La grande victime de la pandémie

La saison estivale 2020 tire sa révérence. Malheureusement, sans prendre avec elle son lot de détresse, de peur, et de larmes qu'elle a charriées pendant tout l'été. On en hérite les statistiques morbides au quotidien, les décomptes d'amis et de proches perdus. Elle nous a légué la manière de composer avec le désespoir.
Frontières internationales fermées, les transports entre wilayas à l'arrêt, confinement, sorties proscrites, avions cloués au sol, navires bloqués dans les quais, rideaux baissés pour les agences de tourisme et de voyages, hôtels fermés. En somme, c'est tout l'appareil économique qui est paralysé, et presque tous les secteurs d'activités sont sinistrés, et plus particulièrement celui de l'hôtellerie et du tourisme, en aval de toutes les autres activités. Emplois et croissance ne pouvaient être au plus bas.
Seul contenir la pandémie était le but tracé pour tous afin d'éviter l'aggravation de la situation en matière de santé.
Les initiatives prises dès les premiers effets de la pandémie, et dans la perspective des saisons touristiques à venir, sont les premiers actes de résilience. Ceux d'abord d'un Comité de pilotage opérationnel pour la préparation de la saison estivale. Initié par le Groupe hôtellerie, tourisme et thermalisme, en étroite collaboration avec la compagnie Air Algérie, il s'était fixé comme ambition de rassembler l'ensemble des acteurs majeurs de la scène touristique afin de mettre en place un dispositif particulier pour la relance des activités touristiques, dans un contexte de crise sanitaire mondiale, aussitôt que les conditions de sécurité sanitaire le permettraient.
Ainsi, hôteliers publics et privés, transporteurs, aérien et ferroviaire, opérateurs du voyage sont réunis pour structurer une offre à contenu et tarifs attractifs et compétitifs. Un comité qui réunirait également en son sein des experts selon leur spécialisation, en termes de thématiques, de filières d'activités ou de connaissances des données et des enjeux touristiques territoriaux. Le tout pour faire un état des lieux, circonscrire toute l'incidence de la pandémie sur l'activité touristique et faire toutes suggestions aux pouvoirs publics pour alléger les charges de gestion, pallier au manque de recettes et toutes autres formes d'aide pour la relance des activités.
L'implication et la mobilisation des membres et la qualité des réflexions font porter les ambitions du Comité de pilotage opérationnel au-delà de la seule saison estivale. C'est désormais l'ensemble de l'activité touristique qui est visée puisque l'arrêté ministériel qui l'a institué lui confie la mission d'incubateur d'idées et une force de proposition pour la relance du secteur.
Du fait de la levée du confinement à compter du 15 août dernier concernant l'activité hôtelière et touristique et l'autorisation d'accès aux plages, la saison estivale a vu sa durée réduite à une quinzaine de jours.
Dans l'attente des bilans chiffrés de la saison dans les centres balnéaires, ou de ce qui en est resté, il faut dire que les dispositifs de préparation de l'après-confinement mis en place par le Comité de pilotage opérationnel depuis mai 2020 ont permis une meilleure prise en charge des séjours des estivants en termes de sécurité et de santé en référence au protocole sanitaire mis en place.
L'été 2020 a été, par ailleurs, une saison de grande effervescence au sein des corporations des voyagistes. Des débats, des échanges parfois vifs, mais souvent constructifs ont marqué les rencontres entre les voyagistes. Cela signifie-t-il une prise de conscience des enjeux et augure-t-il d'un renouveau dans le mouvement des agences de voyages? Mais, à quelque chose malheur est quelquefois bon. Cet été de toutes les misères, a permis d'aboutir à une évidence. Celle de l'inéluctabilité de l'option pour le tourisme domestique. Un choix aux multiples avantages. Celui de préserver grandement les ressources en devises et d'assurer une offre nationale pour répondre à la consommation locale et, en même temps, capable de susciter une demande internationale.
Que cette saison touristique estivale sombre dans l'oubli. L'heure est désormais à la saison saharienne.
Les acteurs du tourisme sont prêts pour de nouveaux défis. Ceux de la réussite.