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33e mardi des étudiants

La protesta continue

Les forces de l’ordre ont cette fois-ci changé de tactique, en renforçant de manière drastique leur portail sécuritaire.

C’est sous un dispositif sécuritaire hermétique que s’est déroulée, hier, à Alger, la 33e marche consécutive des étudiants. La manifestation hebdomadaire observée chaque mardi par ces derniers essentiellement, a donc été émaillée ce mardi, par des interpellations. La marche a été dispersée.
Les forces de l’ordre ont cette fois-ci changé de tactique, en renforçant de manière drastique leur portail sécuritaire. Le but étant d’encercler les manifestants, de sorte qu’ils ne puissent cheminer vers les grandes placettes de la capitale, comme ils ont l’habitude de le faire.
Pourtant, tout était bien parti pour que la marche se déroule pareillement à celles des semaines précédentes. Vers les coups de 10 h du matin, les contestataires se sont rassemblés comme à l’accoutumée à la fameuse place des Martyrs.
A ce stade, les policiers étaient déjà postés et formés en petits blocs dans le but d’empêcher les manifestants d’avancer. Au point de départ de ce qui était à ce moment-là, une petite procession, les éléments de la police, largement en supériorité numérique, ont commencé à disperser la petite foule. Quelques manifestants ont quand même pu trotter quelques mètres de plus, pour arriver du côté de la rue Ali- Boumendjel. Les agents de police se faisaient de plus en plus présents aux abords des trottoirs, fermant toutes autres voies telles que les petites ruelles, ne laissant ainsi qu’un seul axe de libre. Il faut dire que leur tâche a été facilitée par une assez faible mobilisation. Des personnes de toutes catégories rejoignaient graduellement le rassemblement. Arrivés au niveau de la place Emir Abdelkader, les manifestants étaient plus nombreux, mais beaucoup moins que d’habitude. Les forces de l’ordre avaient donc l’ascendant sur les contestataires. Et c’est là, que les choses ont commencé à se corser. S’ensuit alors une bousculade assez musclée entre les protestataires et les policiers. Les premiers essayaient péniblement de franchir le cordon de sécurité, tandis que les seconds usaient de leurs battes pour repousser les manifestants.
Pour éviter d’engager des affrontements dangereux, des étudiants criaient au reste de la procession de s’en tenir au caractère pacifique (silmiya) de la marche et de ne pas tenter de forcer le cordon sécuritaire. A ce moment, le reste de la foule acquiesce et rebrousse chemin, pour repartir à zéro. Mais un nouveau bloc sécuritaire empêche la foule de passer. S’ensuivra une véritable cacophonie. Les manifestants font des va-et-vient, sur l’axe de la rue Larbi-Ben M’hidi, sans trouver une issue pour contourner les éléments de la police.
Enfin, en s’éparpillant à gauche et à droite, les citoyens ont finalement pu revenir près de la statue de l’Emir Abdelkader, scandant vigoureusement les slogans habituels.
Des personnes âgées étant sur place et n’ayant pas été épargnées par les bousculades se sont à leur tour insurgées contre de telles pratiques. Quelques minutes après, les policiers ont pu disperser les manifestants qui étaient sur place, car moins nombreux que d’habitude. Ces derniers sont partis, chacun de son côté, dans le calme, et n’ont pas réussi à suivre l’itinéraire habituel de la marche du mardi.
Cependant, les forces de l’ordre ont été déployées sur pratiquement tout le centre d’Alger, et ont déjà empêché dès la matinée, des manifestants de rejoindre la marche, notamment s’il s’agit d’étudiants.
Le scénario algérois n’a pas été enregistré dans d’autres villes du pays où, là aussi, l’affluence n’était pas celle des grands jours. Dans certaines wilayas, comme Bouira et Annaba, l’on n’a pas constaté le moindre attroupement de citoyens. Par contre dans d’autres villes, à l’image d’Oran, Béjaïa et Tizi Ouzou, les processions bigarrées où l’on voyait des personnes de tout âge et condition, ont pu circuler sans aucune gêne et accomplir leur marche et se sont dispensées dans le calme sans que l’on n’ait enregistré le moindre incident. L’on aura tout de même constaté dans les villes où les manifestations ont eu lieu une réelle baisse de fréquentation. A croire que les marches ont beaucoup perdu de leur attrait, notamment celles des mardis où il a été constaté une sérieuse baisse de l’élément estudiantin.
Il reste que les marcheurs qu’on peut estimer à quelques milliers sur l’ensemble du territoire national n’ont rien perdu de leur détermination. Les mêmes slogans d’Alger ont été scandés à Oran et Tizi Ouzou. Il convient de souligner que le «carré des irréductibles», qui passe pour être le «cœur battant du Mouvement populaire», entretient la flamme qui se ravivera peut-être au lendemain de l’élection présidentielle, pour porter un autre discours, d’autres préoccupations, exprimés par d’autres slogans. En attendant, force est de constater que ce 33e mardi de mobilisation a signé le début d’une pente descendante en matière de mobilisation. Les marcheurs eux-mêmes qui disent comprendre cet état de fait, ont conscience de l’impératif d’un retour à la stabilité institutionnelle. Ils divergent sur les moyens d’obtenir cette stabilité, mais dans les propos des uns et des autres, on sent bien une réelle disposition à rester dans les limites du pacifisme et un secret espoir que la présidentielle puisse se tenir dans les meilleures conditions possibles pour que le Mouvement populaire puisse repartir de plus belle dans une Algérie stabilisée. En fait, à travers les villes qui ont vu les manifestations se tenir, l’on a bien senti qu’il reste un fond d’espoir de voir le pays sortir vite de sa crise. La chute de la mobilisation n’est pas du tout une mauvaise nouvelle, mais traduit la pluralité des opinions devant une donne électorale qui prend, chaque jour, un peu plus d’importance dans les discussions des Algériens.

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