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Ahmed Bensaâda à L’Expression

«La communication en temps de pandémie est cruciale»

Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Ahmed Bensaâda, revient sur le concept de communication en temps de crise. Il pointe les défaillances constatées dans ce domaine et ouvre des pistes pour les corriger.

L'Expression: Quelle est la stratégie idoine pour avoir une politique de communication efficace face à des situations de crises majeures comme c'est le cas pour le coronavirus qui frappe la planète?
Ahmed Bensaâda: Il est évident que la communication joue un rôle primordial dans les moments cruciaux que traverse tout pays. Dans le cas du Covid-19, il s'agit d'une crise d'envergure mondiale qui a touché de manière dramatique de nombreux pays parmi les plus développés du monde. Et même dans ces pays de nombreuses défaillances en matière de communication ont été observées. A titre d'exemple, on peut citer la comparaison du coronavirus avec une simple grippe saisonnière ou le fait qu'il n'était dangereux que pour les personnes âgées. Cette «mauvaise» communication a donné un message erroné à des populations entières et nous voyons actuellement le désastre que cela provoque dans certains pays. Cette pandémie a montré que la communication doit être non seulement centralisée (porte-parole du gouvernement, ministère de la Santé, etc.) pour éviter les messages contradictoires, mais elle doit surtout être basée sur la science et soutenue par des spécialistes reconnus de la santé. Il s'agit d'un problème de santé publique et en ce sens, aucun espace ne doit être donné ni aux charlatans ni aux rebouteux. Finalement, la communication doit être transparente, claire et pédagogique pour éviter les mauvaises interprétations et les théories fallacieuses.
En Algérie, la pandémie a poussé les pouvoirs publics à agir d'une manière qui reflète le stade 3. Quelle est l'attitude la plus forte et la plus ferme en communication pour parer à l'exacerbation de la pandémie?
La décision du gouvernement algérien de passer au stade 3 est résolument très sage. En plus, les décisions concernant la fermeture des commerces, le confinement total de la wilaya de Blida et celui partiel de la wilaya d'Alger sont aussi raisonnables que responsables. Mais une question se pose: pourquoi avoir attendu autant de temps? Mieux vaut tard que jamais, bien sûr, mais l'expérience chinoise a montré que le confinement total d'une région de plusieurs dizaines de millions d'habitants a été une des mesures les plus efficaces pour juguler la pandémie. D'après les spécialistes, ce protocole est un exemple à suivre pour tous les pays et l'Algérie aurait dû suivre cette procédure dès que les premiers cas ont été enregistrés. Autre question: pourquoi le confinement de la région d'Alger est-il partiel et non total? Les responsables de la communication doivent fournir des explications réfléchies et plausibles. Et qu'en est-il des autres villes touchées par la pandémie? Quels sont les critères scientifiques, sanitaires et médicaux sur lesquels les pouvoirs publics se basent pour confiner une région et pas une autre? C'est de cette transparence que doit être drapée la communication dans ce moment de crise.
D'autres annonces mettent en lumière une communication hasardeuse. Par exemple, un des membres du gouvernement a été testé positif au Covid-19. Pourquoi cacher son identité alors que celles de la plupart des responsables politiques internationaux infectés par le virus font les manchettes des journaux? Dans cette même veine, le ministre de la Santé algérien a annoncé que «L'Algérie va utiliser un médicament produit localement contre le coronavirus» sans en divulguer le nom. Alors que de multiples équipes de recherche médicales travaillent de concert à travers le monde pour trouver des remèdes pour contrer la prolifération de ce virus, l'Algérie tait le nom d'un médicament à sa population. La communication doit être le reflet de ce nouvel esprit engendré par le Hirak qui a, rappelons-le, bouleversé la vie politique algérienne.
Comment faire pour imposer la discipline via une communication coordonnée et faire preuve de respect des consignes sans interférences extramuros?
L'imposition d'une discipline pour le respect des consignes énoncées par le gouvernement doit être un judicieux dosage entre l'éducation et la coercition. Comme il est impossible de placer un représentant de la loi derrière chaque citoyen, l'éducation et le civisme doivent avoir une place prépondérante. Pour y arriver, tous les acteurs de la vie sociale, en l'occurrence les médias d'information, les influenceurs sur les réseaux sociaux, les membres de la communauté artistique, les organismes communautaires, les acteurs de la vie civile, etc. doivent être tous mobilisés dans cette optique.
Nous avons tous constaté que le Hirak - en particulier à ses débuts -a été internationalement salué pour son pacifisme et son aptitude à mobiliser des foules dans un but noble, unanimement accepté par le peuple algérien. Qu'est-ce qui empêcherait les personnes qui étaient derrière le Hirak d'oeuvrer dans un sens aussi honorable que la préservation de la vie de nos citoyens? Un Hirak bis pour l'intérêt suprême de la nation, quelle belle mission! Finalement, il est important que d'éventuelles informations parallèles ne viennent pas parasiter la communication officielle.
La Toile pullule de personnes sans aucune éducation qui prétendent avoir découvert des remèdes contre ce virus ou qui mettent en doute l'utilité de la fermeture des mosquées avec des arguments qui ne font pas appel à la raison et à la science. Dans ce cas aussi, l'éducation est importante. Mais la coercition n'est pas à exclure dans certaines situations où la vie des citoyens est mise en danger pour des motifs fallacieux.
Cette pandémie a montré que le virus ne fait pas de différence entre les êtres humains quelles que soient leurs origines, leurs religions ou leurs croyances. Il faut donc se le dire: c'est l'humanisme qui doit guider notre rapport avec l'Autre. Qu'Allah préserve notre pays ainsi que tous les êtres humains sur Terre.

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