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47e vendredi de mobilisation

La rue maintient la pression

Comme chaque vendredi, depuis plus de 47 semaines, les Algérois se mobilisent et réitèrent leurs revendications.

A la place des Martyrs, le ton est donné dès la matinée. Le mythique café Tantonville grouille de monde. Il faut le dire que pour un habitué du quartier, ce rendez-vous matinal est sacré, en particulier le vendredi. Il leur permet de s’organiser pour la manifestation du jour, même si comme le signale l’un d’entre eux, ils ont leurs petites habitudes. «Mes amis et moi après 46 semaines de manifs, je pense que désormais nos vendredis sont réglés comme du papier à musique», affirme un jeune homme, visiblement un peu pressé de voir du monde. Malgré le froid, la basse Casbah qui « alimente » la place des Martyrs en manifestants, tient toujours ses promesses et reste fidèle à elle-même. Odeur de couscous, vendeurs ambulants, pères et mères de familles couffin à la main... Cela dit, ces scènes du quotidien de la «ruelle des mariées», jusqu’au marché Bougrina sont particulièrement intenses le vendredi. Tout le monde presse le pas, veut finir tôt ses tâches, pour pouvoir être à l’heure pour la manifestation populaire. D’ailleurs, les vendeurs ambulants, tous enfants du quartier, se taquinent entre eux : «Aller madame achetez un peu de fromage de chez Ahmed, s’il n’ écoule pas son stock, il ne partira pas à la marche.» Il faut dire que dans cette partie historique de la capitale, l’esprit révolutionnaire et celui du 22 février se manifestent partout.
Sur les murs des tags sur lesquels nous pouvons lire «votre silence est une partie de notre histoire» ou encore «Algérie hasta la muerté» (Algérie jusqu’à la mort ). Ou le fameux «Yetnehaw gaâ» (ils partirons tous) parlant des individus impliqués dans le régime de Bouteflika.
Il faut attendre les coups de midi pour que le calme revienne en maître absolu à l’ex-rue de la Lyre. Seuls les retardataires à la prière du vendredi pressent le pas. Toute la capitale sombre dans un calme religieux... La khoutba de l’iman retentit au loin de la rue Didouche Mourad, où des centaines de citoyens sont déjà prêts à battre la pavé pour la 47e fois consécutive. Doudoune, bonnet, drapeau et pancarte sont la tenue d’apparat des jeunes. Au loin, à hauteur de la rue Khelifa Boukhalfa, d’autres groupes de citoyens font le guet en silence et sous la pluie. Ils attendent la fin de la prière pour entamer la marche.
14h30 : le premier slogan «Algérie libre et démocratique », indique que la manifestation peut commencer. Les gens affluent de toutes parts, scandant leur hostilité aux «décisions de ces dernières semaines». Hind, une jeune femme d’une trentaine d’années, qui a déjà sorti son téléphone pour un live sur Facebook déclare «on veut le changement, pas à moitié, mais dans le fond». Hind n’est pas la seule à affirmer cela, son amie Ania également. Les deux jeunes femmes se sont rencontrées, lors des premières mobilisations citoyennes. Et depuis, elles sont devenues inséparables «c’est ça la magie du Hirak aussi, les Algériennes se sont rencontrées les unes avec les autres», disent-elles.
Le cortège des manifestants poursuit son chemin, hommes, femmes et enfants. En chœur, ils chantent et scandent la liberté, la démocratie et la justice sociale. D’ailleurs au hit-parade des slogans de cette semaine : la libération des détenus, la séparation du politique et du militaire, pas de dialogue avec les résidus du système Bouteflika. Ce rendez vous hebdomadaire de contestation a aussi été marqué par l’actualité. Des citoyens ont improvisé des débats publics pour décortiquer la commission mise en place par le président pour amender la Constitution. «Le Hirak doit se maintenir, c’est notre seule moyen de pression.» Ce point semble faire l’unanimité chez les manifestants «La pression» pour Salim militant indépendant, c’est avant tout une démonstration de force collective, le Hirak c’est aussi la mise à nu de l’échec des politiques et des oppositions, il sert aujourd’hui de manivelle et son maintien est positif». Beaucoup de questions ont été soulevées. Lors des débats spontanés, la question du contexte régional et mondial a été soulevée. Les manifestants rappellent, par ailleurs, le «refus de toute forme d’ingérence dans les affaires de l’Etat par une force étrangère». Mais cela n’empêche pas que l’ensemble des citoyens sur place exprime sa solidarité avec le peuple libyen. D’ailleurs pour Salim, l’ensemble des peuples africain devrait se mobiliser contre cette nouvelle forme de colonialisme.

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