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Election présidentielle en Tunisie

Le pari de la transparence

Au-dessus de tout ce beau monde, plane l’ombre du défunt président Béji Caïd Essebsi qui a incarné, depuis 2014, la symbolique bourguibienne et imposé le sceau d’une politique moderniste, nourrie à la sève de l’homme providentiel.

En ce mois d’août particulièrement suffocant, la Tunisie a le regard braqué sur les péripéties de la prochaine élection présidentielle pour laquelle le nombre de candidatures a frôlé les 100 ! Signe de l’inconséquence d’un bon nombre des prétendants qui voient dans ce scrutin une sorte de tombola et font fi de toutes les exigences du parcours, à commencer par celui du dossier soumis à l’examen impartial de l’ISIE. Ils étaient des dizaines à n’avoir ni parcours politique ni projet et encore moins un programme : leur but ? Entendre leur nom, par-ci par-là, et prendre ainsi date pour des joutes plus ouvertes. L’ ISIE a donc remis les pendules à l’heure, ramenant à 26 le nombre de candidatures validées, dans l’attente des recours qui devraient intervenir incessamment. Dans la même dynamique, elle a rendu publique, hier, la liste des parrainages dont ont bénéficié tous les candidats retenus, offrant pour la première fois à l’ensemble des citoyens tunisiens la possibilité de vérifier par eux-mêmes s’ils n’ont pas été victimes d’un parrainage à leur insu. L’heure de la transparence a donc sonné et les leçons du scrutin de 2014 au cours duquel on a observé que de multiples « affaires » scabreuses ont bel et bien été tirées. On peut dire que, sur ce plan, la Tunisie démontre, dans les faits, qu’elle est bien à l’avant-garde de la gouvernance démocratique, n’en déplaise aux esprits chagrins qui s’évertuent à réduire ses avancées.
Pour ce qui est du paysage avant la bataille, il semble bien que la totalité des écuries politiques se caractérise par un dénominateur commun, celui des visions étriquées et des ego surdimensionnés. Ainsi, des partis comme Machrou Tounes et Al Badil avaient-ils annoncé avec tambour et trompette leur alliance, cela n’ a guère empêché leurs leaders respectifs de se précipiter dans la course à Carthage sans craindre l’effet prévisible de la dispersion. Ne parlons pas de Nidaa Tounes, totalement éclaté en factions diverses et rivales dont les balbutiements seraient pathétiques s’ils n’exprimaient le râle de partis mort-nés. Au-dessus de tout ce beau monde, plane l’ombre du défunt président Béji Caïd Essebsi qui a incarné, depuis 2014, la symbolique bourguibienne et imposé le sceau d’une politique moderniste nourrie à la sève de l’homme providentiel. Autant dire que la Tunisie est, désormais, doublement orpheline de tout ce qui a fait, jusqu’alors, son originalité et sa réussite.
Certes, on trouve parmi les candidats quelques ténors qui ont côtoyé le président Essebsi et qui appartiennent, plus ou moins, à cette même génération. Mais leur expérience politique ne s’est pas enrichie d’une aptitude à la concession et tous se considèrent comme l’unique héritier légitime. Face à eux, le parti islamiste Ennahdha, de Rached Ghannouchi, qui a perdu plus d’un million de voix, lors des dernières municipales, mais demeure la force dominante en Tunisie et joue la carte de l’attentisme. Faute d’accord avec plusieurs candidats putatifs, Rached Ghannouchi a choisi de laisser courir son compère, Abdelfatah Mourou, avec la double arrière-pensée de peser de tout son poids sur le vainqueur du deuxième tour et surtout de verrouiller l’Assemblée des représentants du peuple, un mois plus tard, à l’occasion des législatives. Il aura la partie d’autant plus facile que, dans leur aveuglément et l’euphorie anesthésiante de leur ego, les autres candidats auront d’eux-mêmes sacrifié les alliances dont ils pouvaient se prévaloir.
Ceci est surtout valable pour le candidat de Tahya Tounes, Youssef Chahed, qui va, sans doute, réaliser combien il est difficile de succéder à une personnalité comme Béji Caïd Essebsi. En attendant, on apprend que la Haica a désormais les mains libres, elle aussi, pour obtenir de la Banque centrale tous les documents relatifs aux transactions financières des radios et télévisions privées. Et, bien sûr, cela n’a rien à voir avec le hasard...

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