos interlocuteurs, les bêtes souffrent sous le soleil comme les humains et les vendeurs doivent se soucier du bien-être de ces dernières. Beaucoup se demandent d'ailleurs, pourquoi les services vétérinaires n'interviennent pas sur ce volet pourtant important pour la santé des moutons. Enfin, notons que cette année, la fermeture de nombreux marchés a engendré une prolifération accrue des points de vente informels. Ce qui rend difficile le contrôle de la qualité de la viande. Les services de la DSA ont, pour leur part, ouvert 22 points de vente contrôlés, mais qui manquent de moyens. Durant notre tournée, nous avons constaté que la demande n'est pas si forte sur le mouton. Cette situation a engendré une remarquable baisse des prix. Les citoyens n'ont en effet pas de moyens de s'offrir un mouton après des mois sans travail.
Le confinement a eu des répercussions sur les bourses qui commencent juste à retrouver un peu de répit, suite au retour en activité du transport de voyageurs. Pour l'observateur, les jours qui restent avant l'Aïd, les choses ne risquent pas de changer. La tendance va rester la même, selon tous les vendeurs que nous avons interrogés. «Cette année, l'offre dépasse de loin la demande et ce ne sera pas durant les deux jours qui nous séparent l'Aïd que les choses vont changer», affirme un vendeur dépité par le nombre de moutons vendus et les prix imposés par la conjoncture.

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