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Présidentielle en Tunisie

L’affaire Karoui est politisée

Le candidat à la présidentielle en Tunisie Nabil Karoui est soupçonné de «blanchiment d’argent» et incarcéré depuis fin août dans le cadre d’une enquête portant sur les flux d’argent au sein de son groupe de publicité et médias. Voici ce que l’on sait de cette affaire.
- Saisie du procureur :
L’affaire démarre en 2016, lorsque l’ONG de lutte anticorruption I-Watch saisit le procureur de la République et dépose un dossier concernant Nessma TV, Mais, le 8 juillet 2019, alors que Nabil Karoui est devenu un candidat de poids à la présidentielle, son frère et lui sont inculpés pour blanchiment et fraude fiscale. Le juge d’instruction au pôle judiciaire financier décide de geler leurs biens et de leur interdire de voyager. Nabil Karoui fait appel contre ces mesures auprès de la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Tunis, qui décide en réponse de placer les deux frères en détention préventive. Si Nabil Karoui est en prison, son frère Ghazi a disparu, bien qu’il ait été élu député dimanche.
- Chefs d’accusation :
Selon une décision de justice de septembre, Nabil Karoui est poursuivi «pour blanchiment d’argent récurrent et pour avoir profité des facilités procurées par les spécificités de sa fonction». M. Karoui, fondateur de Nessma en 2002, en a officiellement quitté la direction en 2016. Il est accusé d’avoir «intentionnellement préparé des faux comptes et de faux documents de comptabilité visant à diminuer, complètement ou partiellement, les impôts ou à profiter d’avantages fiscaux». Selon le même document, M. Karoui «a effectué des opérations aboutissant au transfert de biens à autrui dans le but d’éluder le remboursement de dettes fiscales», ainsi que des opérations «de fraude et complicité de fraude». Selon les éléments déposés par I-Watch en 2016, une SARL au nom de Nessma Broadcast présentait alors un découvert bancaire croissant et des revenus largement inférieurs aux revenus publicitaires estimés par les instituts de mesures d’audience. Mais, au même moment, une société anonyme, Nessma, détentrice du capital de la chaîne, récoltait les bénéfices —plus d’un million d’euros par an— permettant aux actionnaires d’échapper aux impôts tunisiens. De son côté, après des années d’opacité, Nessma a fini par dévoiler fin septembre la composition de son capital. Le groupe a confirmé être détenu par la holding luxembourgeoise Nessma SA. Il a précisé que 34,12% de la holding appartenaient à Mediaset, groupe de médias de l’ex-Premier ministre italien Silvio Berlusconi, 40,89% à l’homme d’affaires et producteur Tarak Ben Ammar et 24,99% au groupe Karoui et Karoui. Nessma assure que cette SA n’a perçu aucun revenu ni distribué de dividendes à ses actionnaires, qui ont apporté 47,9 millions d’euros à la holding. Au contraire, les actionnaires «ont dû accorder des prêts» pour «garantir la viabilité de la chaîne», déficitaire, souligne Nessma dans un communiqué publié le 30 septembre, ajoutant que le retard d’impôts s’explique par ces «difficultés de trésorerie». Soupçonné de «faits sérieux et graves», Nabil Karoui aurait pu être placé en détention préventive «dès le début», lors de l’ouverture de l’enquête au pôle judiciaire financier en 2017, a estimé un responsable judiciaire. Le fait qu’il ait été incarcéré par la chambre d’accusation est une procédure «rare dans la pratique» dans la justice tunisienne, bien que légale, a expliqué une source judiciaire. C’est habituellement le juge d’instruction chargé de l’enquête qui place un suspect en détention préventive. «Cette détention préventive sur décision de la chambre d’accusation montre la politisation de l’affaire», assure la même source.

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