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Hacène Menouar, président de l’association El Amen, à L’Expression

«C’est en temps de crise qu’on arrive à faire de grands changements»

En réaction à la hausse des prix des produits alimentaires enregistrés ces derniers jours, le président de l'association El Amen, pour la protection des consommateurs, Hacene Menouar, est revenu, dans cet entretien sur les raisons qui ont engendré cette situation, mettant en avant l'impératif d'une restructuration profonde du marché et d'une remise en cause des modes de consommation.

L'Expression: Comment expliquez-vous la flambée des prix des produits alimentaires, survenue ces derniers jours?
Hacène Menouar: Il faut dire qu'on s'y attendait. Cette hausse des prix des produits de large consommation a commencé depuis déjà 2016 et la crise sanitaire n'a fait qu'accentuer le processus, et, bien sûr, beaucoup d'opérateurs profitent de certaines opportunités qui leur sont offertes dans ce contexte, ceci étant, la responsabilité est partagée, dans la mesure où la première cause revient aux perturbations des prix des matières premières sur les marchés internationaux. Cela est dû aux effets de la crise sanitaire qui est à l'origine de la fermeture d ‘un grand nombre d'usines, de pertes de beaucoup d'emplois, mais surtout la fermeture des frontières et la hausse des coûts de transport. Ceci d‘une part, par ailleurs, l'association considère que cela revient en grande partie au mensonge avec lequel on a vécu pendant 20 ans, où on nous disait qu'on avait de la production nationale en termes de produits agroalimentaire, notamment les pâtes, le couscous, le pain, le lait, sans préciser, que la plupart des intrants à la production de ces produits étaient importés de l'étranger. Donc, durant des années, les opérateurs n'ont pas été soumis à l'intégration, en dépit des avantages fiscaux et parafiscaux, et du foncier qu'ils ont reçu. Aujourd'hui, la situation a été dévoilée et le constat est désastreux. Nous avons un taux d'intégration significatif sur ces produits, nous continuons de les importer, entre-temps le dinar a dégringolé, et ce en plus des taxes. Je dirai que le gouvernement n'a pas été capable de gérer la situation financière du pays. Il n'a trouvé de ressources qu'auprès des consommateurs, en introduisant de nouvelles taxes et en augmentant certaines.

Autrement dit, les objectifs fixés en début de l'année 2020, relatifs à l'amélioration du niveau de vie du citoyen et de son pouvoir d'achat n'ont pas été atteints?
Pas du tout. Et nous l'avons mentionné au cours de notre conférence du 14 mars 2020, où nous avions tenu à remettre les compteurs à zéro. On s'est dit que nous n'allions pas demander des comptes à la nouvelle équipe gouvernementale, sur ce qui a été fait auparavant. Une année après, nous constatons, notamment en ce qui concerne le ministère du Commerce, que nous n'avons pas eu de nouvelles infrastructures inaugurées ni de marché d'ailleurs ni entamés, pas de nouveaux textes pour la protection du consommateur. De plus, il n'y a pas de régulation du marché qui est toujours soumis aux barons de la spéculation, à l'incertitude et à l'instabilité. Il faut dire que cela ne revient pas uniquement aux effets du Covid-19, car on a bien vu que dans d'autres pays, les gouvernements ont profité de cette période pour réaliser beaucoup de choses. Ce n'est pas le cas chez nous, où on aurait pu avancer sur le règlement de certains problèmes qui persistent, tels que le lait, qui est toujours emballé dans le même sachet, sur le même trottoir, avec la même chaîne et avec un prix supérieur

Pensez-vous que cela revient également à la résistance de certains responsables, au changement?
On aurait été satisfait, au moins de voir l'expression d'une bonne volonté. Celle-ci commence par la reconnaissance des faits et par la prise de décisions courageuses. À titre d‘exemple, on aurait souhaité voir le ministre de l'Industrie prendre la décision d'octroyer des agréments d'importation de véhicules neufs, en début d'année, ne serait-ce que pour répondre en partie à la demande nationale. Après on aurait pu avoir un début de redémarrage des usines avec de nouveaux cahiers des charges et même l'arrivée de nouvelles marques sur le marché. C'est pour dire qu'il y a un recul flagrant dans plusieurs secteurs.

Comment voyez-vous le dénouement de cette situation, et quelles sont, pour vous, les solutions adéquates?
Sincèrement, maintenant on est dans une situation où il n'y a pas grand-chose à faire. Le consommateur doit se prendre en charge d'une manière sérieuse, il doit profiter de cette situation pour maîtriser ses dépenses, il doit élaborer un plan de celles-ci, en mettant des priorités et qu'il s'abstienne de dépenses superflues. Il s'agit de réorganiser la consommation en Algérie. Et cela doit commencer par les factures d'eau et d'électricité, et notamment carburant, ensuite il faut se diriger vers une alimentation basique et saine. Il s'agit d'une culture de consommation et de la gestion des dépenses. Par ailleurs, les responsables politiques doivent prendre cette situation comme un ultimatum pour redresser la barre, car nous avons toutes les ressources. D'abord une main-d'oeuvre jeune et dynamique, les ressources souterraines, le climat. Il faudrait que cette crise nous apprenne à rationaliser nos consommations et il faudrait aussi mettre au pied du mur les responsables pour qu'ils aillent vers des visions scientifiques et des stratégies claires et efficaces, loin du populisme et du mensonge. C'est en temps de crise,qu'on arrive à faire de grands changements. 

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