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Entre laïcité et islamisme, les Algériens ont déjà tranché

La polémique des extrêmes

L'Algérie ne sera jamais totalement laïque, selon l'approche française du concept, ni totalement islamiste, comme le voudraient les Frères musulmans.

Le directeur général des Archives nationales, conseiller auprès du président de la République, chargé des Archives nationales et de la mémoire, Abdelmadjid Chikhi, a mis le doigt sur un aspect assez peu connu du grand public. Il a affirmé que l'écriture de l'Histoire algérienne a totalement négligé l'aspect religieux. Le propos, tenu dans le cadre d'une conférence sur le rôle des zaouïas, est d'un historien émérite, dont les compétences sont largement reconnues. Abdelmadjid Chikhi invite donc à une vision plus élargie de l'Histoire du pays. Il préconise, pour ce faire, «une nouvelle méthodologie à adopter par les historiens et les sociologues dans l'écriture scientifique de l'Histoire». Un vaste programme qui ouvrira, à n'en pas douter, d'immenses perspectives, mais dans le même temps, donnera de l'Algérie une image plus complète.
Une approche rationnelle et objective de l'Histoire de l'Algérie apportera, selon le directeur des Archives nationales, des réponses à de nombreuses questions que se posent les Algériens, quant à l'origine de l'islamisme politique qui s'exprime sur la scène nationale, le poids réel des zaouaïs dans le façonnement de la personnalité algérienne, les véritables contradictions qui ont traversé la société entre une vision de l'Association des Ouléma et les différentes zaouïas. Ce qu'on sait de cet aspect de l'Histoire du pays nous a été transmis par les militants des différents mouvements politiques du temps de la colonisation et quelques éditoriaux triés sur le volet de la revue El Bassaïr, réduisant ainsi le spectre de lecture des événements de l'époque à sa plus simple expression.
À quelques jours du 66e anniversaire du déclenchement de la Guerre de Libération nationale, force est de constater que les Algériens n'ont pas une vision claire du rôle joué par les associations religieuses et les zaouïas dans le maintien de la cohésion sociale sous le joug colonial. Il est important de définir la place réelle de ces associations dans l'Histoire du pays, pour trouver des réponses à des questionnements actuels, tel que le concept de laïcité, défendu par certains et diabolisé par d'autres. Même si les premiers militants pour l'indépendance ne se recrutaient pas parmi les confréries religieuses, il n'en demeure pas moins que l'appel du 1er novembre fait explicitement référence à l'islam et le cri de guerre des moudjahidine était Allah Ouakbar.
Cette association entre un combat prioritairement politique et un fondement religieux qui s'est parfaitement adapté à l'exigence de la révolution, a construit la personnalité algérienne. Celle-ci admet parfaitement la modernité, sans renier l'importance de l'apport spirituel. Mais le fait qu'on ne connaisse pas vraiment le véritable rôle de la sphère religieuse, amène certains politiciens à vouloir tirer la couverture vers eux, selon qu'ils soient islamistes radicaux ou laïcs tout aussi radicaux. Cela conduit à des polémiques régulières, à chaque rendez-vous politique majeur. Et le référendum sur la révision constitutionnelle apporte une illustration parfaite de cette dichotomie très algérienne, mais qui, en réalité, n'a pas à exister, puisque l'Algérie ne sera jamais totalement laïque, selon l'approche française du concept, ni totalement islamiste, comme le voudraient des partis acquis à l'idéologie des Frères musulmans.
Cela pour dire qu'un travail objectif sur l'Histoire du pays peut faire triompher la troisième voie, celle du juste milieu: un Etat moderne avec des institutions et des lois humaines, qui vouent un respect sans faille à la religion du pays. C'est peut-être cela la véritable mission de l'article 2 de la Constitution, qui dérange certains et que d'autres trouvent très insuffisant pour affirmer l'islamité de l'Algérie.
L'historien Abdelmadjid Chikhi ouvre, à travers sa proposition, une très intéressante perspective, à même de donner un véritable second souffle à la nation qui en a véritablement besoin. Et pour cause, l'historien estime que «l'Algérie a besoin d'une sociologie dynamique et efficace et non statique, de manière à se projeter vers l'avenir».
Il fera observer que «les sociologues français qui ont étudié la société algérienne avaient axé sur le principe de «séparer pour régner», tout en mettant en valeur les «futilités» au sein de la société». Il s'agira pour les historiens et les sociologues algériens de déminer le terrain et faire en sorte de sortir définitivement du piège des extrêmes entre islamistes et laïcistes. L'Algérie n'est ni l'un ni l'autre. On le sent, mais on a aussi besoin que nos historiens le déterminent.

De Quoi j'me Mêle

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