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Un torrent libanais

Les Libanais croyaient avoir tout perdu. Au lendemain des explosions qui ont détruit une partie du port de Beyrouth, ils découvrent, effarés, que le tribut du sang est loin d'être terminé. Aux milliers de jeunes de familles, de retraités qui battent le pavé depuis la révolution d'octobre, le système a opposé une inébranlable détermination à garder le cap, malgré les revendications d'un changement profond des structures législatives et étatiques. Le temps de la douleur va donc continuer, on l'a bien vu avec les toutes dernières manifestations de colère qui ont transformé la place des Martyrs en une sorte de forteresse où les gaz lacrymogènes ont répondu aux cris de révolte. Le bras de fer dure depuis de longs mois, il s'est, à peine, estompé à cause de la crise du nouveau coronavirus. Mais voilà que la tragédie du port vient ressusciter les vieux démons qui travaillent, sournoisement, à la dislocation de l'identité libanaise, il est vrai soumise à de terribles défis. Dans cette marée montante, le chef de l'Etat, Michel Aoun, semble de plus en plus seul, alors que, tapis dans l'ombre, diverses forces tentent de jouer leur propre partition et de tirer les marrons du feu. C'est ainsi que le gouvernement Hassan Diab, péniblement sorti de la nasse parlementaire spécifique au pays du Cèdre, est à deux doigts de succomber, non sans avoir essayé de survivre par tous les moyens. Plus exigeantes, des forces politiques, habituées à la surenchère et au chantage permanent, veulent abattre l'actuel Parlement dans le fol espoir de réduire le poids et le rôle du Hezbollah et du parti de Nabih Berri. On devine qu'ils ne sont pas seuls à caresser cette dynamique mais se rendent-ils compte à quel point elle pourrait se révéler explosive? Pris dans les vents contraires qui balaient toute la région, le Liban ploie, depuis des décennies, et c'est, déjà, un miracle qu'il n'ait pas rompu. Le peuple, lui, est las des appétits féroces qui président au partage du gâteau, réservé à d'inamovibles dynasties, et il se bat pour l'émergence d'un Etat fondé, non sur les ethnies et les cultes, mais sur la seule légitimité populaire. Y parviendra-t-il? Rien n'est moins sûr. Pourtant, il n'y a plus aucune autre alternative et les chefs de clans qui oeuvrent, sans cesse, à maintenir le pays sous leur coupe réglée devraient se méfier de la violence du torrent dont on voit, jour après jour, depuis des mois et des mois, qu'il ne cesse de gronder et de s'étendre.

De Quoi j'me Mêle

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