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Proposé par Ennahdha comme chef du futur gouvernement tunisien

Le pari hasardeux de Habib Jomli

Ennahdha s’est fendu d’un communiqué dans lequel le parti islamiste vante les qualités de Habib Jomli, un « indépendant, compétent dans les domaines économique, financier et agricole » et il est « intègre ».

Proposé par Ennahdha et chargé par le président Kaïs Saiëd de composer le nouveau gouvernement, Habib Jomli a entamé sa longue quête pour réussir le pari d’une équipe technocrate, sans lien avéré avec les formations politiques et capable de réussir le pari de la relance économique dont a besoin la Tunisie.
Un pari audacieux, quand on sait que le chef du gouvernement virtuel a été imposé par Rached Ghannouchi, contre vents et marées, aux membres du Majliss Echoura, majoritairement en faveur de leur pair Zied Ladhari que le chef du parti islamiste veut garder en réserve pour le cas où un échec cuisant serait imputable à Ennahdha. Jomli a beau affirmé, la main sur le cœur, qu’il est un indépendant, choisi pour sa compétence et son intégrité – ce sont les propres thèmes de Rached Ghannouchi – nom-breux sont les partis et les associations mais aussi les citoyens qui en doutent fortement. Il faut dire que pour sa première interview, Jomli leur a apporté de l’eau au moulin en choisissant comme média la chaîne El Jazeera dont tout le monde connaît la feuille de route.
Dans le même temps, Ennahdha s’est fendu d’un communiqué dans lequel le parti islamiste vante les qualités de Habib Jomli, un « indépendant, compétent dans les domaines économique, financier et agricole » et il est « intègre ». Des raisons que Ennahdha juge nécessaires et suffisantes pour appeler les autres formations politiques et sociales à participer activement aux tractations en vue de dégager une équipe gouvernementale capable de relever les défis auxquels fait face la Tunisie. Chômage, croissance poussive et endettement extérieur massif hypothèquent, en effet, les efforts du pays malgré les fortes attentes d’une jeunesse qui s’est mobilisée durant la campagne présidentielle en faveur de Kaïs Saïed et qui attend le retour d’ascenseur.
C’est dire la tâche qui attend le virtuel chef de gouvernement, sachant qu’il dispose d’un mois pour soumettre son équipe au vote de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), auquel cas l’adhésion d’un parti comme Qalb Tounes sera décisive. Or, Nabil Karoui n’a pas obtenu gain de cause quand il a proposé le ministre des Finances sortant, Fadhel Abd el Kefi, comme chef du gouvernement, pas plus d’ailleurs que le poste de ministre d’Etat.
Le deal sera-t-il sauvegardé malgré les couacs ? La réponse est attendue avec intérêt par les partis et les associations qui soupçonnent Ennahdha de vouloir instrumentaliser les partenaires, sans grande concession ou contrepartie. Et de se demander à quoi on joue sous la coupole du Bardo où Rached Ghannouchi, en sa qualité de nouveau président de l’ARP, conduit les tractations plus ou moins secrètes et façonne le visage de la nouvelle législature. Car beaucoup d’électeurs se disent déçus de la tournure des évènements, au lendemain du pacte conclu entre Ennahdha ( 52 sièges ) et Ghannouchi, d’une part, et Qalb Tounes ( 38 sièges ) et Nabil Karoui, d’autre part, auxquels est venu se greffer El Karama ( 21 sièges ), une coalition islamiste déjà ancrée dans les bassins d’Ennahdha. Une entente plus circonstancielle que de conviction et qui risque de voler en éclats au moindre coup de vent dans l’hémicycle du Bardo, malgré toute la science manœuvrière de Rached Ghannouchi. Déjà, El Karama n’a pas hésité à affirmer qu’il n’entrera pas dans un gouvernement au sein duquel il y aurait des représentants de Qalb Tounes. Sans doute est-ce là reculer pour mieux sauter, un exercice que Nabil Karoui a pratiqué avant eux en excluant, lui aussi, toute discussion avec Ennahdha durant la campagne des législatives et celle de la présidentielle. Mais la politique a ses raisons que la raison ne connaît pas. Aussi, le futur gouvernement sera-t-il un échiquier insolite et jetable à l’emporte-pièce, auquel cas la Tunisie devra encore attendre quelque temps le lever du jour.

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