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Première mandature de Abdelmadjid Tebboune

Il faut se débarrasser du syndrome hollandais

Abdelmadjid tebboune doit redonner confiance, asseoir un Etat de droit par la bonne gouvernance, lutter contre la corruption et faire de l’Algérie une économie diversifiée.

La révision constitutionnelle annoncée doit s’insérer dans le cadre de la réforme du système politique. L’économie est fondamentalement politique comme nous l’ont enseignée ses fondateurs, notamment Adam Smith, David Ricardo, Karl Marx, Joseph Schumpeter et plus près de nous les prix Nobel de sciences économiques attribués pour certains aux institutionnalistes entre 2000-2018. Les réformes, fondement de la transition socio-économique renvoient à la refondation de l’Etat qui implique de saisir les tendances réelles de la société algérienne face tant aux mutations internes, que mondiales. La refondation de l’Etat pose fondamentalement la problématique de la moralisation de la société algérienne renvoyant à l’actualité des analyses ibn khaldoudiennes de décadence de toute société anémique : méditons les expériences du syndrome hollandais (corrélation entre l’aisance financière et la corruption généralisée) , la Roumanie communiste qui avait une dette extérieure zéro, mais une économie en ruine et une misère croissante et récemment la semi-faillite du Venezuela premier réservoir pétrolier mondial.
Selon les rapports des organismes internationaux, l’Algérie, malgré des textes juridiques louables, que contredisent quotidiennement les pratiques, est classée comme un pays connaissant un taux de corruption très élevé. C’est pourquoi, les hommes d’affaires tant nationaux qu’étrangers, du fait du manque de visibilité dans la démarche de la réforme globale et dans le manque de clarté dans la gouvernance, se réfugient dans des segments de court terme (importation, infrastructures, notamment en fonction du programme de soutien à la relance économique ), sans risques, étant assurés d’être payés du fait de l’importance des liquidités bancaires et des réserves de changes non-fruit du travail, mais essentiellement dues à l’envolée des prix des hydrocarbures.
Ainsi, l’Algérie est fortement dépendante tant des biens de consommation finale, que de la majorité des entrants tant des entreprises publiques, que privées, (taux d’intégration inférieur à 15-20%) et assistant paradoxalement à l’exode massif de ses cerveaux du fait de leur dévalorisation avec l’importation de l’assistance étrangère dont le poste au niveau de la balance des paiements atteint un niveau intolérable (10-11 milliards de dollars/an entre 2016-2019 ) qui s’ajoutent à l’importation des biens dont toutes les mesures bureaucratiques n’ont pas permis la baisse substantielle (45-
46 milliards de dollars 2016-2019), encore que le montant de l’endettement extérieur qui, grâce aux remboursements par anticipation, est faible (1-2% du PIB). Le divorce entre les objectifs et les moyens de réalisation (faiblesse des capacités d’absorption) entraîne un gaspillage des ressources rares, avec une mauvaise gestion que l’on voile par de l’activisme et sans bilan réel,(comme la règle des 49-51%), une fuite en avant dans des projets non maturés, ensuite mal faits, souvent réévalués expliquant le faible taux de croissance non corrélée à l’importance de la dépense publique (moyenne de 3% entre 2010-2019).
Du «soutien» à la Justice
L’autonomie des pouvoirs locaux ne signifie pas autonomie de gouvernement, mais un acte qui renforce la bonne gouvernance en renforçant le rôle de la société civile, que seules des actions d’intérêts communs doivent légitimer et non le soutien de l’Etat. La refondation de l’Etat, pour ne pas dire sa fondation comme entité civile, passe nécessairement par une mutation profonde de la fonction sociale de la politique. La fin de l’Etat de la mamelle, puis celui de la légitimité révolutionnaire, signifie surtout que le pouvoir bienfaisant ou de bienfaisances inauguré comme contrat politique implicite par les tenants du socialisme de la mamelle afin de légitimer l’échange d’une partie de la rente contre la dépendance et la soumission politiques et qui efface tout esprit de citoyenneté active, ce pouvoir doit céder la place à un pouvoir juste, justicier et de justice. C’est la norme du droit qui reprend sa place pour légitimer le véritable statut de la citoyenneté nationale.
La refondation de l’Etat ne saurait se limiter à une réorganisation technique de l’autorité et des pouvoirs. La gouvernance est une question d’intelligence et de légitimité réelle et non fictive. Cela implique des réaménagements dans l’organisation du pouvoir devant poser la problématique stratégique du futur rôle de l’Etat largement influencé par les effets de la mondialisation dans le développement économique et social, notamment à travers une réelle décentralisation.
L’implication du citoyen dans le processus décisionnel qui engage l’avenir des générations futures, est une manière pour l’Etat, de marquer sa volonté de justice et de réhabiliter sa crédibilité en donnant un sens positif à son rôle de régulateur et d’arbitre de la demande sociale. L’image de la commune-manager repose sur la nécessité de faire plus et mieux avec des ressources restreintes. Il n’y aurait donc plus de place pour le gaspillage et le droit à l’erreur, ce qui exclut obligatoirement le pilotage à vue, au profit des actions fiabilisées par des perspectives de long terme d’une part et les arbitrages cohérents d’autre part, qu’implique la rigueur de l’acte de gestion. Ce qui nous amène à aborder les fondements politico-institutionnels démocratiques, la refonte du système partisan et la société civile.
La société civile, un acteur central
La leçon essentielle de l’élection du 12 décembre 2019 est le fort taux d’abstention et surtout la descente aux enfers des partis traditionnels, depuis des décennies au pouvoir, à savoir le FLN et le RND, mais ne devant pas réjouir les partis de l’opposition qui n’auraient pas fait mieux. En raison des crises internes qui les secouent périodiquement, du discrédit qui frappe la majorité d’entre eux, de la défiance nourrie à leur égard et à l’endroit du militantisme partisan, se pose cette question si les formations politiques- pouvoir et opposition sont dans la capacité aujourd’hui de faire un travail de mobilisation et d’encadrement efficient, évitant un affrontement direct citoyens-forces de sécurité et donc de contribuer significativement à la socialisation politique et donc d’apporter une contribution efficace à l’œuvre de redressement national, assistant souvent à leur déconnexion par rapport à la vitalité de la société toujours en mouvement.
L’implication de la société civile dans les affaires de la cité est un acte éminemment civilisationnel, qui intègre les changements d’une société en pleine mutation, et une manière d’aboutir à un projet de progrès. Sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traversent et sa relation complexe à la société et à l’Etat ajoutent à cette confusion et rendent impérative une réflexion collective. En raison de la jeunesse très grande de la société civile, des conditions historiques qui ont présidé à sa naissance et des évènements tragiques qu’a connus notre pays et auxquels elle a été directement ou indirectement associée, la question qui touche à sa mobilisation doit être traitée avec une attention et une vigilance soutenues. Constituée dans la foulée des luttes politiques qui ont dominé les premières années de l’ouverture démocratique, elle reflètera les grandes fractures survenues dans le système politique national. Sollicitée à maintes reprises et à l’occasion d’échéances parfois cruciales, cette dernière manifestera souvent sa présence d’une manière formelle et ostentatoire, impuissante presque toujours à agir sur le cours des choses et à formuler clairement les préoccupations et les aspirations de la société réelle.
La rente freine l’économie
Toute nation qui n’avance pas recule forcément de niveau de vie comparé aux profondes transformations mondiales C’est dans ce cadre que le défi du président peut se résumer ainsi : soit une véritable stratégie d’adaptation à ce monde turbulent et instable, de profondes réformes afin de favoriser le développement durable ou une régression de l’Algérie tant dans le domaine économique, social, politique et militaire dans la mesure où le véritable pouvoir économique mondial et l’influence diplomatique au niveau de la diplomatie repose sur une économie forte où les deux pivots du développement du XXIème siècle sont la bonne gouvernance et la maîtrise du savoir, étant l’aube de la quatrième révolution économique mondiale 2020-2030. Il n’est plus permis aujourd’hui de faire l’impasse sur le rôle que des acteurs résidents, mus puissamment par des intérêts organiquement liés à la distribution de la rente, qui ont pu à un moment où à un autre peser dans un sens franchement défavorable aux réformes politiques et économiques.
De même qu’il n’est plus possible, du point de vue de l’analyse aussi, d’occulter le rôle que d’autres acteurs, externes ceux-là, ont pu jouer dans un sens tout aussi défavorable, motivés qu’ils étaient eux aussi par la défense d’intérêts de groupes ou de personnes que la poursuite d’un commerce hautement lucratif rendait allergiques à toute velléité de changement et de réformes. Des acteurs internes aussi bien que des acteurs externes ont agi clairement dans le sens contraire, encourageant et défendant, par des moyens divers, la mise en œuvre de réformes dont la nécessité n’échappe à personne. Comme il n’est plus permis d’ignorer la nécessaire adaptation de l’Algérie face aux nouvelles mutations mondiales dont son devenir est dans l’espace euro-méditerranéen et africain explicitement. Aussi, les réformes en profondeur du fonctionnement de la société algérienne et non des replâtrages organisationnels, impliquant d’analyser avec lucidité les relations dialectiques des réformes et les segments de la production de la rente (Sonatrach) et celui de sa redistribution (système financier), bouleversent des intérêts, les gagnants de demain n’étant pas forcément ceux d’aujourd’hui. Lorsque la valeur de la rente des hydrocarbures s’accroît, paradoxalement les réformes sont freinées et l’on assiste à une redistribution passive de la rente pour une paix sociale éphémère avec l’extension de la corruption et une concentration excessive du revenu national au profit d’une minorité rentière. Ce couple contradictoire rente/réformes explique fondamentalement l’instabilité juridique et le manque de cohérence et de visibilité dans la réforme globale.
La solution se trouve dans le dialogue productif avec des concessions réciproques entre le pouvoir, l’opposition et la majorité de la société civile représentative. Car dans le cas du retour au FMI courant 2022, il serait utopique tant pour le pouvoir, l’opposition et que pour le Hirak de parler d’indépendance sécuritaire, politique qu’économique. Nous aurons alors des incidences géostratégiques négatives de déstabilisation de la région méditerranéenne et africaine que ne souhaitent ni les USA ni l’Europe ni d’ailleurs aucun Algérien patriote, comme je l’ai souligné dans deux interviews. [email protected]

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