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Elles ont largement participé au Mouvement populaire

Le combat ignoré des algériennes

De la reine dyhia à l’héroïne djamila bouhired en passant par fatma n’soumer, la femme algérienne a toujours été à l’avant-garde du combat.

Depuis le 22 février dernier, la femme algérienne mène une révolution sur plusieurs fronts ! Elle est matraquée, agressée et insultée. Elle, dont le délit n’est autre que celui de crier «liberté», «démocratie» et «vive l’Algérie», Elle subit encore de nos jours les affres de la misogynie sévissant dans la société et des injustices du pouvoir qui, d’ailleurs ne datent pas d’aujourd’hui.
Tassadite Yacine tempête : «Doit-on et peut-on encore se permettre d’ignorer la place des femmes dans notre société alors qu’elles ont été présentes tout au long de notre histoire aux côtés des hommes, depuis Carthage jusqu’à l’annulation des élections en 1991 ?» Elle relève : «Trois moments dans notre longue histoire ont marqué l’histoire de notre pays : déjà sous Carthage elles se sont délestées de leurs bijoux pour aider les leurs. En 1871, elles se sont dépouillées de leurs bijoux pour aider, à payer le tribut de guerre que les Kabyles devaient payer à la France. Puis en 1963, pour le fameux «Senduq tadamun», où elles se sont senties concernées pour renflouer les caisses de l’Etat et aider la cause nationale autant que les hommes (avec leurs propres bijoux). Et enfin que dire encore du rôle héroïque qui a marqué l’histoire des femmes à l’échelle internationale, entre 1954-1962 ? Je ne citerai pas les héroïnes du passé lointain et plus récent qui se sont levées pour défendre leur terre contre le conquérant comme Dihya au VIIe siècle, Fadhma n’soumer (1857), Ourida Meddad (1954). Tous ces faits n’ont pourtant pas œuvré pour une égalité hommes- femmes comme dans tout pays en phase avec son époque.»

Un avenir meilleur avec la femme
Mais, malheureusement, dans la foulée ou en arrière-plan du Mouvement populaire «le Hirak», lors du regroupements de la société civile ou de rencontres de partis politiques, il s’avère qu’on retrouve dans les débats, les mêmes pratiques d’exclusion de la femme, dont les thèmes, de surcroît, engagent l’avenir de tout un peuple. Or, le fait est que cette exclusion tire sa logique et sa légitimité non pas du système tant décrié, ou de la main étrangère, mais du Code même de la famille dont la réforme demeure la première revendication de la femme algérienne.
Peut-on espérer sortir de cette crise et embrasser un avenir meilleur sans que la femme ne soit associée aux débats et à la prise de la décision ? De quel Etat peut-on alors parler ? Et de quel projet de société est-il question ? Quel dialogue pourrait-on alors développer ? N’est-il pas urgent pour les protagonistes, chacun en ce qui le concerne, de tout repenser en se remettant d’abord en cause ? N’est-il pas temps que, par exemple, Abdellah Djaballah, ou d’autres se mettent face à une femme et prêtent l’oreille et s’inspirent de son savoir et de sa lucidité populaire ?
Dans son œuvre «La Guerre de 2000 ans», Kateb Yacine évoque et décrit ce que représente pour nous la femme et pour eux (ceux qui répriment la femme) : «Ils s’étonnent de vous voir dirigés par une femme. C’est qu’ils sont des marchands d’esclaves. Ils voilent leurs femmes pour mieux les vendre. Pour eux, la plus belle fille n’est qu’une marchandise. Il ne faut surtout pas qu’on la voie de trop près. Ils l’enveloppent, la dissimulent, comme un trésor volé. Il ne faut surtout pas qu’elle parle, qu’on l’écoute. Une femme libre les scandalise, pour eux je suis le diable.» Les femmes algériennes qui crient dans les rues «système dégage», sont, sinon des mères de famille instruites et d’une grande éducation, des maîtresses d’école ou professeures d’université, magistrates ou médecins, ou alors, au bas mot, étudiantes dans toutes les facultés de l’enseignement supérieur! Les femmes qui crient «khawa… khawa» «sylmiya…. sylmiya» ou «Assemblée constituante», «à bas la mafia», «transition», «dialogue», «modernité», ne sont ni des folles ni des égarées, elles sont plutôt psychiatres et psychologues. Les femmes qui crient : «Soyez pacifistes, continuez, mais doucement et on y arrivera, aujourd’hui, demain ou après-demain, résistez», celles-là sont nos mères, nos sœurs, voire nos grands-mères. Faut-il ouvrir la tombe de notre Histoire ?

La tombe de l’Histoire ?
Déconseiller ou conseiller : si l’on remonte dans notre histoire millénaire, il faut dire que nous sommes l’un des rares peuples à avoir été conduits par une femme, sur le terrain des guerres, comme sur celui des joies et de la noblesse. On n’en a pas à se justifier, l’Histoire de l’humanité en témoigne. Doit-on parler de la reine Tin Hinan, bien avant les Cléopâtre ? Des reines, des princesses, des guerrières, défilent en boucle comme un film sur l’écran de notre histoire. Notre respect pour la femme, ça ne se discute pas, c’était écrit déjà : Cléopâtre Séléné, fille du célèbre général romain Marc Antoine, dont l’histoire retient combien elle se dévouait sans compter pour le bien-être de son peuple qui, à son tour, la vénérait tellement, qu’à sa mort il lui rendra la bonté de l’abriter à jamais dans le Mausolée royal de Maurétanie, aujourd’hui appelé «Tombeau de la Chrétienne», à Cherchell. C’était la femme de Juba II, illustre roi berbère.

Dihya, la reine des Aurès
Passons aux guerrières, doit-on leur rappeler Dihya, la reine des Aurès (La Kahina pour les Arabes), qui, à la tête de ses troupes, avait fait face aux Omeyyades, lors de «la conquête de l’Afrique du Nord». Doit-on réveiller de sa tombe Fadma N’soumer, alors qu’elle avait à peine 25 ans quand elle avait déclaré la guerre aux bataillons du maréchal Randon ! Surnommée par la France coloniale «La Jeanne-d’Arc». Faut-il rappeler que Fadma N’soumer avait été mandatée par sa tribu pour la représenter au conseil de guerre initié par Boubaghela, contre la France coloniale. Sa révolte menée de front et sa condition de femme dans un pays de confession musulmane lui avaient valu d’ailleurs, le titre de son image : de quasi-sainte, même auprès de ses ennemis. La France coloniale la surnomma «la Jeanne d’Arc du Djurdjura».
Mohamed Méchatti, membre de la réunion des 22, initiée par Boudiaf et Ben Boulaïd, membre actif de la Fédération de France du FLN, nous confia un jour : «Le sacrifice de nos femmes au cours de la guerre de Libération dépassa de très loin celui des militants qui activèrent pourtant, eux aussi, avec une grande abnégation au sein de la Fédération de France du FLN. La machine révolutionnaire avait exigé des femmes militantes des sacrifices qui vont parfois au-delà de simples actions militantes et pourtant parfois ô combien héroïques. Pour le respect de leur dignité, il n’est pas séant de raconter ici dans le détail ces sacrifices dédiés à la libération de la patrie. On peut néanmoins rappeler comment des chanteuses et des danseuses algériennes faisaient les bistrots parisiens alors qu’en réalité c’est le FLN qui prenait les recettes versées ensuite à la Cause nationale. Pour ne citer qu’elles, les chanteuses Hanifa et Bahia Farrah s’étaient investies dans la collecte des cotisations des militants en plus de leurs prestations artistiques dans le milieu communautaire, dont les recettes allaient au trésor de guerre du FLN. Toutes ces femmes ont assurément apporté une contribution inestimable à la cause de notre combat libérateur.»
La révolution française avait ses inventions : la guillotine ! Djamila Bouhired avait connu ses couloirs, Maître Vergès en avait assuré la défense. Elle vit encore, elle se souvient de ses jeunes femmes enseignantes qui avaient défié au prix de leurs vies le terrorisme, sous toutes ses formes, il y a à peine une quinzaine d’années ! De haut de ses 84 ans, elle bat encore le pavé et se met devant des manifestants ! A l’adresse des manifestants comme aux agents des services de sécurité, elle sourit et fond à la fois en larmes.

Combat libérateur
Mes enfants, dit-elle, l’Algérie mérite mieux ! Auréolée de couleurs nationales qui enveloppent les rues algériennes, elle conduit la marche, Djamila Bouhired n’est-elle pas, à elle seule, notre drapeau ? N’est-il pas dit que notre drapeau est conçu par les doigts d’une femme ? Et puis, que connaissait l’homme au métier du tissage il y a quelques décennies ? Djilali Leghima, ancien responsable de la Fédération de France et membre fondateur du FFS, témoigne, de quoi est-elle capable la femme algérienne : «on avait comme pari d’envelopper Paris avec le drapeau algérien et fêter le 5 Juillet, jour de la proclamation de notre indépendance, nous, la Fédération de France active à Paris, avions acheté 1200 mètres de tissu pour confectionner des drapeaux, on ne parle pas des initiatives privées car tous les foyers algériens se sont endettés pour acheter soit des machines à coudre, soit du tissu. Toutes les femmes algériennes ne dormaient pas et confectionnaient des drapeaux, une petite semaine avait suffi pour que la femme algérienne enveloppe Paris avec son drapeau, fait avec art et mesure.»

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