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La rue l’avait particulièrement ciblé

La fin d’un autre symbole

L’Algérie aura vécu un événement inédit en 57 ans d’indépendance.

L’arrestation de Ahmed Ouyahia est un épisode central du feuilleton algérien, dont la rue a écrit le premier épisode, un certain 22 février 2019. Lorsque les jeunes des quatre coins du pays étaient sortis pour s’opposer au cinquième mandat, Ahmed Ouyahia occupait la fonction de Premier ministre. Et c’est en cette qualité qu’il avait brandi la menace du scénario syrien. Sa réplique qui se voulait, dans son propos, préventive, s’est retournée contre lui, et le Hirak qui a, depuis son fameux discours à l’APN, gagné en pacifisme et en civisme, l’a particulièrement chargé. Il ne fallait pas beaucoup d’imagination pour le faire détester des Algériens. L’homme avait suffisamment d’adversaires pour faire l’unanimité contre lui, jusqu’à voir son plus proche collaborateur le critiquer en public. Son limogeage par l’ancien président de la République après deux vendredis de manifestations populaires, était le premier signe d’une descente aux enfers. Les Algériens l’ont sorti de leurs slogans après la démission de Abdelaziz Bouteflika, mais la justice, libérée par le Hirak et l’ANP, l’a remis au-devant de la scène. A chaque convocation, l’homme se rapprochait de l’inéluctable. En témoin, il passe très vite au statut d’accusé et, hier, il perd provisoirement sa liberté. Il est entendu qu’il bénéficie de la présomption d’innocence, mais il sera difficile de convaincre les Algériens de s’en tenir à ce principe de justice. En retirant Ouyahia du circuit politique, les décideurs ont certes apporté une première réponse aux millions de manifestants, mais c’est bien la justice qui donne le coup de grâce à une longue carrière à l’ombre du système. Les Algériens qui ont fini par l’associer à tous leurs malheurs, voient certainement dans son incarcération une preuve de l’écoute des décideurs qui ont laissé la justice suivre son cours. De fait, cette arrestation qui ouvre une nouvelle page dans le déroulement du mouvement populaire, sera très commentée par les Algériens. On en saura, sans doute plus, sur son impact, lors du 17e vendredi de mobilisation populaire. Les marches de demain intégreront aussi les auditions d’aujourd’hui de Abdelmalek Sellal, Abdelkader Zoukh et d’autres hauts commis de l’Etat.
En deux jours, l’Algérie aura vécu un événement inédit
en 57 ans d’indépendance. L’ampleur de l’action judiciaire est telle, qu’il va falloir s’attendre à une réaction massive de la rue. Avec Ouyahia et ceux qui seront entendus aujourd’hui, c’est tout le pendant politique du système qui sera incarcéré, donc immanquablement décapité. Une décapitation qui entraînera le démembrement du RND, «alibi» du pouvoir. Sans Ahmed Ouyahia à sa tête et compte tenu de la conjoncture, il n’aura aucune raison d’exister. La fin politique et même sociale de Ouyahia est véritablement un événement de portée «historique». C’est officiellement la fin d’une époque.

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