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Nouvelle tragédie au Liban

La catastrophe de trop

Des soubresauts ponctuels malmènent le relatif équilibre, assuré par la reconstruction, et la vulnérabilité durable de l'Etat face aux crises qui secouent la région depuis plusieurs années.

Impuissants, des milliers de Libanais sont descendus, ces derniers mois, dans la rue pour clamer leur détresse et mettre en garde contre une situation porteuse de l'effondrement final du pays. Avec une précarisation grandissante qui touche de plus en plus de catégories sociales, y compris celles qui étaient jusqu'alors prémunies, le Liban naviguait à vue. Les explosions meurtrières et dévastatrices du port de Beyrouth, sont la catastrophe de trop, pour une société en proie à un véritable naufrage économique et toujours porteuse des ingrédients inaltérables qui avaient présidé à une guerre civile de plus de quinze ans (1975-1990), avant que les accords de Taëf ne viennent y mettre fin. Un conflit qui avait fait entre 130 000 et 250 000 victimes et qui vit l'émergence de plusieurs milices armées autonomes dont les violences ont retardé l'effort de reconstruction nationale.
Depuis son avènement en 1920, le Liban est un pays multiconfessionnel. De par les vicissitudes de l'Histoire, les communautés marginalisées se sont retrouvées dans les montagnes, à l'époque des empires byzantin, omeyyade, abasside, mamelouk puis ottoman. Le littoral était ainsi occupé par les communautés dominantes, les rapports entre l'appartenance communautaire et la représentation politique ayant duré jusqu'à l'émergence du système confessionnel imposé par le colonisateur français. Voilà pourquoi le pays compte actuellement pas moins de dix-sept communautés qui ont chacune un droit privé spécifique. Au sein de la communauté chrétienne, les maronites sont majoritaires. Face à eux, se trouvent les communautés chiite et sunnite mais aussi la communauté druze (entre 5 et 7% de la population totale). Fondé sur un système essentiellement clanique, le Liban ne voit apparaître de véritables partis, au sens moderne du terme, que dans les années 1950, avec le Parti socialiste progressiste de Kamal Joumblatt, un notable druze, ou le parti chrétien Kataëb (Phalanges) de Pierre Gemayel, fort en 1985 de 80 000 adhérents et organiquement calqué sur les partis fascistes européens. L'arrivée des Palestiniens, chassés de leurs terres par l'envahisseur sioniste, dès 1948, va bouleverser quelque peu la donne libanaise et radicaliser davantage l'antagonisme entre les communautés musulmanes et chrétiennes. Le 3 novembre 1969, sous l'égide du président égyptien Nasser, un accord est signé par Yasser Arafat et le général Emile Boustani sur le droit des Palestiniens à mener leur lutte contre l'Etat hébreu depuis les camps établis au Liban. Les prémices d'une guerre sans merci entre les communautés musulmanes et chrétiennes sont là qui donnent libre cours aux violences dont naîtra la guerre civile, À l'automne 1989, un comité composé du président Chadli Bendjedid, du roi Hussein de Jordanie et du roi Fahd d'Arabie saoudite obtient le cessez-le-feu qui permettra à l'Assemblée nationale libanaise de statuer sur la réconciliation à Taëf, en territoire saoudien. Depuis lors, le Liban a sans cesse vécu des soubresauts et des affrontements larvés qui découlent de cette distribution des rôles et des droits entre les diverses communautés présentes. Le déplacement de 900 000 personnes à cause du conflit a eu des incidences sur l'effort de reconstruction, le pays ayant perdu une grande partie de ses atouts intérieurs et extérieurs. Des soubresauts ponctuels malmènent le relatif équilibre assuré par la reconstruction et la vulnérabilité durable de l'Etat face aux crises qui secouent la région depuis plusieurs années. La brutale dégradation de l'économie, expliquée par une corruption vertigineuse des élites, a de nouveau précipité le Liban dans une agitation sociale critique en 2019 et les signes persistent qui montrent que le pays du Cèdre aura encore bien des épreuves à affronter dans les mois qui viennent. La précarisation grandissante va exploser avec les explosions de mardi soir, au port de Beyrouth, compte tenu des destructions sans précédent et des milliers de personnes qui se retrouvent du jour au lendemain dans la rue. Le séisme a saturé les hôpitaux, déjà éprouvés par le Covid-19, au moment où la monnaie endure une dégringolade historique et où la flambée des prix s'ajoute aux nombreux licenciements massifs. 

Annaba a connu un drame similaire

Le 23 juillet 1964, aux environs de 22 h, le cargo Star of Alexandria explosait dans le port algérien de Annaba. Un jour macabre, tragique et dramatique, où la forte explosion qui avait secoué la ville avait fait 400 victimes (morts et disparus), ainsi que des milliers de blessés. En plus des pertes humaines, l'explosion avait causé la «disparition» de plus de 400 tonnes d'armements et de munitions et des pertes financières de plus de 20 millions de dollars. La déflagration a touché un bateau bourré d'armements et de munitions mouillant au port. La quasi-majorité des victimes était des dockers réquisitionnés pour le déchargement. L' explosion était d'une telle force qu'elle a été entendue à des dizaines de kilomètres alentour. Le bateau avait pris feu, rendant le port  «lumineux» de très loin et la ville de Annaba était couverte par un gros nuage noir. L'avant du bateau a été retrouvé à des centaines de mètres du port, touchant l'hôpital Ibn-Sina. D'autres débris ont été retrouvés à 3 kilomètres du lieu de la déflagration. Le lendemain-même, le président Ahmed Ben Bella, accompagné de son ministre de la Défense, le colonel Houari Boumediene, s'était déplacé sur les lieux. Les autorités algériennes avaient conclu à l'attentat. Page Facebook de Farid Belatrache

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