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MARCHES, ORGANISATION ET PROJETS POUR L'ALGÉRIE DE DEMAIN

Chronique d'un beau rêve populaire

La génération de 1962 a gagné la guerre pour ensuite perdre l'indépendance. Celle d'aujourd'hui est en passe de gagner la guerre sans livrer bataille.

La rue algérienne crie sa joie et rappelle à nos aînés les lendemains de l'indépendance. Sauf que la génération de 1962 a gagné la guerre pour ensuite perdre l'indépendance. Qu'en sera-t-il de celle qui est en passe de gagner la guerre sans livrer bataille au moment où le régime fait semblant de faire des concessions?
Le jeu est complexe pour les deux parties, peuple et pouvoir, qui ne manquent pas de bonne conduite: les opinions nationale, régionale et internationale se réjouissent de l'attitude des uns comme des autres.Les manifestations deviennent un lieu de communion non seulement entre les manifestants eux-mêmes, mais aussi avec les services de sécurité. Mieux encore, les islamistes n'avaient pas soufflé mot sur les femmes qui, lors des grandioses manifestations du 8 mars, avaient troqué leur hidjab pour le hayek ou nuire à ses belles filles qui n'ont rien à envier aux Parisiennes matraquées chaque samedi à Paris. Le rêve est tellement beau que l'on a peur du réveil. Que se passe-t-il?
L'Algérie est au bout du chemin; pourtant, elle devient du jour au lendemain, elle, qui a été marginalisée des années durant, un exemple à la fois du combat pacifique et du combat radical. Une élection présidentielle, qui devait se tenir le 18 avril prochain, est reportée à une date ultérieure par le président Abdelaziz Bouteflika à la suite du refus du peuple de le voir se présenter à un 5ème mandat. Le chef de l'État annonce une conférence nationale amorçant un consensus constituant sur lequel lui-même veillera alors que le peuple porte haut et fort la revendication d'une rupture radicale. «Et puis qui pilotera cette conférence nationale?», s'interroge Belaïd Abane dans L'Expression de mercredi dernier. Ajoutant que même ceux qui se considèrent comme représentants du peuple à tort ou à raison, mais aux ambitions politiques manifestes, ne doivent pas non plus figurer dans le projet de la transition exigée par le peuple. «Mais ceux-là ce sont les futurs candidats à la présidentielle. Ils ne peuvent pas être juges pour devenir ensuite parties», fait remarquer l'auteur de «Nuage noir sur la révolution».
Il faut souligner qu'engager le pays sur «la voie de la construction démocratique de l'Etat et de la société» exige au préalable de «réunir les conditions nécessaires à l'amorce d'un processus politique pour une transition démocratique», comme le rappelait à juste titre feu Hocine Ait Ahmed. Le chantier n'est pas des moindres puisqu'il s'agira de rompre avec toutes les pratiques néfastes et pernicieuses ayant cours jusqu'à présent: «Les pratiques de la hogra mensongère, des manipulations et de la peur.» Surtout que le peuple doit se fixer comme objectifs clairement exprimés la «séparation et l'équilibre des pouvoirs», «l'indépendance de la justice, la non-utilisation de la religion à des fins de restriction des libertés, le respect de tous les pluralismes, l'égalité entre hommes et femmes, le respect et la promotion des droits de la personne humaine et un système politico - administratif consacrant la démocratie décentralisatrice et participative».
Il y va de l'avenir du peuple algérien qui sait désormais qu'il est urgent d'éviter au pays le chaos en restant pacifique, mobilisé et surtout organisé. Les bribes d'auto-organisations qui prennent vie un peu partout ces jours-ci sans un gage de réussite de ce mouvement. Les comités d'étudiants, d'usines, des travailleurs en général, des femmes, des chômeurs, de quartiers, tout comme les syndicats d'ailleurs, seront là pour encadrer les manifestations et surtout prendre part directement au changement en cours et à la construction de la IIe République. Quant aux autres partis d'opposition, il est bien évident que c'est à eux maintenant de fabriquer l'avenir politique du pays.
Il ne peut en être autrement, la prochaine Assemblée constituante doit représenter tous les courants idéologiques et politiques qui traversent notre société. Et le peuple mobilisé à travers ses diverses formes d'auto-organisation jouera le rôle d'un double pouvoir pour éviter que la volonté populaire ne soit détournée à des fins inavouables. Il fera pression, nécessaire au changement et le guide dans cette voie de constructions démocratique et sociale.
Faut-il rappeler que lors des manifestations, des slogans appelaient à la neutralité de l'armée, à la fraternisation, à la sensibilisation des militaires du fait que nous avons le même sort et les mêmes intérêts. N'est-ce pas Ait Ahmed qui rappelait en visionnaire: «L'institution militaire, détentrice du pouvoir réel dans notre pays, est plus que jamais interpellée. Partenaire important de cette transition, elle doit s'associer à l'ensemble des étapes du processus et être garante du respect des engagements pris. Son retrait du champ politique doit être graduel et effectif.» C'est d'ailleurs ce que notait le FFS dans son projet de sortie de crise qu'il a élaboré en 2004. C'est tout un programme et toute une méthodologie que le peuple vient de redécouvrir dans la pratique des luttes quotidiennes, faisant preuve d'une maturité politique jalousée de par le monde.

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