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Le professeur Taïeb Mustapha, chef du service chirurgie de l’hôpital de Aïn Taya, à L’Expression

«Il faut augmenter notre niveau de conscience»

Le professeur Taïeb est un chirurgien connu et reconnu dans la profession. Avec cette crise sanitaire, il a adapté le service qu'il dirige afin de pouvoir accueillir les malades atteints du Covid-19. Dans cet entretien, il nous parle du deconfinement et ses préludes. Il insiste sur le respect des mesures barrières contre le Covid-19 et déplore le relâchement de la population, par rapport à ces mesures. Le professeur leur lance un appel fraternel pour sortir au plus vite de la crise.

L'Expression: Bonjour professeur Taïeb. La reprise de certains commerces décidée par les autorités est-elle un prélude pour le déconfinement?
Le professeur Mustapha Taïeb: Une très bonne question qui mérite une grande réflexion. En fait, le déconfinement ne doit être envisagé que si la situation sanitaire le permet et seulement dans ce cas. Seules les données scientifiques doivent être prises en compte. De plus, il doit se préparer dans la sérénité et la transparence. Cela ne peut être possible qu'avec l'implication de tous. Il faut insister inlassablement sur les mesures barrières: respect des mesures de distanciation sociale, le port du masque, et les mesures d'hygiène. Ce qui n'est pas le cas actuellement, notamment depuis le début du mois sacré du Ramadhan où l'on a remarqué un certain relâchement de la population.
Il suffit de sortir dans la rue pour remarquer, par exemple, que le nombre de personnes qui portent un masque a grandement diminué. 

Justement, quel message adressez-vous aux Algériens?
Il faut qu'ils restent vigilants! Il ne faut surtout pas qu'ils baissent leur garde. C'est vrai que cela est difficile, ça peut paraître pesant à la longue. Mais il s'agit de leur santé et celle de leurs proches. Alors, je voudrais que chacun d'entre nous, chaque Algérien fasse un effort d'introspection qui se doit être libératrice, pour augmenter notre niveau de conscience à propos de la personne que nous sommes et de ce que nous voulons.
Cette introspection permet aussi d'identifier les obstacles qui s'interposent dans notre évolution personnelle et collective. Les environnements actuels sont, dans leur grande majorité, très aliénants. Ils nous déconnectent de nous-mêmes et nous poussent à regarder uniquement vers l'extérieur.
Ils nous imposent une forme d'être et de désirer, qui ne coïncide pas nécessairement avec ce que nous sommes véritablement. Cela mène à un mal-être constant. Notre mal-être ne provient-il pas du fait que nous paraissons être au lieu d'être? La philosophie classique a longtemps distingué entre l'être et le paraître comme on distingue le superficiel du profond. En fait, nous n'avons pas une image «juste» de ce que nous sommes réellement, mais une image «rectifiée» en fonction de ce que nous croyons être. C'est donc un travail que nous devons faire sur soi-même afin d'en finir le plus vite possible avec cette pandémie.

Vous parlez d'un avant et après-coronavirus. Etes-vous inquiet pour l'avenir de l'Algérie?
L'Algérie est un pays magnifique, libéré au prix d'innombrables sacrifices.
L'Algérie est un pays riche, d'abord par sa jeunesse désireuse de s'émanciper, de s'ouvrir au monde. Riche par ses terres fertiles (ou du moins ce qui en reste) qui, utilisées de façon rationnelle et optimale, procureraient inéluctablement une indépendance alimentaire, avec comme corollaire une industrie agroalimentaire.
Riche par ses milliers de kilomètres de côtes (pêche, tourisme, sport) que nous envient tous nos voisins du Bassin méditerranéen... Riche par nos régions du Sud qui ont subjugué des milliers de touristes étrangers venus contempler la majesté de nombreux sites... Je pourrais continuer inlassablement des heures durant à allonger la longue litanie des richesses de notre pays. Vous remarquerez qu'à aucun moment je n'ai cité le pétrole, qui, contrairement aux autres richesses naturelles de notre pays, saines et pérennes, est une richesse éphémère et polluante. Elle a pollué la planète et plus, grave, les esprits. Vous comprendrez, que pour nous en sortir il faut se remettre au travail. Le travail est avant tout une valeur sociale. Il permettra de créer, produire, entretenir des biens et des services. Notre salut passera par le travail. Le travail est certes, une peine, mais il y a une finalité libératrice.

De Quoi j'me Mêle

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