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Le professeur Taïeb Mustapha, chef du service chirurgie de l’hôpital de Aïn Taya, à L’Expression

«Il ne faut pas baisser la garde!»

Le professeur Taïeb est un chirurgien connu et reconnu dans la profession. Avec cette crise sanitaire, il a adapté le service qu'il dirige afin de pouvoir accueillir les malades atteints du Covid-19. Dans cet entretien, il nous parle de la prise en charge de ces malades tout en faisant un constat de la situation sur le terrain. Le professeur nous parle également d'un avant et après coronavirus. Tout en appelant les Algériens à rester très vigilants, particulièrement durant ce mois de Ramadhan. Une interview à lire et à relire sans modération...

L'Expression: Bonjour professeur Taïeb. Alors, comment se présente l'épidémie de coronavirus?
Professeur Mustapha Taïeb: Dans notre pays le nombre de cas confirmés est à 3382 et celui des décès à 425.
Ces chiffres, comparés à ceux de l'Occident pourraient faussement nous rassurer et «faire baisser notre garde». Je pense sincèrement que les mesures de confinement prises précocement et à bon escient dès le départ ont joué en notre faveur. Il faut donc rester très vigilant, particulièrement durant ce mois de Ramadhan.

Ce virus a-t-il encore une grosse marge de progression?
Plusieurs experts affirment connaître la structure du virus, son génome, ses récepteurs d'attachement. Dans notre pays, nous maîtrisons mieux les descriptions cliniques de la maladie Covid-19 (polymorphisme des infections émergentes). Nous en saurons un peu plus sur la réponse immunitaire que génère le patient atteint. Nous devons impérativement capitaliser l'expérience des équipes des CHU de Blida et Béni Messous. Par contre, la communauté scientifique s'inquiète sur plusieurs points d'incertitude. à l'heure actuelle, on ne peut pas expliquer les disparités de réaction selon le sexe, les causes exactes du faible impact de cette maladie sur les enfants. Pourquoi certains malades font des formes graves d'emblée? à l'heure actuelle, on ne peut avancer qu'un malade guéri de la maladie ne peut être réinfecté. La maladie n'est a priori peut-être pas immunisante. Une personne guérie n'est donc pas certaine d'avoir généré les anticorps à un niveau qui lui permettra de ne plus retomber malade si elle croise à nouveau le virus. Faut-il craindre une saisonnalité de cette épidémie?

Pensez-vous que nous avons pris les mesures nécessaires pour freiner cette épidémie?
Oui, le terrain est là pour le prouver. Il y a eu des flops compréhensibles car pour nous c'était une situation inédite. Nous avons, dès le début, dû faire face à certains de nos collègues pusillanimes, à des problèmes d'ordre organisationnel et matériel etc. L'Algérie a mis en place des mesures extrêmement tôt. En parallèle, le gouvernement a instauré un plan de confinement de la population avec notamment l'interdiction des rassemblements et la forte «recommandation» de ne pas sortir de chez soi - sauf motif essentiel. Sur ce dernier point, il faut bien reconnaître que de nombreux Algériens n'ont pas respecté la consigne. Comme l'Algérie n'avait pas les moyens de se lancer dans des tests de masse, elle s'est lancée dans une stratégie avec comme priorité d'isoler les malades et de rechercher toutes les personnes avec lesquelles ces malades ont pu entrer en contact, de façon directe ou indirecte. C'est également le cas de tous les voyageurs en provenance de l'étranger, placés immédiatement en quarantaine 14 jours.

Le service que vous dirigez accueille des malades du Covid-19. Comment se passe leur prise en charge?
Il fallait d'abord surseoir, non sans peine, notre activité chirurgicale à froid pour libérer un maximum de lits. Nous avions pu hospitaliser 22 malades dans le service de chirurgie, six en unités de réanimation post-opératoire. Les malades admis en service conventionnel étaient tous testés positif sauf un qui présentait des lésions tomodensitométriques fortement révélatrices. Nos patients étaient soit asymptomatiques, soit présentant des signes mineurs respiratoires, digestifs, etc. Tous nos patients étaient sous zythromax, hydrochloroquinine et lovenox. Les patients étaient soumis à une surveillance stricte clinique (fréquence respiratoire, fréquence cardiaque, saturation en O2, etc.) biologique (bilan rénal, hépatique, inflammatoire). Un électrocardiogramme est réalisé régulièrement pour détecter les effets secondaires de type cardiaques de l'hydrochloroquinine. Une psychologue passait quotidiennement voir nos patients. L'évolution de nos patients est jusqu'à l'heure actuelle favorable, leur sortie est imminente juste après la cure et les bilans d'usage. Tous les malades «compliqués» sont admis en unité réanimation post-opératoire.

Dans un autre registre, le personnel médical est aux avant-postes. Quelles sont les mesures que vous avez prises afin d'assurer leur sécurité?
Mon souci premier était d'abord la protection de mon équipe soignante de première ligne. Il fallait la protéger coûte que coûte, et nous l'avons fait grâce aux équipements disponibles dans notre hôpital et surtout à la magnifique solidarité de certains de nos compatriotes qui nous ont pourvus de combinaisons, sur blouses, camisoles, visières, etc. Je ne les remercierais jamais assez. Je voudrais saluer le rôle déterminant de notre directrice de l'établissement qui n'a ménagé aucun effort pour nous accompagner dans cette tâche. Ensuite, il fallait dispenser d'une formation et information succinctes sur les modalités de ports, de retraits et d'éliminations des équipements individuels de protection. Nous avons mis en place une organisation de travail avec par exemple un circuit sécurisé pour le personnel soignant, un espace dédié pour le port d'équipements de protection individuels adaptés, une gestion des déchets générés par l'activité de soins, etc.

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