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Des mots et des maux autour des caricatures offensantes du prophète

Dérapages contrôlés

Rien ne va plus entre Paris et Ankara. Après les échanges aigre-doux sur la crise en Méditerranée orientale où la Turquie entend faire valoir sa souveraineté sur des zones riches en hydrocarbures, malgré les protestations de la Grèce et de Chypre, membres de l'Union européenne, voilà que le différend se déplace sur les sables mouvants de l'islamisme et de la rhétorique des groupes extrémistes qui s'en prévalent. Lors de la journée en hommage à l'enseignant décapité pour avoir exhibé les caricatures du prophète Mohamed (SAWS), le président français Emmanuel Macron a déclaré «Samuel Paty est devenu, vendredi, le visage de la République, de notre volonté de briser les terroristes, de réduire les islamistes, de vivre comme une communauté de citoyens libres dans notre pays, le visage de notre détermination à comprendre, à apprendre, à continuer d'enseigner, à être libres, car nous continuerons, professeur. Nous défendrons la liberté que vous enseigniez, si bien, et nous porterons haut la laïcité. Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d'autres reculent. Nous offrirons toutes les chances que la République doit à toute sa jeunesse, sans discrimination aucune».
propos qui ont remis à vif une déclaration antérieure sur le «séparatisme islamiste» et le projet de loi relatif à la «structuration» de l'Islam en France. Il n'en fallait pas plus pour irriter le président turc.
Recep Tayyip Erdogan a, de nouveau, tempêté, avant-hier: «Tout ce qu'on peut dire d'un chef d'Etat qui traite des millions de membres de communautés religieuses différentes, de cette manière, c'est: «Allez d'abord faire des examens de santé mentale». Ce commentaire «inacceptable» a, évidemment, déplu à l'Elysée qui a, aussitôt, rappelé son ambassadeur.
Mais plusieurs autres pays arabes et musulmans ont dénoncé les propos du président français, y voyant une offense envers l'Islam et les musulmans. Dans des pays comme le Qatar et le Koweit, un boycott des produits français aurait été engagé. Dans la Tunisie voisine, les appels, en ce sens, se sont multipliés sur les réseaux sociaux, ces jours derniers. Dans un tel contexte, un haut responsable de la Présidence turque, Fakhredine Altun, a déclaré: «certains dirigeants européens, aujourd'hui, ne visent pas seulement les musulmans parmi eux. Ils attaquent nos valeurs et nos textes sacrés, notre prophète et nos dirigeants politiques - tout notre mode de vie». «La politique insidieuse des caricatures offensantes, des accusations de séparatisme contre les musulmans et des perquisitions de mosquées ne sont pas liées à la liberté d'expression», affirme-t-il en anglais, sur Twitter. Et au Pakistan, le Premier ministre Imran Khan a jugé, hier, qu'Emmanuel Macron «aurait pu jouer l'apaisement et refuser l'espace aux extrémistes plutôt que de créer une polarisation et une marginalisation supplémentaires qui conduisent inévitablement à la radicalisation».
Imran Khan ajoute qu'«il est regrettable qu'il ait choisi d'encourager l'islamophobie, en s'attaquant à l'Islam plutôt qu'aux terroristes qui pratiquent la violence, qu'il s'agisse de musulmans, de tenants de la suprématie blanche ou d'idéologues nazis».
De fait, nul n'est censé ignorer qu'en Islam, la représentation de tous les prophètes constitue un véritable sacrilège. Ainsi, le ton n'est-il plus à la discorde mais à l'invective. Or, les propos qui servent à jeter de l'huile sur le feu ne devraient pas alimenter le brasier dont se nourrit l'extrême droite européenne et, plus particulièrement, française. A Béziers, Robert Ménard, ancien dirigeant de Reporters sans frontières, puis élu maire de la ville sous étiquette du Rassemblement national de Marine Le Pen, n'a pas raté l'occasion de siphonner davantage de voix, affichant, dans les rues, les lamentables caricatures du prophète de l'Islam. Plus opportuniste que lui, tu meurs. Mais on ne saurait lui reprocher d'user et d'abuser de la conjoncture, exacerbée par le meurtre abominable de l'enseignant Samuel Paty. Tout au plus, devrait-on craindre que son exemple ne fasse tâche d'huile et que les adeptes du RN ne trouvent, dans ce dialogue de sourds, le ferment de leur montée en puissance exponentielle. C.B.

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