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Tirs sur des manifestants au Nigeria

Une semaine après la fusillade de Lekki

Voici ce que l’on sait de cette fusillade qui a provoqué une indignation internationale et a été suivie par plusieurs jours d’émeutes dans le pays. Alors que des manifestations ont dégénéré dans plusieurs villes.

Des hommes armés en tenue militaire ont tiré le 20 octobre sur un millier de manifestants pacifiques réunis au péage de Lekki dans la mégalopole de Lagos, épicentre du mouvement de contestation de la jeunesse nigériane. Une semaine après, de nombreuses interrogations subsistent, notamment sur les responsables de cette attaque - l'armée, pourtant mise en cause, nie toute implication. Des doutes persistent aussi sur le nombre de victimes - le bilan oscille entre 2 et 10 morts selon les sources. Voici ce que l'on sait de cette fusillade qui a provoqué une indignation internationale et a été suivie par plusieurs jours d'émeutes dans le pays. Alors que des manifestations ont dégénéré dans plusieurs villes, le gouverneur de Lagos annonce vers midi un couvre-feu total imposé à partir de 16 heures dans la capitale économique. Le couvre-feu est ensuite repoussé jusqu'à 21 heures pour permettre aux Lagossiens de rentrer chez eux. A Lekki, des milliers de manifestants campent jour et nuit depuis le 8 octobre sur un gigantesque péage de huit voies, réclamant pacifiquement la fin des violences policières et, pour certains, la démission du président Muhammadu Buhari. Un millier d'entre eux décident de braver le couvre-feu et refusent de rentrer chez eux. Dans l'après-midi, des hommes portant un uniforme de l'entité en charge du péage retirent plusieurs caméras installées sur les lieux, selon plusieurs témoignages de manifestants et des photographies. «Selon l'un de ces employés, les caméras étaient démontées pour éviter qu'elles ne soient vandalisées», a raconté à l'AFP Clara (un nom d'emprunt), une des organisatrices du rassemblement. Ax alentours de 18h je suis allée voir les employés du péage pour leur demander d'allumer les lumières», poursuit la jeune femme de 24 ans.Ils ont refusé et dit «que leur employeur leur avaient demandé de ne pas les allumer à cause du couvre-feu. Je les ai suppliés encore et encore, et c'est à ce moment-là que les tirs ont commencé».
Entre 18h45 et 21h00, des soldats de l'armée nigériane ouvrent le feu sur les manifestants, accuse l'ONG Amnesty International à partir des témoignages de manifestants et de vidéos prises sur les lieux. Des images analysées par le laboratoire de recherche américain Digital Forensic Research lab (DFRLab) montrent que des hommes portant l'uniforme de l'armée nigériane (béret vert et écusson rouge de l'armée) ont bien ouvert le feu au dessus de la foule. D'autres vidéos montrent plusieurs personnes en sang transportées par des civils en présence d'hommes en tenue camouflage.»J'ai vu cinq voitures militaires chargées d'hommes en tenue de camouflage, deux devant et trois derrière. Ils tiraient», a assuré un témoin, Clara. Dans la soirée, l'armée, qui dépend du gouvernement fédéral, nie sur Twitter être responsable de cette fusillade et parle de «Fake news». Mais le gouverneur de Lagos, Babajide Sanwo-Olu, affirme que des vidéos enregistrées par des caméras installées sur le péage montrent «des hommes en uniforme militaire» tirer. «Oui, ils étaient là, c'est ce que les vidéos montrent», répond-il à une journaliste de la chaine américaine CNN. Le gouvernement nigérian n'a toujours pas donné de bilan officiel. Au lendemain de l'attaque, les autorités de Lagos avaient affirmé qu'aucun manifestant n'était mort mais que 25 personnes avaient été blessées. Plus tard, le gouverneur a finalement annoncé que deux personnes avaient péri. Ce bilan est bien inférieur à celui communiqué par Amnesty International, qui affirme qu'au moins 10 manifestants ont été tués. «Certains cadavres et des personnes blessées auraient été emmenés par l'armée», soutient également l'ONG. Selon plusieurs témoins, les forces de sécurité auraient également empêché les ambulances d'accéder au péage dans les premiers moments de la fusillade.
Le président nigérian, ancien général putschiste dans les années 1980 réélu en 2015 et 2019, n'a pas réagi aux accusations qui se multiplient contre l'armée. Il a affirmé dimanche vouloir «éviter d'entrer dans un débat», tant que «tous les faits n'avaient pas été établis». Le gouverneur de Lagos a annoncé l'ouverture d'une enquête. Une chambre judiciaire, chargée d'enquêter sur les abus policiers en général et sur la fusillade de Lekki, a commencé à siéger mardi. Cette enquête devra répondre à de nombreuses questions et notamment de savoir si cette attaque a été préméditée, qui en a donné l'ordre et quelle unité des forces de sécurité a agi. Si les caméras de surveillance et l'éclairage ont été délibérément éteints, cela «suggère que cette attaque (...) était préméditée, planifiée et coordonnée», a affirmé la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet. Sans réponse, «nous retournerons dans la rue» prévient Leo Dasilva, très engagé dans la contestation. Et d'ajouter: «Ils ne peuvent pas tous nous tuer.»

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