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Ça frime à Rabat

Les Marocains se sont bien défoulés dans la capitale éthiopienne où vient de se tenir le dernier sommet de l'UA. Les rois adorent s'amuser. Et c'est ce qui fait que dans toutes les monarchies du monde, la Cour occupe une place privilégiée dans les moeurs des palais avec tout ce que cela suppose comme plaisirs, agapes et autres luxures des temps révolus.
Ainsi sont et demeurent les charmes de la monarchie.
Mohammed VI plastronne jusqu'à ravir les adulateurs d'Alexandre le Grand. Toute cette orchestration que l'on s'ingénie à présenter comme un phénomène médiatique provoqué par la présence, à elle seule, de Mohammed VI relève de la pure supercherie. Ce rôle de derviche tourneur est pathétique.
Des dirigeants africains trouvent ce spectacle infect. Affligeant.
Maintenant que le «tam-tam» africain, pour reprendre l'expression tant prisée de son défunt père, s'est tu, que reste-t-il de cette tragi-comédie qui s'est jouée dans une enceinte continentale où des présidents ferment encore les yeux- toute honte bue- sur la plus grande escroquerie. Elle a été perpétrée contre tout un peuple, voilà plus de quarante ans.
C'est parce que l'Algérie l'a voulu, que le Maroc a retrouvé sa place dans l'enceinte de l'UA. Mais ce retour ne sifflera guère le départ d'une nouvelle étape qui verra l'enterrement de la cause sahraouie. Des pays grands comme l'Afrique du Sud, le Nigeria, l'Angola ou le Zimbabwe ont montré des signes d'impatience et parfois de dégoût, pour appeler les choses par leur nom, en voyant le spectacle indécent de parade et de tout le zèle royal déployé pour saluer le retour d'un roi. Oublie-t-on que son pays a commis le plus grand des péchés depuis le départ des puissances coloniales du continent? On a sablé le champagne, rangé la vaisselle et les carcasses de bouteilles. Revient alors cette question lancinante: qu'allons-nous faire du peuple sahraoui? C'est maintenant que les choses sérieuses commencent pour le roi. Sa fiesta à Addis- Abeba est un épisode à classer dans les archives d'une organisation qui jusqu'ici ne s'est pas distinguée par des reniements à des causes sacrées pour lesquelles les peuples africains ont tout sacrifié. L'esclavage, l'apartheid et le colonialisme, voilà trois mots qui seront difficiles à faire oublier aux héritiers de Mandela, Sékou Touré, Modibo Keita, Jomo Kenyatta et de Ben Bella. Le roi n'a rien fait à Addis. Il a frimé. C'est tout, et cela ne mène pas loin. Les Marocains doivent le savoir à défaut de payer demain, à leur tour, un lourd tribut. Cette victoire à la Pyrrhus sonne déjà comme le glas d'une monarchie à la dérive car à l'avenir, on est en droit d'exiger plus de lisibilité politique pour les positions qui engageront désormais les pays africains. Même après quarante ans, le dossier du Sahara occidental n'est pas un produit périmé, il est toujours frais. Chaque session de l'Union africaine sera le témoin d'une bataille politique pour «dézinguer» un peu plus une monarchie qui vacille et qui doit sa seule survivance à l'aumône des monarchies pétrolières et au soutien du pré carré français en Afrique. Cette Afrique à laquelle le roi veut s'attaquer, est capable de lui pourrir la vie. Si l'on sait que le quart d'heure africain du roi est une séquence déjà enterrée, l'on prendra garde qu'après les mots ne viennent les coups. Le discours du roi et ses piques contre l'Algérie n'augurent rien de bon. Il porte en lui une évidence: ce discours ressemble à tous ceux que prononçait jadis son défunt père, Hassan II, lors de l'occupation du Sahara occidental. Dieu, comme c'est étrange! «Le singe n'est pas laid, il ressemble à son père» dit un proverbe africain.

De Quoi j'me Mêle

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